
Par Maxence Yvernault
Des prospectus ont été distribués aux parents pour les prévenir et leur expliquer la situation. Les professeurs conseillent de ne pas mettre les enfants au collège. Ceux-ci seront tout de même acceptés dans l’établissement : « On les accueille, on fait l’appel et on fait une grève de zèle », annonce Thomas Cunat, professeur de lettres modernes au collège Jean-Mermoz, à Gien, depuis un an.
L’absence d’une professeure de français, qui devrait assurer neuf heures de cours par semaine, en a été le déclencheur : deux classes de cinquième sont impactées et 126 heures de cours ont été perdues depuis le début de l’année scolaire. Aucun enseignant remplaçant n’a été nommé pour l’instant. Les parents d’élèves ont déjà alerté le rectorat sur cette question, mais n’ont pas reçu de réponse concrète de sa part. « Les profs de français ne courent pas les rues, d’autant plus pour un mi-temps dans le fin fond du Loiret », regrette Thomas Cunat. Une situation qui semble confirmer le discours médiatique actuel, selon lequel la France manque d’enseignants et subit une crise des vocations.
Les professeurs du collège Jean-Mermoz critiquent également leurs conditions de travail et le manque de moyens, pour cet établissement situé en réseau d’éducation prioritaire (REP). Les membres du conseil d’administration ont rejeté un budget réduit de 6.000 euros, alors que celui-ci ne couvre pas les charges fixes.
Selon les professeurs du collège, le manque de moyens ne leur permet plus d’acheter du matériel pour les cours de SVT (sciences et vie de la terre). De son côté, Thomas Cunat explique qu’il n’a « aucun budget pour acheter des livres ». Manque de papier aussi ! Le collège n’en recevra pas avant jeudi et certains professeurs ont dû acheter des ramettes de papier sur leurs fonds propres pour pouvoir travailler.
Toujours selon les professeurs, l’infirmière ne peut plus non plus travailler dans des conditions satisfaisantes, faute de budget… Dernier point : l’établissement ne peut plus financer de sortie scolaire, le coût du transport restant élevé pour ce collège situé dans une zone rurale, alors que « certains gamins ne sont jamais sortis de Gien et de leur quartier. Cela fait plusieurs années qu’on alerte de la situation globale. Les parents d’élèves nous soutiennent », conclut Thomas Cunat.
Contacté par La République du Centre, le rectorat n’a pas, pour le moment, répondu à nos sollicitations.