Jeudi 5 octobre, en fin de matinée, des personnels, infirmières et aides-soignantes en grève se sont rassemblés devant les Ehpad de Villecante à Dry, puis du Champgarnier, à Meung-sur-Loire pour appeler à l’aide.
Tous dénoncent de la souffrance, une inhumanité. En raison de personnels en arrêt, et non remplacés, la situation s’est considérablement dégradée depuis l’été dans les Ehpad de Villecante, à Dry, et du Champgarnier, à Meung-sur-Loire. Deux structures encadrées par la même direction.
À Dry, Noémie, aide-soignante, et Chrystel, infirmière, dénoncent l’appel à l’auto-remplacement, de plus en plus fréquent : « C’est quand vous êtes en repos et qu’on vous demande de revenir pour remplacer un collègue qui est absent », explique Noémie.
« Les services sont sous tension en raison d’un manque d’effectif. Ce qui crée une forte surcharge de travail, des jours de repos non pris et qui s’accumulent… le personnel ne se sent pas respecté, et cela a des conséquences sur notre vie privée. »
« La nuit, nous ne sommes que trois aides-soignantes pour tout l’établissement, qui accueille 186 résidents et on s’est retrouvées à deux, plusieurs fois. La journée aussi, le personnel manque. La prise en charge ne peut pas être correcte : la toilette est vite faite voire incomplète, les résidents sont couchés plus tôt, parfois ils restent au lit toute la journée car il n’y a personne pour les lever… C’est une véritable atteinte à leur dignité et nous, en plus d’être épuisés nous ne sommes pas fiers de ce que nous faisons. C’est de la maltraitance institutionnelle. »
Mobilisation à l’Ehpad de Dry
La discussion n’est pas rompue avec Mathilde Le Groux, la directrice, venue à la rencontre des manifestants. Celle-ci indique avoir effectivement une grande difficulté à recruter du personnel. « Nous avons reçu en négociation l’ensemble des représentants du personnel et cela a débouché sur un certain nombre d’accords : la formalisation du paiement des heures supplémentaires, une vigilance sur les plannings, et l’ouverture d’une réflexion sur un pôle de remplacement. Mais nous devons atteindre nos effectifs cibles. On cherche à recruter depuis plusieurs mois et toute personne souhaitant nous rejoindre sera la bienvenue… Nous avons un véritable besoin de personnel qualifié et fiable. Le mois de septembre a été particulièrement compliqué, avec un absentéisme important et des difficultés à remplacer les absents. Nous recevons très peu de CV… »

À Meung-sur-Loire, Isabelle Nobilet, infirmière et élue CFDT, dénonce aussi des locaux qui finissent par devenir insalubre faute de pouvoir assurer l’hygiène nécessaire. « Est-ce que le profit est plus important que le soin des résidents ? », questionne-t-elle. « Il manque un médecin coordinateur, des retraités reviennent travailler pour nous aider – mais à quel prix ? – nous n’avons plus de kiné, les résidents perdent leur autonomie… Ça fait 23 ans que je suis là et c’est catastrophique. Comment peut-on laisser 48 résidents au lit un dimanche, sans goûter l’après-midi, avec tout juste de quoi boire… Certains n’ont droit qu’à deux douches par mois, ce n’est plus possible ! »
Les manifestants dénoncent là encore « des conditions inhumaines, un manque de dignité pour les résidents ». Ils demandent la mise en place d’une équipe de remplacement et que les contrats soient plus attractifs, avec l’amélioration des conditions de travail, mais aussi une revalorisation financière.
Après les mobilisations de la matinée, les grévistes des Ehpad Villecante et du Champgarnier se sont rassemblés, en début d’après-midi, à la mairie de Meung-sur-Loire. Sur place, on indique aux manifestants que personne ne peut les recevoir et qu’aucun élu n’est présent. Du coup, les manifestants ont investi la mairie et demandent à ce qu’un élu vienne les recevoir. Ils sont une trentaine et parlementent avec un agent de la mairie.
À Meung, en début d’après-midi, les manifestants ont investi la mairie afin de faire pression pour être reçus.

Et après ?
Une réunion du comité social et économique (CSE) est prévue lundi 9 octobre. « La grève est reconductible, avertit Isabelle Nobilet. Si on n’est pas entendu, on recommencera mardi. »
Maude Milekovic