« Les choix du président sont dans la continuité de ceux de Jaurès », avance M. Henri Nallet, président de la Fondation Jean-Jaurès, dans une vidéo diffusée sur le site de l’Élysée. Cette fondation, présidée par un ancien ministre socialiste devenu cadre pour les laboratoires Servier et dirigée par le communicant Gilles Finchelstein (Havas Worldwide), est officiellement chargée d’orchestrer les célébrations du centenaire. Elle est la seule habilitée à décerner le label « 2014, année Jaurès » à toutes sortes d’initiatives, en particulier celles qu’elle a impulsées : des expositions, des conférences, des pièces de théâtre, un flambeau itinérant qui parcourt les villes du Tarn, un « cabaret Brechtien »… Notoirement proche du PS, elle participe à l’entreprise lancée par M.Hollande et son entourage, qui peuvent également compter sur le soutien de multinationales. Ce spectacle « socialiste » de l’année, piloté par l’ancien ministre Paul Quilès et intitulé « Une voix pour la paix », est ainsi sponsorisé par Veolia, LVMH, Eiffage, Vinci ou encore Orange…
La continuité entre le fondateur de L’Humanité et l’actuel président de la République n’a pourtant rien d’évident, pour le moins… Pour le premier, « le Parti socialiste est un parti d’opposition continue, profonde, à tout le système capitaliste, c’est à dire que tous nos actes, toutes nos pensées, toute notre propagande, tous nos votes doivent être dirigés vers la suppression la plus rapide possible de l’iniquité capitaliste » (Lille, 26 novembre 1900). »
Mais pour le second, en 2012 c’était: « La gauche a été au gouvernement pendant 15 ans au cours desquels nous avons libéralisé l’économie, ouvert les marchés à la finance et aux privatisations » (Le Monde 29-02-2012) »
On est bien loin de Jaurès: « D’accord avec l’Internationale ouvrière qui devient la plus grande force morale du temps présent, d’accord avec les travailleurs et les vrais démocrates de tous les pays, nous préparerons la réconciliation des peuples, le rapprochement de la France, de l’Angleterre et de l’Allemagne, l’achèvement de l’arbitrage international dans tous les conflits, un régime de garantie et d’autonomie pour toutes les populations opprimées par le droit barbare de la conquête, et enfin le désarmement progressif et simultané de toutes les nations qui pourront disposer pour des œuvres de vie et de paix des forces immenses d’argent et d’hommes dévorées maintenant pour la préparation de la guerre. » (profession de foi pour les législatives de 1914)
En 1907, par exemple, il se bat pour « la résolution qui sera, j’en suis sûr, adoptée au prochain Congrès International Socialiste : le Congrès déclare que les mandataires socialistes ont le devoir de s’opposer dans tous les parlements à ce régime d’exploitation à outrance et de servage qui sévit dans toutes les colonies, en exigeant des réformes pour améliorer le sort des populations, en veillant au maintien de leurs droits, en empêchant toute exploitation et tout asservissement, et en travaillant à l’éducation de ces peuples pour l’indépendance.»
Textes issus du Monde Diplomatique de Juillet 2014 et du site « jaures.eu »
Le NPA d’Orléans, invité par le PCF, n’a pas tenu à s’associer à l’initiative du 31 juillet.
L’histoire est passée et personne ne peut tirer à lui la dépouille de Jaurès surtout en la rapprochant de la guerre de 1914, déclenchée quelques jours seulement après sa mort.
Orléans le 21 août 2014