Cette invention polonaise devrait hélas inspirer d’autres pays anti-avortement.
Parce que le contrôle du corps des femmes –et, plus largement, de toutes les personnes susceptibles d’enfanter– n’a apparemment pas de limites, un laboratoire polonais vient d’annoncer qu’il avait développé un dispositif qui aura sans nul doute beaucoup de succès dans les pays opposés à l’IVG.
Ce test, qui permet de savoir si la personne concernée a déjà absorbé une pilule dans le but d’avorter, est même déjà utilisé en Pologne, nous apprend Jezebel. Et il ne devrait sans doute pas tarder à être utilisé dans d’autres contrées.
Le test en question fonctionne sur un principe d’identification de la mifépristone et du misoprostol, les deux principaux produits employés dans le cadre des IVG médicamenteuses. C’est le gouvernement polonais, farouchement opposé à l’avortement, qui est à l’origine du projet de recherche ayant abouti à la création de ce test.
Cette innovation marque une étape importante dans le bras de fer permanent que se mènent les «pro-vie» et les pro-choix. Jusqu’alors, rappelle Jezebel, les patientes ayant recours à une pilule abortive pouvaient avoir l’esprit tranquille: le traitement était réputé indécelable. Mais désormais, un nouveau type de chasse aux sorcières va pouvoir se mettre en place, ce qui va pousser certaines personnes à y réfléchir à deux fois en cas de besoin d’une IVG. Désormais, elles pourront craindre des ennuis d’ordre judiciaire… ou les représailles de certains proches.
En Pologne, même les fausses couches et les naissances prématurées sont désormais vues d’un œil inquisiteur. Le pays a créé un registre national des grossesses en juin 2022, et la police n’hésite pas à faire des pieds et des mains pour déterminer si certaines femmes considérées comme suspectes ont bel et bien avorté. Récemment, les forces de l’ordre polonaises ont même exploré les égouts afin de trouver des preuves d’une IVG clandestine, pratiquée par une jeune femme sur elle-même, ce qui a permis le lancement d’une procédure judiciaire contre celle-ci.
Le pays s’enfonce dans un système que Jezezbel qualifie de «déjà dystopique», musclant toujours plus ses systèmes de contrôle et n’hésitant pas à condamner lourdement les personnes continuant à œuvrer en faveur de l’IVG. En mars 2023, Justyna Wydrzyńska, cofondatrice du groupe Abortion Dream Team, a par exemple écopé de huit mois de travaux d’intérêt général pour avoir participé à un avortement clandestin. C’est la première condamnation de ce type en Europe, et ce n’est hélas sans doute pas la dernière.