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Amilly (45) : Les salariéEs du laboratoire Sanofi sont mobiliséEs pour peser dans les négociations entre leur entreprise actuelle et les repreneurs de l’activité, Astrea Pharma, en partenariat avec Substipharm. SOLIDARITE !

Piquet de grève devant le site Sanofi d’Amilly, le 17 mars 2025. photo Valère Perlot

Un piquet de grève est organisé, lundi 17 mars, devant le site Sanofi d’Amilly, qui fait l’objet d’un projet de cession. Plus de cent manifestants sont présents ce matin, a-t-on pu constater.

Suite à l’annonce de la cession du site Sanofi à Astrea Pharma, et du transfert de la production de Kardégic à Substipharm, un mouvement social mobilise les employés, depuis le 5 mars.

En moyenne 120 personnes en grève chaque jour depuis le 5 mars

« Chaque jour, depuis le début de la grève le 5 mars, on est en moyenne 120 sur le piquet de grève. Au total, 236 employés sur 276 ont manifesté au moins une fois », assure Imad Sdiri, délégué syndical CGT et élu au CSE.

« Les repreneurs garantissent trois ans de maintien des emplois et des acquis sociaux. Mais après ça, on n’a aucune visibilité. La crainte, en plus de perdre nos acquis, c’est qu’on ferme dans quelques années », s’inquiète le syndicaliste.

Doliprane et Aspégic

Il y a déjà plusieurs mois, les syndicalistes faisaient part de leurs craintes, après le rachat du Doliprane et de l’Aspégic par le fond américain CD&R.

« Sans ces acquis, notre vie de famille va changer, tout ça pour un plan stratégique et une décision de Sanofi. Ce n’est pas normal. Alors, on est prêt à faire grève pendant un mois », assure un gréviste.

Pour l’instant, le projet de cession n’est pas encore signé et définitif. Le mouvement social a pour objectif de faire entendre les arguments du personnel lors des négociations.

« On veut rester Sanofi » : piquet de grève et débrayages contre le projet de cession de l’usine d’Amilly

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Les débrayages d’une heure sont organisés chaque jour depuis le 5 mars à l’usine Sanofi d’Amilly (photo d’archive) – DR Georges Pereira

François Guéroult

Le géant pharmaceutique Sanofi veut céder son usine d’Amilly, près de Montargis, au sous-traitant Astrea Pharma, avec maintien des 276 emplois et de la production de l’Aspegic et du Kardegic « pour au moins 10 ans ». Les salariés dénoncent l’absence de garanties et se mobilisent.

Entre piquet de grève et débrayages, les salariés de Sanofi à Amilly, dans le Loiret, se mobilisent contre le projet de cession de leur usine. Le groupe pharmaceutique veut en effet céder le site montargois à un sous-traitant, Astrea Pharma, qui entend mettre la capacité de production de l’usine au service de ses partenaires. Le site d’Amilly, qui existe depuis 1961, fabriquera toujours ses actuels médicaments-phares à base d’aspirine : l’Aspegic et le Kardegic, mais ceux-ci seront commercialisés par une autre entreprise, Substipharm. Ce projet doit être finalisé à l’automne. Depuis son annonce le 5 mars, les syndicats organisent des débrayages quotidiens d’une heure : il a été particulièrement suivi ce lundi, 80% des 276 salariés ont participé au mouvement. Entre colère et inquiétude.

« Des salariés jetés comme des kleenex usagés »

Il y a d’abord **la colère. Car ce projet de vente correspond à la stratégie de Sanofi de se spécialiser dans l’immunologie, et donc dans les vaccins et les médicaments innovants. Quitte à se débarrasser des produits moins rentables : d’où, en octobre dernier, la vente du Doliprane à un fonds américain. C’est au tour à présent des médicaments Aspegic et Kardegic, dont le principe actif est l’aspirine, et qui représentent la moitié de la production du site d’Amilly, avec 30 millions de boîtes par an. « On ne voit pas pourquoi on aurait à subir cette stratégie, dénonce *Imad Sdiri, délégué CGT à Sanofi Amilly. On nous cède comme ça, d’un claquement de doigts. Pendant des années, les salariés ont contribué à développer cette entreprise, et ils seraient jetés comme des Kleenex usagés ? Non, non, c’est inacceptable. Nous, on veut rester Sanofi.* »

