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TRAVAIL EGAL-SALAIRE EGAL : Index de l’égalité femmes-hommes dans les entreprises du Centre-Val de Loire : peut encore mieux faire

Dans la région Centre-Val de Loire, le résultat moyen des entreprises qui déclarent leur index (malgré l’obligation, toutes ne le font pas), est de 89 sur 100. Comment le faire progresser ? L’exemple, à Orléans, de BEG Ingénierie.

Les entreprises de plus de cinquante salariés doivent, tous les 1er mars, depuis 2019 et 2020 pour les plus petites, publier leur index égalité professionnelle. L’objectif est de promouvoir l’égalité des rémunérations entre hommes et femmes.

Les entreprises sont censées publier cet index sur leur site Internet et/ou par voie d’affichage. Les résultats sont publics et consultables sur egapro.travail.gouv.fr.

Dans le Centre-Val de Loire, selon la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) et son service d’inspection du travail en charge des contrôles, 1.200 entreprises sont assujetties (plus de cinquante salariés et siège social dans la région) à cette déclaration. 90% s’en étaient acquittés le 20 mars dernier (contre 88% en 2022).

3% atteignent le maximum

L’index régional moyen est de 89 sur 100. Seules 3% atteignent l’index maximal de 100. 74% obtiennent plus de 85 points, 21% entre 75 et 85, 6% moins de 75. Soit 27% qui doivent fixer des objectifs de progression. 79 entreprises n’ont pas d’écart de rémunérations. 288 n’ont qu’une seule femme parmi les dix premiers salaires.

Dans le Loiret, 269 entreprises ont déclaré leur index cette année, dont 116 présentent des résultats incalculables (certains des indicateurs ne les concernent pas) et 9 (3%) ont un résultat insuffisant, inférieur à 75.  

En 2024, au contraire, plusieurs entreprises affichent le score maximal (100) : Jumadis (supermarché, Saint-Pryvé-Saint-Mesmin), Centre Val Service (nettoyage, Orléans), Aabraysie développement (services solidaires, Saint-Jean-de-Braye), Almadis (supermarché, Châlette-sur-Loing).

BEG, une activité encore très masculine

Ce n’est pas encore le cas de l’entreprise orléanaise BEG Ingénierie, qui a bien voulu répondre à nos questions, mais la direction s’en préoccupe… et l’index progresse.

Même si ce n’est pas chose aisée. D’abord, parce qu’il s’agit de reprendre tous les salaires, « de retirer les apprentis, ceux qui sont restés moins de six mois, de retraiter les temps partiels… On s’y met à deux en deux fois, pour être sûres de ne pas se tromper », explique Stéphanie Laurent, responsable ressources humaines de l’entreprise. D’autant que des contrôles sont possibles, même si cela n’a pas été le cas chez BEG.

De plus, les 110 salariés français de BEG Ingénierie sont chargés de construire de grands bâtiments (centres commerciaux, entrepôts logistiques…) dans le monde. Un secteur d’activité encore largement masculin. 

Cela se traduit dans l’index. En 2022, il n’était que de 64, largement inférieur aux 75, voire 85 requis. « En novembre 2022, nous sommes allés voir la Dreets pour savoir comment faire pour que notre index remonte dans les trois ans et ce qui se passerait si ce n’était pas le cas. »

Heureusement, l’index a atteint 77 en 2023 et 78 cette année. Ce qui oblige tout de même BEG à décider de mesures de progression, en plus de son plan annuel d’actions. C’est, là aussi heureusement, dans l’ADN de l’entreprise qui a été labellisée Lucie 26000 en décembre dernier, pour sa politique en faveur de la responsabilité sociétale et environnementale (RSE).

« Pénalisé » par le manque de congé maternité !

Le résultat n’est pas pour autant facile à maintenir. « Nous n’avions pas eu de congé maternité l’an dernier. Cela nous a pénalisés, car notre index aurait pu être de 81 : il n’y a pas de souci d’augmentation. »

En revanche, l’indicateur portant sur les dix premiers salaires reste à zéro : le comité directeur comporte cinq hommes et une seule femme, Angélique Buchmann, directrice générale déléguée maîtrise d’œuvre. Les salaires suivants sont des chefs de service, tous masculins. « Nous pâtissons de notre historique », note la responsable RH, et cela impacte aussi la rémunération de l’ensemble des salariés, à 30% féminins.

Le pourcentage du nombre de femmes tombe à 22% pour les cadres et les ingénieurs, à l’exception du service structures, qui calcule les dimensions des poteaux, des poutres, etc. « Il est à moitié féminin. » Manon Calmes, 31 ans, en est même la cheffe de service adjointe.

Recruter deux femmes ingénieurs par an

Mais si BEG s’est donné pour objectif de recruter deux femmes ingénieurs par an, en respectant l’égalité des salaires, il est plus difficile d’attirer des électriciennes. Ou pire des chargées d’affaires amenées à se déplacer trois ou cinq jours par semaine sur les chantiers. « Dans les écoles d’ingénieurs, le nombre de femmes augmente, mais elles se dirigent plus volontiers vers l’architecture ou l’efficacité énergétique. »

Pour progresser, BEG met en avant ses collaboratrices féminines, lors des salons de l’emploi, et sensibilise ses chefs de services, « afin de traiter les disparités » qui devraient s’estomper au fur et à mesure de la féminisation.

Rendez-vous le 13 juin
Les employeurs, élus CSE et délégués syndicaux sont invités, par la direction départementale des entreprises (DDETS 45) et l’École des relations du travail (ERT) à une matinée sur le thème : « Comment renforcer l’égalité professionnelle femmes-hommes dans les entreprises du Loiret ? », le jeudi 13 juin, de 9 heures à midi, à la faculté de droit de l’université d’Orléans, rue de Blois.

Au programme :

– Table ronde avec la participation d’une juriste du ministère du Travail, d’une sociologue de l’université d’Orléans, de la DRH des laboratoires Servier et d’un consultant du cabinet Aequality.
– Atelier : la négociation autour de l’égalité professionnelle.
– Atelier : réflexion sur les indicateurs égalité professionnelle.

Pour plus d’informations : ddets-egalite-professionnelle@loiret.gouv.fr.

Comment est mesuré l’index
L’index est basé sur un certain nombre de points attribués à quatre (pour les petites entreprises) ou cinq critères, le maximum étant 100.
40 points pour la comparaison du salaire annuel brut à poste (défini par l’employeur) et âge équivalents. 20 points pour les chances de décrocher une augmentation. 15 points pour les chances d’être promu (calculé avec l’indicateur précédent pour les petites entreprises).
15 points pour les salariées augmentées (comme les autres salariés) dans l’année suivant leur retour de congé de maternité. 10 points pour la parité (au moins quatre femmes ou quatre hommes) parmi les dix meilleurs salaires.
Si l’entreprise n’atteint pas 75, elle doit mettre en place des corrections, qui donnent lieu à des vérifications et mises en demeure si l’index reste inférieur à 75 durant trois ans.
Elle doit aussi mettre en place des mesures de progression, entre 75 et 85 points.
Dans les faits, en Centre-Val de Loire, deux entreprises ont été pénalisées (1% maximum de la masse salariale). 

Carole Tribout La République du Centre

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Cette entrée a été publiée le 22 avril 2024 par dans DROIT DES FEMMES, EGALITE, REGION CENTRE VAL DE LOIRE.