Par Alexandre Charrier

Il est entré en service le 5 février 2024. Depuis une visite médiatisée, mais réduite au strict minimum, en mai, pour la venue du ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, impossible de savoir ce qui se passe derrière les grilles du centre de rétention administrative (CRA) d’Olivet.
Le 18 Décembre 2024 :
· Journée internationale de Migrants
· Lors de la dernière réunion du collectif COLERE il avait prévu de faire un rassemblement devant le CRA à Olivet : 12h
· Voir si nous pouvons faire deux intervention : une dans la journée ou l’après midi au CRA et le soir en centre ville (Manif)17h Préfecture
Aujourd’hui, environ 75 étrangers — sur un total de 90 places — y attendent d’être expulsés hors de France. Ces personnes, en situation irrégulière mais qui ne sont pas condamnées par la justice pénale, peuvent y être retenues pour une durée maximale de trois mois. Dans quelles conditions ? C’est ce qu’ont voulu vérifier deux avocates orléanaises, profitant du pouvoir offert au bâtonnier de visiter sans préavis les lieux de privation de liberté.
Le verdict tient dans un rapport d’une vingtaine de pages aux conclusions assez alarmantes. Nourriture insuffisante ou périmée, difficulté d’accès aux soins médicaux en raison du manque de médecin, épidémie de gale, liberté de mouvement réduite au strict minimum : au terme d’une visite qui a duré trois heures, le 31 mai dernier, les deux avocates du barreau d’Orléans ont eu le temps de relever de nombreux dysfonctionnements.
« Ce n’est pas un centre de détention, rappelle Susana Madrid. Il y a certes un règlement intérieur pour que les gens ne fassent pas n’importe quoi, à n’importe quelle heure mais les personnes doivent pouvoir « déambuler » librement dans les locaux, pendant la journée. Là ce n’est pas le cas. »
En cause, les espaces qui sont tous cloisonnés et ne s’ouvrent qu’avec des badges. Il faut donc toujours qu’une escorte soit disponible pour ouvrir les portes de la « zone de déambulation ». Or, les effectifs policiers manquent pour que le centre fonctionne à plein régime. « C’est un problème, tout comme le manque d’expérience de ces policiers dont certains sont tout juste sortis d’école, relève M. Madrid. D’habitude, les CRA sont sous la surveillance de fonctionnaires aguerris. »
48 faits de violence en six mois
Une situation qui génère des tensions et qui n’est pas sans poser des problèmes de sécurité. « Quand vous n’avez accès qu’à votre chambre et à une courette de 2 m² qui sert de fumoir, vous tournez comme un lion en cage », résume Me Laure Moirot, vice-bâtonnière élue.
Selon les données que le parquet leur a transmises, entre février et septembre 2024, 48 plaintes pour des faits de violences ont été relevées au sein du CRA. Entre retenus. Mais pas seulement : il est aussi question de violences imputées aux policiers eux-mêmes.