LOIRET : Menaces, humiliations, autoritarisme… des enseignants du Loiret témoignent du « harcèlement institutionnel »

La CGT Éducation du Loiret sonne l’alerte. Elle ne cesse de recueillir des témoignages d’enseignants confrontés à « un harcèlement » des chefs d’établissement. La situation est parfois insoutenable.

Sur son bureau de la CGT à Orléans, Christophe Petit compile les témoignages,  parfois manuscrits, des professeurs. Et ils ne cessent d’affluer.

Tous dénoncent « le harcèlement institutionnel » de certains principaux de collège ou proviseurs de lycée. Le secrétaire départemental Éducation parcourt les lettres.

Un énorme malaise.

« Elle m’a dit un jour dans son bureau que je n’étais pas une bonne professeure ; que je n’aurais jamais de seconde section européenne sous sa direction ; qu’elle ne me saluerait ni dans les couloirs, ni en salle des professeurs ; qu’elle ne me donnerait pas la parole en conseil de classe », raconte une enseignante d’anglais.

Menaces de courriers au rectorat

Une autre, agrégée de lettres modernes, dévoile : « Régulièrement, elle arrivait telle une furie en salle des professeurs lors de la récréation en me reprochant tout et n’importe quoi et en me menaçant d’envoyer des rapports au rectorat. »

Une adjointe administrative dans un établissement de la métropole d’Orléans atteste du comportement déplacée de la proviseure.

 « Elle s’exprimait avec la plupart des personnes, souvent de façon autoritaire, sans diplomatie, voire rabaissante devant d’autres personnes. Je me rappelle aussi qu’elle contrôlait le temps passé pour aller aux toilettes et les pauses cigarettes sur le temps du repas de la pause méridienne. Ma collègue et moi devions récupérer le soir si dans la journée, elle estimait que nous avions pris trop de pauses. »

La liste des témoignages est aussi longue qu’une dissertation de philosophie.  Christophe Petit refuse, malgré tout, de pointer uniquement les chefs d’établissement. « On leur a donné de plus en plus de pouvoir. Ils sont contraints de faire plus avec moins. Le problème vient de bien plus haut… » 

« Ils remplacent les moyens par la rentabilité »

La pression est énorme ; il leur faut réussir à appliquer la feuille de route. « Ils remplacent les moyens par la rentabilité », regrette le secrétaire Éducation 45 de la CGT. « Les chefs d’établissement font preuve de harcèlement envers les collègues qui ouvrent leur bouche. »

Sous quelles formes ? « Les professeurs expérimentés n’ont pas les bonnes classes, certaines collègues n’ont pas un emploi du temps qui les arrange. On peut instrumentaliser, aussi, les enfants et parents contre un professeur », énumère Christophe Petit.

La situation ne cesse de se dégrader. La CGT a donc décidé de donner l’alerte.

Nicolas Da Cunha