Des grèves spontanées sont parties ce 25 mai de nombreux ateliers de la SNCB : Malines, Merelbeke (Gand), Ostende, Hasselt, Kinkempois, Cuesmes, Salzinnes, Forest et Schaerbeek. C’est un mouvement très large, tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles. Cette grève arrive dans un contexte où la coupe est pleine pour l’ensemble du monde du travail qui se met en mouvement contre la réforme du travail de Kris Peeters.
Les 3 milliards d’euros d’économies dans la SNCB, la diminution du personnel, la hausse de 20 % de la productivité qui se rajoute aux hausses de productivité qui ont déjà eu lieu ces dernières années provoquent une colère très profonde parmi les cheminots.
Dans les ateliers où ont démarré les grèves, les travailleurs ne peuvent plus faire leur travail correctement, en raison du manque de personnel et de matériel. Les trains sont donc mal entretenus et réparés, ce qui provoque des retards. Les cheminots sont aussi inquiets de l’ensemble du Plan Galant, et du futur contrat de gestion. Selon des fuites dans la presse au mois de mars, le gouvernement prévoit de supprimer des trains tôt le matin et en soirée, augmenter les tarifs, délaisser les gares rurales, supprimer les accompagnateurs de train. Une situation inacceptable pour les usagers et les cheminots. La pression du travail a fortement augmenté ces derniers mois.
Via des tracts distribués à des dizaines de milliers d’exemplaires et un site Internet didactique (www.trainopoly.be), les syndicats de cheminots avaient informé les usagers de la situation.
Récemment, le gouvernement fédéral en a encore rajouté une couche. Il a décidé en avril de s’attaquer au montant de la pension de l’ensemble des agents des services publics. Différentes mesures (suppression des tantièmes préférentiels, fin de la pension mixte, calcul de la pension sur une carrière plus longue) feront travailler les cheminots jusqu’à 9 ans en plus et faire perdre jusqu’à 300 € nets de pension par mois. La pension des fonctionnaires est nivelée vers le bas au niveau de la pension du privé. Or ces dernières sont bien trop basses. Près d’une personne âgée sur cinq en Belgique vit sous le seuil de pauvreté. Pour les cheminots, cela ne passe pas.
Une goutte qui fait déborder un vase bien rempli
Ce qui a mis le feu aux poudres ce matin est une circulaire qui supprime un certain nombre des jours de récupération. Les cheminots travaillent 36 heures par semaine en moyenne, mais prestent en réalité 40 heures. Les heures supplémentaires sont récupérées. Ce sont une partie de ces jours-là que la direction a décidé unilatéralement de supprimer, avec effet rétroactif : cette mesure, officiellement annoncée cette semaine rentre en vigueur au 1er janvier 2016. Les cheminots perdent donc quelques jours de congé. A Gand, certains cheminots pensionnés vont ainsi devoir revenir travailleur quelques jours pour compenser la perte de leurs jours de récupération. Cette mesure était passée en force le 16 décembre dernier mais avait été mise au frigo, notamment pour ne pas attiser la colère et en attendant la décision du Conseil d’Etat à ce propos.
Ce mercredi 25 mai, 250 travailleurs des ateliers de Forest et de Schaerbeek se sont rassemblés devant le siège de la SNCB, près de la Gare de Bruxelles-Midi, où se tenait une conciliation d’urgence.
La réunion de conciliation qui a eu lieu aujourd’hui n’a rien donné. La direction refuse de revenir sur cette mesure. Pour le front commun syndical, « Malgré les propositions alternatives formulées, les directions ont refusé de retirer les mesures qui suscitent la colère des travailleurs. Suite à son intransigeance, la direction des Chemins de fer belges porte à elle seule la responsabilité du conflit actuel et de la rupture du dialogue social » (communiqué de presse du front commun syndical).
Les cheminots continuent donc leur mouvement de grève demain, et elle sera suivie dans tout le pays. Signe de la profondeur de la colère, elle sera élargie au personnel roulant.