D’autant que le repreneur du site d’Amilly a peu de références. Astrea Pharma est un sous-traitant pharmaceutique créé en 2022, détenu par une holding luxembourgeoise, et déjà présent à Dijon et à Tours. L’accord prévoit certes le maintien de l’emploi à Amilly, et quatre millions d’euros investis par an pour développer le site, avec l’engagement de conserver localement la production de l’Aspegic et du Kardegic « pour au moins dix ans« . Mais Dominique Marin, délégué Sud, ne cache pas son inquiétude : « Astrea Pharma, c’est tout petit, c’est 600 fois plus petit que Sanofi, souligne-t-il. Quand ils disent arriver avec quatre millions d’euros d’investissement, cela peut paraître important mais en réalité ça correspond tout juste à ce que Sanofi consacre ici pour l’entretien annuel du matériel ! En réalité, ils n’apportent aucune garantie.« 

« Un intérêt stratégique majeur pour la France »

Dominique Marin souligne aussi l’aspect stratégique de l’usine d’Amilly pour la France. « L’Aspegic et le Kardegic, ce ne sont pas des produits anodins mais ce sont des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, insiste-t-il. Le Kargedic est utilisé contre les maladies cardio-vasculaires, donc garder cette production en France, de manière solide, c’est important pour nous, salariés, mais aussi plus globalement au niveau français. » La semaine dernière, le ministre de l’Economie Eric Lombard, interrogé par Thomas Ménagé, député RN de Montargis, lors des questions au gouvernement, a assuré qu’il suivait « de très très près ce projet de cession pour veiller à ce que les engagements soient tenus« . L’intersyndicale, elle, entend continuer le mouvement « jusqu’à ce que Sanofi renonce« .

Pour la direction de Sanofi, ce projet va « assurer un nouvel élan au site d’Amilly »

De son côté, la direction de Sanofi tient à apporter les précisions suivantes : « Sanofi poursuit son ambition de devenir un leader en immunologie, ce qui implique le choix stratégique de concentrer ses efforts sur des aires thérapeutiques prioritaires et de structurer et aligner notre réseau de production sur l’évolution de notre portefeuille de traitements et vaccins, avec 3 à 5 lancements attendus chaque année dès 2026. Dans ce contexte, Sanofi a identifié un projet de partenariat stratégique pour le site d’Amilly, visant à assurer la poursuite de son activité, à créer de nouveaux relais de croissance et à renforcer les marques actuellement produites, tout en garantissant la pérennité des emplois. Nous envisageons ainsi un double partenariat stratégique avec Astrea Pharma et Substipharm, deux acteurs européens solides et déjà implantés en France. »

« Astrea Pharma reprendrait le site d’Amilly, en lui apportant de nouvelles activités et volumes, grâce à la complémentarité avec ses sites de Fontaine-lès-Dijon et Monts (Indre-et-Loire), acquis en décembre 2024. Spécialisée dans la production de formes orales et solides, l’entreprise connaît une croissance continue sur le marché français. Substipharm assurerait la commercialisation et le développement de 3 marques, dont Aspégic. Présente dans 100 pays, cette entreprise française s’appuie sur le développement des marques qu’elle commercialise et sur un solide pipeline de R&D avec 40 projets en cours.  L’alliance de ces deux acteurs s’inscrit dans une vision de long terme et repose sur un partenariat existant de plus de 15 ans entre les deux entreprises. Elles partagent un objectif commun : assurer un nouvel élan au site d’Amilly et capitaliser sur leur partenariat existant pour développer, ensemble, leur activité en France. »

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Cette entrée a été publiée le 17 mars 2025 par dans ANTISOCIAL, DESTRUCTION D'ENTREPRISE, LOIRET.