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REFORME DES LYCEES PRO : Région Centre Val de Loire : les élu.es écolos retoquent la subvention à l’Ecole de la production alors qu’en catimini pour éviter une « casserolade » au Lycée d’Ingré, la ministre Carole Grandjean est venue défendre la réforme des lycées professionnels

Lors de la dernière réunion de la commission permanente du Conseil régional, les élu.es du groupe Ecologie et Solidarité ont obtenu le report du vote d’une subvention de 300 000 € à l’Ecole de la production de Salbris. Pour les élu.es verts, le modèle de ces « Ecoles de production », encouragées par le gouvernement, s’inscrit dans une logique de privatisation de la formation initiale professionnelle. Ils s’en expliquent dans un communiqué.

Communiqué

“[…]Des organismes publics proposent des filières professionnelles équivalentes ou proches dans les environs immédiats ainsi qu’ailleurs dans la région avec un encadrement qualifié. La dimension de formation générale dans les Ecoles de production est de plus fortement limitée, sans commune mesure avec les exigences des lycées professionnels, qui ont pour objectif de former des citoyens éclairés et des professionnels capables de s’adapter à l’évolution des métiers d’aujourd’hui et de demain, et pas seulement au type de production attendu par telle ou telle entreprise à l’instant T.
L’Ecole de production de Salbris annonce d’ailleurs les mêmes partenaires–entreprises que les lycées à filières professionnelles environnants, mais nous constatons une forme de publicité mensongère sur son site puisqu’elle annonce une formation par l’apprentissage, alors que les élèves n’ont pas la protection du statut d’apprenti.
Les élèves des Ecoles de production effectuent des prestations de travail pour le compte d’entreprises mais ne reçoivent aucune gratification. Ils sont pourtant des travailleurs au sens de la Cour de Justice de l’Union Européenne, qui considère en outre que le respect minimal des droits de ces personnes en tant que travailleuses ne peut être garanti qu’en l’existence d’une rémunération minimale suffisante pour permettre des conditions de vie et de travail décentes.

En visite, ce mercredi 31 mai, au lycée professionnel Maréchal-Leclerc de Hauteclocque, à Ingré, dans le cadre de la finale du concours général des métiers au sein de l’établissement, Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, a eu l’occasion de détailler la nouvelle réforme des lycées professionnels, qui suscite nombre d’inquiétudes.

Cette réforme est pour la ministre « un enjeu majeur. Nous ne pouvons pas laisser ces jeunes décrocher, nous devons les accompagner. Nous avons cette idée de donner des moyens supplémentaires aux enseignants, avec une enveloppe
de 7,5 millions d’euros bruts annuel, soit 565 euros net par mois, pour travailler sur des dédoublements de classe, des sous-groupes, sur des options mais aussi sur la gratification des stages, allant de 50 à 100 euros par semaine dès la rentrée 2023, pour motiver ces jeunes. »

« Les cours seront plus qualitatifs »

L’année de terminale en cursus professionnel va être ainsi repensée pour l’année scolaire 2024-2025 et le gouvernement va proposer « de passer la durée des stages de huit semaines aujourd’hui à douze en fin de cursus de terminale, poursuit  Carole Grandjean. Ou alors de revenir en juin pour quatre semaines de préparation supplémentaires pour préparer la transition vers la poursuite d’études ». Par conséquent, pour laisser la place à ces éventuels stages, l’épreuve du bac sera avancée de plusieurs semaines.

Un changement qui fait monter la crainte chez certains professeurs de voir le côté théorique mis de côté. La ministre, elle, préfère rassurer et estime qu' » il n’y aura pas moins d’enseignement et, au contraire, que les cours seront plus qualitatifs car il y aura des sous-groupes. » Mais une partie des enseignants reste encore sceptique quant aux nouvelles missions d’accompagnement qui leurs seront attribuées malgré une revalorisation salariale (565 euros net par mois supplémentaires).

« Ce qui me fait peur, c’est d’être partout et nulle part »

C’est le cas de M. Larcher, professeur dans l’Académie de Rennes, présent à ce concours : 

Je ne vais pas signer ce pacte des lycées professionnels. On nous demande aujourd’hui de faire gratuitement des choses qu’ont fait déjà tous les jours et on fait disparaître des postes de travail et des fonctions… Ce qui me fait peur, c’est d’être partout et nulle part, à un moment, il faut s’intéresser à la qualité de travail et non à la quantité. »

Carole Grandjean s’engage à maintenir les effectifs du corps enseignant et souhaite apporter un soutien avec l’arrivée de 400 infirmiers, CPE, assistants sociaux, qui viendront dans les lycées professionnels pour aider les jeunes et les professeurs.

Au-delà de cela, un investissement massif de 2,5 milliards d’euros va être fait
sur les offres de formations des proviseurs et des enseignants et sur la mise en attractivité de certaines filières dans le cadre de France 2030, a-t-elle pointé.

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