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Espagne ( législatives du 23-07-2023) Après l’échec du Parti populaire de droite et du parti néo-fasciste Vox à obtenir la majorité requise pour gouverner : On prend les mêmes et on continue !

Le Parti populaire (PP) de droite et le parti néo-fasciste Vox n’ont pas réussi à obtenir la majorité absolue aux élections parlementaires de dimanche. Lundi matin, le PP et Vox avaient obtenu 169 sièges, sept de moins que la majorité absolue, contre 153 pour le Parti socialiste (PSOE) et Sumar.

Le chef du PP, Alberto Núñez Feijóo, a déclaré qu’il essaierait de former un gouvernement, mais son bloc de soutien potentiel n’obtiendrait que 170 sièges contre 172 pour le bloc dirigé par le PSOE. Cela laisse présager des semaines de marchandage avant une éventuelle reconduction du gouvernement minoritaire du Parti socialiste (PSOE) et de Sumar, soutenu par des partis nationalistes et régionalistes.

Alberto Feijóo, chef du Parti populaire conservateur (au centre) s’adresse à ses partisans devant le siège du parti au lendemain de l’élection, lundi 24 juillet 2023 à Madrid, entouré d’autres dirigeants du PP [AP Photo/Manu Fernandez]

Le PP est passé de 5 millions de voix et 89 sièges en 2019 à 8 millions (33 pour cent des voix) et 136 sièges. Il a gagné 47 sièges en grande partie grâce à la consolidation du vote de droite aux dépens du parti Ciudadanos [Citoyens], aujourd’hui effondré, mais aussi de Vox, qui est passé de 3,6 millions de voix et 52 sièges en 2019, à 2,8 millions (12 pour cent) et 33 sièges aujourd’hui. Pour l’essentiel, cependant, le programme néofasciste de Vox est partagé par le PP, dont il est issu, et qui ne s’abstient de la rhétorique plus extrême de Vox que pour donner un vernis de respectabilité à sa guerre de classe et à son programme militariste.

Le principal changement fut l’augmentation du nombre de voix des travailleurs et des jeunes qui ont décidé d’empêcher Vox d’entrer au gouvernement. C’est la première fois qu’un parti franquiste avoué le ferait depuis la chute de la dictature et la «transition vers la démocratie» de 1978. Le taux de participation a augmenté de 4 pour cent, passant de 66 pour cent en 2019 à 70 pour cent dimanche, soit le taux le plus élevé depuis 15 ans.

Malgré les brutales mesures d’austérité et de guerre qu’il a imposées ces quatre dernières années, le PSOE, dirigé par le Premier ministre sortant Pedro Sánchez, en a été le principal bénéficiaire, passant de 6,8 millions de voix et 120 sièges en 2019 à 7,7 millions (31 pour cent des voix) et 122 sièges.

Il est significatif que le plus grand transfert de voix vers le PSOE est venu de la Catalogne et du Pays basque, au détriment des partis séparatistes, ainsi que des électeurs.

Sumar, une plate-forme électorale de 15 partis, dont le parti pseudo-de gauche massivement discrédité Podemos, dirigée par la vice-première ministre et ministre du Travail sortante Yolanda Díaz, a remporté 2,9 millions de voix (12 pour cent des suffrages) et 31 sièges. C’est là une perte d’un demi-million de voix par rapport aux 3,4 millions de voix et 38 sièges remportés par ces partis sous l’étiquette Unidas-Podemos en 2019. Cela confirme la descente en vrille de ce parti après quatre années de mesures pro-guerre et pro-austérité étant au pouvoir.

L’impopularité de Sumar est telle que sa dirigeante, Díaz, a dû suspendre son rassemblement à Cadix après que des métallurgistes y ont fait irruption et l’ont conspuée.

Avec un total de 153 sièges, le PSOE et Sumar auront besoin du soutien des nationalistes et des partis régionalistes pour obtenir une majorité globale de 176 sièges. Cela inclut les sept sièges de Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), dirigé par l’ancien premier ministre catalan en exil et membre du Parlement européen Carles Puigdemont, qui est devenu faiseur de rois électoral.

Puigdemont et d’autres membres du gouvernement catalan furent inculpés le 30 octobre 2017 de rébellion, sédition et utilisation abusive de fonds publics, pour avoir organisé un référendum et déclaré l’indépendance. Puigdemont a fui en Belgique. Début juillet, la Cour générale de justice de l’Union européenne lui a retiré son immunité de membre du Parlement européen. Il attend à présent que la Cour suprême espagnole émette un nouveau mandat d’arrêt européen sur la base de charges réduites.

