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Plus question de solution politique, Donald Trump propose l’expulsion des Palestiniens de Gaza !

La proposition de Donald Trump d’envoyer les Palestiniens de la bande de Gaza en Égypte et en Jordanie est approuvée par l’extrême droite israélienne, mais rejetée par les Palestiniens et les pays concernés. Elle constitue un nettoyage ethnique illégal, et tue tout espoir de solution politique.

Le Président des États-Unis a proposé ce week-end, à la surprise générale, de transférer les plus de deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza dans des pays arabes de la région, Égypte et Jordanie. Il en a même déjà parlé au cours du week-end aux deux chefs d’État concernés, le président égyptien Sissi et le roi Abdallah de Jordanie.

Fort logiquement, sa proposition a aussitôt été applaudie par les deux dirigeants d’extrême droite en Israël, le ministre de l’Économie Bezalel Smotrich, et l’ex-ministre de la Sécurité Itamar Ben Gvir, qui a récemment démissionné pour protester contre l’accord de cessez-le-feu à Gaza. Non seulement ils approuvent, mais ils rappellent qu’ils demandent cette expulsion des Palestiniens depuis longtemps.

On n’est pas surpris quand ça vient de l’extrême droite israélienne, favorable à la recolonisation de la bande de Gaza et à l’annexion de la Cisjordanie ; c’est évidemment plus stupéfiant quand ça vient du chef de la première puissance mondiale. Un transfert forcé, c’est tout simplement un crime de guerre ; c’est ni plus ni moins qu’un nettoyage ethnique, ce qui est juridiquement, politiquement et moralement insoutenable.

Pourquoi Donald Trump fait-il cette proposition ?

Le président américain vient de remporter un vrai succès diplomatique avec le cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas, qui a permis les premières libérations d’otages depuis un an. Il est par définition impliqué dans la suite d’un processus complexe, qui a rencontré ce week-end son premier écueil, les deux parties s’accusant de ne pas respecter les termes du cessez-le-feu.

D’où sort cette proposition qui est certaine de susciter un tollé du côté palestinien et arabe ? Elle est présentée comme du bon sens : la bande de Gaza est détruite, construisons-leur des maisons ailleurs et ils vivront en paix. C’est le type de raisonnement que l’on entend dans les rangs de l’extrême droite en Israël ; et, visiblement, dans l’entourage du nouveau président des États-Unis.

La proposition de Trump est d’autant plus choquante pour les Palestiniens qu’elle réveille un traumatisme historique, celui de la Nakba, la « catastrophe » en arabe, le départ des Palestiniens en 1948, fuyant la guerre ou chassés par l’armée du nouvel État d’Israël, comme l’ont documenté des historiens israéliens comme Ilan Pappé, Benny Morris ou Tom Segev. Or les deux tiers des 2,4 millions de Palestiniens de Gaza sont les descendants de réfugiés de 1948, qui savent ce que l’exode signifie.

C’est une faute qui peut avoir un effet négatif sur la suite de l’échange otages contre prisonniers

Car si l’après-guerre signifie un exode forcé, au lieu d’une solution politique, ça n’incite pas à rester dans les clous d’un accord dont la deuxième phase reste à négocier.

Elle est d’autant plus surprenante qu’elle est inacceptable pour l’Égypte et la Jordanie, qui ne veulent pas avoir à subir le fardeau de réfugiés risquant de déstabiliser leurs pays. Il n’y a de fait pas un seul dirigeant arabe qui puisse cautionner l’expulsion des Palestiniens de leurs terres, pas même le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salman, que Trump souhaite voir rejoindre les Accords d’Abraham avec Israël. Le prince ne prendra pas ce risque.

Si on est généreux, on considèrera que le président américain s’est fait souffler une idée sulfureuse sans lendemain, qui se perdra dans le flot de ses initiatives tous azimuts. Mais s’il y croit vraiment et qu’il est prêt à la mettre en œuvre, on aura un nouveau signe inquiétant du nouveau monde qui s’annonce, et qui est fondé sur la loi du plus fort. L’Europe, si tant est qu’elle soit audible, doit faire savoir qu’elle s’y opposera.

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Cette entrée a été publiée le 28 janvier 2025 par dans APARTHEID, COLONIALISME, ISRAEL, Palestine, USA.