Par Salomé Bonnaud

Sur les 53 lits disponibles en temps normal, seuls 26 seront encore ouverts vendredi soir. Le premier avril, une première décision avait été prise de se séparer d’une unité, soit 13 lits. Lundi, une cellule de crise s’est réunie, le plan blanc a été déclenché et une deuxième unité va être inutilisée temporairement.
En juin dernier, la situation avait déjà été critique. Un quart des lits avaient été fermés. Le recrutement mis en place avait permis aux médecins de retrouver un effectif correct et de passer la période des épidémies, plus sereinement, avec un service complet.
Mais voilà qu’un départ imprévu et un congé maternité, remplacé seulement en mai, mettent à nouveau en péril le centre hospitalier. « On a été un peu pris de court », déplore Gilles Varin, directeur délégué de l’hôpital.
Cet état de fait résulte de la difficulté récurrente des établissements de santé à recruter. Un phénomène amplifié par de récentes mesures. « Il y a des textes qui sont sortis sur l’intérim médical et qui ont durci les conditions de recrutement des intérimaires. Donc on a plus de candidatures d’intérimaires ces dernières semaines. On n’a plus le droit de recruter des gens sur certaines conditions d’ancienneté, etc. » regrette Gilles Varin.
À l’heure actuelle, il ne reste plus qu’un médecin fixe et un intérimaire. Des recrutements sont prévus à partir de mai. Mais le directeur délégué martèle :
« On veut une équipe stable. Il faut trouver des gens qui sont prêts à s’engager sur le long terme. On ne peut pas avoir un médecin différent tous les jours ».
Le centre hospitalier compte énormément sur l’hôpital d’Orléans, devenu CHU en 2023, pour remplir les postes vacants. Les étudiants sont fléchés et la première vague de jeunes médecins internes devrait être apte à travailler d’ici 2026.
Une cellule de crise a donc été mise en place et un plan blanc déclenché. Ce dispositif vise à maintenir l’efficacité des services là où il y en a le plus besoin et à prendre des décisions exceptionnelles. Suspension des admissions extérieures, accélération des procédures de sortie, mobilisation des établissements alentours, suspension des activités programmées et renforcement des urgences.
Malgré ces mesures inhabituelles, « on est parti pour deux mois minimum », estime Gilles Varin. Pour autant, il ne se laisse pas abattre. « C’est un cap difficile, mais on va le passer. Je ne suis pas spécialement inquiet. Je sais qu’il va y avoir une période difficile. C’est un peu plus problématique pour les équipes. »
Celles qui vont le plus faire les frais de cette crise, ce sont les urgences. Déjà aujourd’hui, 17 malades stagnent sans chambre. L’établissement ne compte que 8 box et 10 lits dans ce service qui risque d’être vite surchargé.
Le directeur appelle la population giennoise à aider l’hôpital en évitant de venir sans véritable motif. (à croire que les malades sont des menteurs !)
« Il faut venir aux urgences quand véritablement on est en situation d’urgence et pas quand on a quelque chose qui peut se traiter par téléconsultation ou qui peut attendre de voir le médecin. »
Les délais risquent d’être allongés et l’ensemble du personnel veut prévenir les patients pour qu’ils s’y « préparent psychologiquement, pour éviter de faire monter la tension » ce qui en effet, n’arrangerait pas les choses.