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Qu’est-ce que Civitas, ce mouvement d’extrême droite que veut dissoudre Gérald Darmanin ?

Le ministre de l’Intérieur a indiqué lundi qu’il allait demander la dissolution de ce parti politique créé en 1999 sous la forme d’une association, après les propos antisémites de l’un de ces membres.

French Civitas right-wing protestors kneel in prayer as they gather in Saint-Brevin-les Pins, western France on February 25, 2023, as they preparee to stage a protest against the establishment of a reception centre for migrants. (Photo by Sebastien SALOM-GOMIS / AFP)

Civitas avait notamment manifesté en février dernier contre l’ouverture d’un centre pour demandeurs d’asile en Loire-Atlantique. AFP/Sebastien SALOM-GOMIS

Face à un antisémitisme révoltant, le ministère de l’Intérieur prend des mesures. Gérald Darmanin a annoncé lundi après-midi qu’il allait demander la dissolution du mouvement d’extrême droite Civitas, après des propos antisémites de l’un de ses membres Pierre Hillard.

L’organisation Civitas n’a pas réagi officiellement à cette annonce de Beauvau, mais a partagé sur les réseaux sociaux de nombreux messages de soutiens émanant de militants ou d’associations. Elle a publié mardi matin deux photos prises à Lille (Nord) où elle affirme avoir procédé à une campagne d’affichage anti-avortement dans la nuit. « Le combat catholique ne s’éteindra jamais », revendique Civitas.

Lors de l’université d’été du parti, baptisée « Fête du Pays réel », l’homme a défendu l’idée d’une déchéance de nationalité pour les Français de confession juive. « Avant 1789, un juif, un musulman, un bouddhiste etc. ne pouvaient pas devenir français. Pourquoi ? Parce qu’ils étaient hérétiques », a-t-il avancé dans une vidéo relayée sur X (ex-Twitter) par Gérald Darmanin.

Selon Pierre Hillard, « la naturalisation des juifs en septembre 1791 ouvre la porte à l’immigration ». « Peut-être faudrait-il retrouver la situation d’avant 1789 », conclut-il sous les applaudissements de la salle.

Une association devenue parti politique

Le mouvement Civitas a été fondé en 1999, avant de devenir officiellement un parti politique en 2016. C’est au début des années 2010 qu’il a gagné en notoriété, sous l’impulsion de son président Alain Escada, militant belge d’extrême droite. Civitas s’est notamment positionné contre le mariage pour tous en 2013, qualifiant cette évolution sociale d’« homofolie ».

Proche des milieux catholiques intégristes et de la Fraternité Saint-Pie X, l’institut Civitas avait proposé des candidats dans 14 circonscriptions aux législatives de 2017, dont l’ancien conseiller régional du Front national Alexandre Gabriac, qui avait été suspendu en 2011 après la révélation d’une photo où il effectuait un salut nazi devant un drapeau hitlérien.

Civitas a tenté de peser dans le débat public notamment autour de nombreuses affaires polémiques. Des avocats proches du mouvement ont notamment assisté les parents de Vincent Lambert dans leur combat pour maintenir en vie leur fils, dans un état végétatif entre 2011 et 2019 à la suite d’un accident de la route.

Plus récemment, Alain Escada a également appelé les sympathisants du mouvement à se réunir à Saint-Brévin (Loire-Atlantique) pour manifester contre le projet de centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada).

Le parti enfin s’est opposé en avril à la tenue d’un concert de Bilal Hassani dans une ancienne église de Metz (Moselle). Il avait notamment qualifié l’artiste de « travesti marocain », ce qui a engendré une plainte de la part d’associations de lutte contre l’homophobie. Le mois suivant, c’est un concert de l’Américaine Kali Malone à Carnac (Morbihan) dont le mouvement a obtenu l’annulation.

Un programme politique qui prône le catholicisme d’État

Sur son site Internet, Civitas ne cache ni ses opinions ni son programme politique : le mouvement milite pour la « fin de la laïcité » en France, un pays dans lequel la « religion catholique clairement traînée dans la boue » depuis la loi de 1905, selon lui. Civitas évoque le catholicisme comme « la seule véritable religion », ce qui implique « l’abrogation de tous les protocoles » entre l’État et des associations « opposées directement au règne du Christ Roi ».

Par ailleurs, il demande « l’abrogation de la loi Taubira, avec clause de rétroactivité, pour l’annulation des mariages homosexuels et de tous leurs effets », de la PMA et de la GPA, mais aussi l’interdiction de l’avortement avec l’abrogation de la loi Veil. Selon le mouvement, le droit à l’avortement serait ainsi responsable « de la chute démographique de notre pays ».

Côté éducation, Civitas souhaite la suppression pure et simple des syndicats enseignants, pour « les remplacer par des associations locales associant parents et enseignants ».

Cependant, impossible de connaître le programme du mouvement en ce qui concerne l’immigration, les relations internationales ou la justice. Les pages attitrées sur son site Internet s’affichent « en construction ».

Civitas à Orléans : comme un air de famille…

La procédure de dissolution du mouvement Civitas (devenu parti politique en 2016) que le ministre de l’intérieur vient d’engager raisonne d’un écho particulier à Orléans.

Par Jean-Jacques Talpin

C’est en effet à la suite des propos tenus par Pierre Hillard lors de l’université d’été de Civitas à Pontmain dans la Mayenne que Gérald Darmanin a décidé de demander la dissolution du mouvement catholique intégriste. Ce Pierre Hillard a en effet demandé lors de cette réunion la déchéance de nationalité pour les Juifs. Rien que cela ! Sa déclaration est édifiante : « il faudrait peut-être retrouver la situation d’avant 1789 à propos du statut des juifs en France, c’est-à-dire à une époque où ils ne pouvaient pas avoir, pour la plupart, la nationalité française”. Et d’en rajouter une couche en sous-entendant que la naturalisation de Juifs en 1791 avait ouvert « la porte à l’immigration.”.

La fachosphère à Orléans

Des propos évidemment abjects et qui nous renvoient à la fachosphère orléanaise. En septembre 2022, il avait en effet été invité par l’association locale « France Souveraineté » à tenir une conférence aux relents complotistes sur « Désordre mondial : quels sont les maîtres du jeu ?» ». L’historien d’extrême droite proche des thèses d’Alain Soral devait tenir cette conférence à la médiathèque d’Orléans avant que la mobilisation des antifas locaux pousse le maire à annuler la réservation de la salle. France souveraineté s’était alors tournée vers une salle de la paroisse catholique Saint Marc avant que l’Église fasse également machine arrière. La conférence avait ensuite pu se tenir dans un restaurant. L’invitation de cet « historien » au lourd pédigrée en dit beaucoup sur France Souveraineté, association qui se veut respectable avec des objectifs a priori anodins : « organiser une dynamique de rencontres, d’échanges et de réflexion à Orléans. Contribuer à la vie culturelle locale en permettant une parole libre et engagée », objectifs qui justifient aux yeux de la mairie d’Orléans la mise à disposition de salles.  En ayant invité Pierre Hillard, France Souveraineté s’est directement ou indirectement portée caution de ces propos. Tout comme Yves Alphé -patron d’une entreprise d’obsèques locale, alias Goldofaf dans le monde du rap viril-, un des porte-paroles de l’extrême droite intégriste orléanaise qui nous fait l’honneur d’attaquer Magcentre pour diffamation…

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Cette entrée a été publiée le 10 août 2023 par dans ETAT D'URGENCE, EXTREME DROITE, FASCISME, FRANCE.