
« Résiste ! L’avenir est féministe. Cherche la justice partout, va, refuse ce monde sexiste », chantent les Rosies – ces féministes en bleu de travail, qui mettent l’ambiance dans les cortèges – reprenant ainsi le célèbre tube de France Gall.

Il est 14 h 30, place De Gaulle à Orléans, samedi 8 mars. Quelques minutes plus tard, plus de 800 personnes (500 selon la police) s’élancent – en majorité des jeunes femmes évidemment, mais soutenues par de nombreux hommes, toutes générations confondues.
Elles marchent à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Le collectif féministe 45 organise le rendez-vous orléanais.
Des panneaux affichent la couleur ou plutôt les couleurs puisque les doléances sont multiples : « Violence sexiste, riposte féministe » ; « Le patriarcat tue » ; « Solidarité avec les femmes du monde entier », alors que les Iraniennes et les Afghanes sont particulièrement muselées ; « Merci GisèleS » en référence à Gisèle Pelicot mais aussi à l’avocate Gisèle Halimi.
Les chiffres communiqués par la Fondation des femmes font froid dans le dos. Entre autres : « En France, une femme est victime de viol ou tentative de viol toutes les sept minutes ; 94 % des plaintes sont classées sans suite ; un féminicide a lieu tous les trois jours ; l’écart de salaire entre les femmes et les hommes à équivalent temps plein s’élève à 13,9 %. »
Parce que rien n’est jamais acquis, Dominique, 68 ans, Florence, 44 ans, et Valérie, 62 ans, tiennent à être présentes. « Ce qui me paraît le plus inquiétant, c’est la montée de l’extrême droite, partout, et le risque que cela représente pour les femmes », soupire Valérie.
Les trois copines font partie de la chorale orléanaise Les Révoltées, fondée en septembre 2024 et portée par l’association Féministes en tous genres 45. Plusieurs fois dans la journée, elles entonnent des chants rendant hommage à la cause féministe. En tête, L’Hymne des femmes : « Reconnaissons-nous, les femmes. Parlons-nous, regardons-nous. Ensemble, on nous opprime, les femmes. Ensemble, révoltons-nous ! »

Carine, 50 ans, et Alice, 19 ans, mère et fille, défilent aussi. « Je veux montrer que nous restons vigilants et que nous n’avons aucune envie de revenir en arrière », explique la première. « Il y a encore tellement d’avancées à gagner au niveau des violences faites aux femmes, des inégalités salariales », renchérit Alice.
Selon la jeune fille, les garçons de sa génération doivent encore être éduqués. « Beaucoup d’entre eux associent féminisme à extrémisme », regrette-t-elle, alors même que le terme signifie simplement « courant de pensée et mouvement politique, social et culturel en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes ».

Quatre amies – Nina, Nina, Lila et Margot, de 18 ans – dressent le même constat qu’Alice : « Quand on discute avec des gars de notre âge, on se rend compte que le combat n’est pas du tout gagné ! »
Le cortège compte aussi des hommes, comme Basile, 27 ans. « Encore beaucoup d’hommes pensent que le féminisme est une exagération », déplore celui qui craint le retour de bâton conservateur. « Je veux être là pour dire : « il faut vraiment que ça avance et non pas que ça revienne en arrière ». »
Monique Lemoine et Anne Audouin, coprésidentes du Planning familial du Loiret – association appartenant au collectif féministe 45 – réclament « l’égalité dans les faits » et pas seulement en théorie :
« En France, les femmes ont des droits acquis grâce aux longues luttes féministes. Mais la réalité est différente. Il faut éduquer les enfants dès le plus jeune âge et leur montrer qu’on peut vivre autrement. »
Anne Audouin et Monique Lemoine (Coprésidentes du Planning familial du Loiret)https://players.brightcove.net/1330301255001/SJYHCUbL_default/index.html?videoId=6369778099112
Celles-ci sont d’autant plus inquiètes que le Planning familial a reçu « une mauvaise nouvelle », vendredi 7 mars, comme l’indique Anne Audouin dans son discours : « Le conseil départemental du Loiret se désengage en baissant notre subvention annuelle. C’est pourquoi nous lançons un appel solennel aux pouvoirs publics et à nos partenaires. Nous avons besoin d’un soutien institutionnel renforcé. L’égalité entre les femmes et les hommes ne peut être atteinte sans des moyens adaptés et pérennes ».
