Les médias sont remplis de spéculations sur ce que les partis séparatistes exigeront du PSOE pour renouveler leur soutien antérieur, y compris un référendum légalement sanctionné – bien que cela soit peu probable compte tenu de la baisse de leur soutien. La presse de droite a lancé une campagne féroce sur le fait que Sanchez ne pourrait gouverner qu’en «brisant l’unité de l’Espagne». Le leader de Vox, Santiago Abascal lui, vitupère contre un gouvernement «investi avec le soutien du communisme» et «du séparatisme et du terrorisme à la recherche d’un coup d’État».

Une période prolongée de paralysie politique et de crise montante s’annonce. En 2019, il aura fallu trois élections pour que le PSOE et Podemos se mettent d’accord pour former le premier gouvernement de coalition en Espagne.

Les élections n’ont résolu aucune des questions politiques fondamentales auxquelles font face jeunes et travailleurs. Un gouvernement PSOE-Sumar n’arrêtera pas le danger croissant représenté par les héritiers politiques du général fasciste Francisco Franco. Au contraire, le résultat sera utilisé comme chantage pour que les travailleurs s’unissent derrière un Sánchez qui essayera d’étouffer un mouvement vers la gauche et une éruption de luttes contre la politique de guerre et d’austérité du gouvernement.

Empêcher la classe ouvrière d’intervenir de façon indépendante et pour ses propres intérêts était l’objectif principal de la stratégie électorale du PSOE et de Sumar. Aucune des questions majeures auxquelles la classe ouvrière fait face – participation de l’Espagne à la guerre que l’OTAN mène contre la Russie en Ukraine, détérioration des conditions sociales dans une crise du coût de la vie provoquée par les bas salaires, la flambée des prix et le coût élevé des loyers et hypothèques ; et escalade de l’attaque des droits démocratiques – n’ont été discutées. Au lieu de quoi la campagne fut dominée par des appels à abandonner toutes critiques passées et à empêcher que le PP et Vox n’entrent au gouvernement.

Dimanche, alors qu’il célébrait au siège du PSOE, Sánchez a déclaré avec cynisme que la défaite du «bloc régressif» avait empêché «l’annulation totale de tous les progrès que nous avons réalisés ces quatre dernières années».

Le pouvoir continura de se servir de l’«unité contre le fascisme» comme d’une arme contre la classe ouvrière, alors que le gouvernement PSOE-Sumar poursuit une politique qui, ces quatre dernières années, a consisté à soutenir la participation de l’Espagne au soutien à l’Ukraine, à réduire pensions et salaires tout en augmentant massivement le budget militaire, à renflouer banques et trusts et à faire une politique du profit contre la vie dans la pandémie de COVID-19.

Lorsque les métallurgistes se sont mis en grève en Galice ce mois-ci pour réclamer des salaires supérieurs à l’inflation, le gouvernement a envoyé des centaines de policiers anti-émeutes pour écraser la grève à coup de matraques, balles en caoutchouc et gaz lacrymogènes. Contre les personnels navigants en grève, il a imposé un service minimum anti-grève draconien.

Même dans les 56 jours qui ont suivi la convocation des élections anticipées, après la débâcle des élections locales et régionales de mai, le gouvernement intérimaire a envoyé une lettre à l’Union européenne où il s’engageait à des coupes budgétaires et des hausses d’impôts à hauteur de 24 milliards d’euros pour l’an prochain.

Tout gouvernement PSOE-Sumar prendrait le pouvoir au milieu de la plus grande vague de grèves en Europe depuis les années 1970, La croissance explosive de l’inflation porte à leur paroxysme les tensions entre les classes. Le PSOE et Sumar, qui défendent les intérêts de la classe capitaliste, iront encore plus à droite et répondront par des mesures d’État policier.

La solution à la crise grandissante du capitalisme ne se trouvera ni au parlement espagnol ni dans les manœuvres de Sumar, de Podemos, des staliniens ou des bureaucraties syndicales, mais dans la lutte des classes, dans la construction d’un rapport de force de la classe ouvrière et d’un parti révolutionnaire indépendant

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Cette entrée a été publiée le 25 juillet 2023 par dans ELECTIONS, ESPAGNE, LEGISLATIVES.