Loïc Louise tué à La Ferté-Saint-Aubin : dix ans après, le gendarme sera jugé pour homicide involontaire !

L’étudiant est décédé le 3 novembre 2013 après avoir reçu une décharge de Taser. Le gendarme mis en cause est renvoyé devant le tribunal correctionnel d’Orléans pour homicide involontaire.

C’est un long combat, mené pendant près de dix ans, qui semble se terminer pour les parents de Loïc Louise. Cet étudiant réunionnais de 21 ans est décédé le 3 novembre 2013, à La Ferté-Saint-Aubin, après avoir reçu une décharge de pistolet électrique tirée par un gendarme.

Après des années d’instruction et d’expertises, afin d’établir un lien entre le tir de Taser et le décès du jeune homme, le gendarme est finalement renvoyé devant le tribunal correctionnel d’Orléans pour homicide involontaire. Une information confirmée par Me Fabrice Saubert, l’avocat des parents de Loïc Louise, à La République du Centre, et révélée par le média Clicanoo.

De nombreux revirements

« L’instruction a enfin avancé dans le bon sens pour nous, confie Me Fabrice Saubert. On considère que le Taser a joué un rôle dans le décès de Loïc Louise. Il aura fallu dix ans. Il y a eu quatre juges d’instruction, deux ou trois parquetiers et de nombreuses analyses scientifiques. »

Aux prémices de l’enquête, aucun lien entre l’usage du Taser et le décès n’avait été établi, mais une information judiciaire pour homicide involontaire avait été ouverte. Six ans après les faits, le procureur la République de l’époque avait requis la mise en examen de l’ancien militaire. La juge d’instruction n’avait pas suivi les réquisitions du procureur et avait placé le mis en cause sous le statut de témoin assisté.

« La mère de Loïc a besoin de rencontrer cet homme »

« C’est toujours dur pour la famille, mais il y a une certaine forme de soulagement et de satisfaction. Les parents n’ont pas fait leur deuil. Au-delà de la perte de leur enfant, il y a aussi la perte du plaisir de voir comment il aurait évolué. Loïc aurait eu 31 ans. Ils se demandent s’il aurait eu des enfants, s’il se serait marié », raconte Me Saubert.

La date du procès n’est pas encore connue, mais la famille compte bien faire le déplacement depuis La Réunion. « La mère a besoin de rencontrer cet homme. Elle a envie de l’entendre et de voir comment il affrontera son regard », poursuit l’avocat.

Les faits

Le 3 novembre 2013, une fête d’anniversaire est organisée à La Ferté-Saint-Aubin, mais la soirée dégénère. Une violente bagarre éclate entre Loïc Louise et son cousin, nécessitant l’intervention d’une dizaine de gendarmes. L’un d’eux fait alors usage de son Taser sur la victime, qui était torse nu et alcoolisée. Loïc Louise a reçu une première décharge de 17 secondes, puis une seconde. Il s’effondre et décède quelque instants plus tard. « C’est un ami militaire, autorisé à s’approcher, qui s’est rendu compte qu’il était inconscient et qu’il n’y avait plus de pouls. Il est resté allongé pendant 20 minutes avant qu’on s’occupe de lui. Le gendarme a toujours dit qu’il pensait que Loïc dormait », déclare Me Saubert, avocat de la famille Louise.  

Elodie Pradel