Le Hamas a exigé le démarrage de la deuxième phase du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, en principe prévu ce dimanche mais qu’Israël refuse d’appliquer, préférant un plan proposé par les États-Unis. Face au blocage des négociations, Israël a annoncé la suspension de l’aide à Gaza.Par Le Parisien avec AFP
Le 2 mars 2025 à 07h39, modifié le 2 mars 2025 à 15h00

Reprochant au Hamas son refus d’une proposition américaine d’extension de la trêve, Israël a annoncé, ce dimanche qu’il suspendait l’entrée de marchandises et d’approvisionnements dans la bande de Gaza. « Un chantage mesquin, un crime de guerre et une violation flagrante de l’accord » de trêve, a réagi le Hamas.
Plus tôt dans la matinée, le mouvement palestinien avait exigé le démarrage de la deuxième phase du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, qui doit en principe avoir lieu ce dimanche mais qu’Israël refuse d’appliquer, préférant un plan de dernière minute d’extension de la trêve jusque mi-avril proposé par les États-Unis face au blocage des négociations.
Samedi soir, Israël a indiqué avoir accepté une proposition de dernière minute mise sur la table par l’envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui prévoit une extension de la trêve pendant la période du ramadan et de la Pâque juive, soit jusqu’à la mi-avri et la libération sur cette période de tous les otages encore à Gaza en deux fois, la deuxième étant conditionnée à un accord sur un cessez-le-feu permanent restant à négocier.
Israël s’est dit est prêt à entamer « immédiatement » des négociations « sur tous les détails du plan Witkoff » si « le Hamas change de position » et en accepte lui aussi le principe. Dans la foulée, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé avoir accéléré l’envoi d’une aide militaire d’environ 4 milliards de dollars à Israël.
Le Hamas a réagi, ce dimanche, exigeant l’application de la deuxième phase du cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier. Selon le mouvement palestinien, la proposition américaine de trêve jusque mi-avril, acceptée par Benyamin Netanyahou, revient pour Israël à « se soustraire aux accords qu’il a signés ».
« La seule façon de parvenir à la stabilité dans la région et au retour des prisonniers est d’achever la mise en œuvre de l’accord (…) en commençant par la mise en œuvre de la deuxième phase », qui prévoit la fin définitive de la guerre et la libération de tous les otages, a déclaré le dirigeant du Hamas Mahmoud Mardaoui.
Dans la foulée, Israël a annoncé la suspension de l’entrée de marchandises et d’approvisionnements dans la bande de Gaza, menaçant d’ « autres conséquences » en cas de désaccord persistant. « Israël n’acceptera pas de cessez-le-feu sans libération de nos otages », selon un communiqué.
Cette décision est un « crime de guerre » et une « violation de l’accord », a réagi le mouvement islamiste palestinien, appelant « les médiateurs et la communauté internationale (à) faire pression » sur Israël pour qu’il fasse machine arrière. « L’occupation (Israël) porte la responsabilité des conséquences de sa décision sur la population de la bande (de Gaza) et sur le sort de ses prisonniers » aux mains du Hamas ou d’autres groupes armés, a ajouté le Hamas
Samedi, l’ONU a averti qu’une reprise de la guerre dans la bande de Gaza serait « catastrophique ». « Il est impératif que tous les efforts soient faits pour empêcher un retour des hostilités, ce qui serait catastrophique », a déclaré dans un communiqué Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Le risque de famine dans la bande de Gaza est « un mensonge », a affirmé ce dimanche le ministre des Affaires étrangères israélien Gideo Saar.
Arraché après des mois de négociations ardues, l’accord a fait taire les armes après quinze mois d’une guerre dévastatrice déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. L’accord initial comprend trois phases de 42 jours chacune. Durant la première, le Hamas a libéré 25 otages et rendu les corps de huit autres à Israël, qui en échange a libéré environ 1.800 détenus palestiniens.
La deuxième, hypothétique pour l’heure, prévoit la libération des derniers otages Hamas et de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, tandis qu’une troisième phase devrait être consacrée à la reconstruction de Gaza. L’accord comporte une clause prolongeant automatiquement la première phase tant que les négociations pour la deuxième sont en cours.
Jusque-là, le Hamas a campé sur son refus de discuter d’autre chose que d’une application de la deuxième phase, censée garantir le retrait des troupes israéliennes de Gaza. Outre son refus de s’y engager, Israël exige que Gaza soit complètement démilitarisée et le Hamas éliminé. Or, celui-ci insiste pour y rester.
Dimanche, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé la mort de quatre personnes à « la suite d’attaques israéliennes en divers endroits du territoire », a-t-il indiqué. L’armée a pour sa part dit avoir visé « plusieurs suspects » manipulant un « engin explosif » dans le nord de Gaza.
Auparavant, la Défense civile du territoire avait fait état de « bombardement d’artillerie et tirs à partir de chars israéliens visant des zones en bordure de la ville d’Abassan al-Kabira, à l’est de Khan Younès » (sud). « Après vérification, nous n’avons pas connaissance du moindre bombardement d’artillerie dans cette zone », a déclaré un porte-parole de l’armée israélienne.