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Colonialisme Français : Aprés la Martinique , la Guadeloupe : Neuf personnes interpellées après des violences urbaines à Sainte-Rose !

Neuf personnes âgées de 15 à 25 ans ont été interpellées après des nuits de violence en Guadeloupe

Neuf personnes dont cinq mineurs » ont été interpellées et placées en garde à vue jeudi en Guadeloupe après les violences urbaines survenues à Sainte-Rose (nord de la Basse-Terre). « Il y a beaucoup d’infractions différentes » telles que « des dégradations, la participation à l’attroupement, à visage dissimulé ou non, la dégradation par moyens dangereux ou des vols en réunion », selon Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre.

Jeudi, la radio locale RCI avait affirmé « qu’une opération d’envergure de gendarmerie était organisée ce jeudi matin à Sainte-Rose », mobilisant « une quarantaine de militaires dont le GIGN ». « Il manquerait [une dixième personne] qui aurait eu un rôle plus appuyé dans ces manifestations », précisait encore le média local, ce que n’a pas souhaité confirmer la procureure. Quelques jours plus tôt, quatre magasins avaient été pillés à Sainte-Rose, commune où des barrages avaient été érigés, parfois enflammés. Les médias locaux évoquaient également des jets de projectiles.

Couvre-feu pour les mineurs du 23 au 28 septembre

Des violences urbaines ont secoué plusieurs communes de la Guadeloupe à partir du 18 septembre. Le 23 septembre, le préfet avait décidé d’instaurer, puis d’étendre à une quinzaine de secteurs, un couvre-feu pour les moins de 18 ans. Celui-ci a pris fin le 28 septembre. Plusieurs mineurs avaient déjà été interpellés dans d’autres communes où des barrages avaient aussi été montés et certains embrasés. Toutefois, aucun magasin n’y avait été pillés !

Si des scènes comparables ont eu lieu en Martinique sur fond de revendications contre la vie chère, les autorités locales n’ont relevé « aucune revendication claire » autour des barrages de Guadeloupe.

Depuis plus d’une semaine, la Guadeloupe et la Martinique sont en proie à des violences urbaines. Outre les questions sanitaires, de nombreux griefs profonds et historiques sont évoqués par les syndicats et les élus locaux pour expliquer la colère des habitants des îles.

En une semaine, la mobilisation contre l’obligation vaccinale et la suspension de postes de soignants est montée d’un cran. Les barrages autoroutiers se sont transformés en incendies, des tirs à balles réelles sur les véhicules de gendarmes ont été rapportés, ainsi que des pillages de banques et de magasins alimentaires. Des armes de guerre ont également été dérobées dans les locaux de la douane à Pointe-à-Pitre. Si tout part de revendications sanitaires, d’autres griefs historiques profonds reviennent sur la table.

En effet, les mouvements à la tête des mobilisations ainsi que les élus locaux mettent en avant différents motifs de colère : l’inégalité sociale renforcée par la crise sanitaire, le chômage des jeunes, les conditions de vie, la défiance après le scandale du chlordécone ou encore la baisse pouvoir d’achat. Le Figaro s’est intéressé à ces différents motifs et revendications, avec le spécialiste des Outre-mer, le professeur Olivier Sudrie, maître de conférences à l’Université Paris-Saclay.

Des inégalités sociales renforcées par la crise sanitaire

Tout d’abord, le préavis de grève réclame une hausse des salaires et des minima sociaux, qui connaît de larges inégalités sociales qui ont été renforcées par la crise sanitaire. Que ce soit en Guadeloupe ou en Martinique, d’après le professeur Sudrie, il est possible de retrouver d’un côté de la population les salariés, du privé ou du public, et de l’autre les «out» – en opposition au «in» -, de nombreux actifs qui ne sont pas déclarés. Les salariés du secteur public n’ont pas particulièrement été touchés par la crise sanitaire, et ont continué à percevoir leur salaire, «qui est de 30 à 40% supérieur qu’en métropole», fait savoir le professeur Olivier Sudrie. Les salariés du secteur privé, plus touchés par la crise, ont quant à eux eu accès au dispositif national, comme le chômage partiel, par exemple.

A contrario, les «out» ont particulièrement été touchés par la crise Covid-19. S’ils passent en général sous les radars des statistiques et des études de l’INSEE, ces derniers appartiennent «à une économie invisible mais bien réelle», poursuit Olivier Sudrie. Pendant le Covid-19, n’étant pas déclarés, ils n’ont donc pas pu bénéficier des allocations et du chômage partiel. «C’est une partie des personnes que vous retrouvez aux barricades», commente le professeur.

Les jeunes cherchent du travail

Dans les DOM, le chômage, particulièrement élevé chez les jeunes, touche 20% de la population. Au-delà de l’étroitesse du marché du travail qui se caractérise en outre par la faiblesse de l’activité, le chômage est lié aux fortes augmentations de la population active et à l’important retard des niveaux de formations, peut-on lire dans un rapport parlementaire en date du 23 novembre 2021.

Plus précisément, près de la moitié des jeunes actifs est touchée par le chômage. Selon les statistiques d’Eurostat (2009), le taux de chômage chez les 15-24 ans est de 55,7% en Guadeloupe, de 50% à La Réunion et de 47,8% en Martinique. «Certains jeunes disent se foutre du vaccin et être simplement intéressés pour un travail. C’est un ras-le-bol de la jeunesse, au-delà des problèmes sanitaires», explique Olivier Sudrie. «De nombreux jeunes sont inemployables, souvent éjectés dès l’âge de 16 ans du système éducatif. Aujourd’hui, ils n’ont pas de formation professionnelle. On constate un déterminisme social écrasant», lance le spécialiste.

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Cette entrée a été publiée le 4 octobre 2024 par dans COLONIALISME, FRANCE, GUADELOUPE, GUYANE, MARTINIQUE.