Gaza : un camp de concentration pour enfermer toute la population

Le ministre de la Défense israélienne a annoncé qu’il avait ordonné à l’armée de préparer un plan visant à transférer tous les Palestiniens de Gaza dans un camp de concentration dans la ville détruite de Rafah.

Nathan Deas Révolution Permanente

Les grands médias et les dirigeants occidentaux ont semblent-ils asséché leurs maigres larmes de crocodile au sujet de Gaza. L’actualité du génocide et le retour de la possibilité d’une mobilisation de plus grande ampleur (Flotille-marche vers Rafah-dockers) avaient bien obligé à de timides retournements de veste. Mais aussitôt que l’Iran s’est vue attaquée par Israël et que dans un nouvel exercice d’inversion accusatoire les puissances impérialistes se sont empressées à nouveau de défendre l’inconditionnel « droit à se défendre » du régime israélien, Gaza est passée au second plan.

Les frappes israéliennes sur la Bande ne se sont pourtant pas arrêtées. Et à la famine se sont ajoutés les massacres « humanitaires ». Au cours du mois dernier, les forces israéliennes ont tué près de 600 Palestiniens qui attendaient de recevoir de l’aide alimentaire. Toutes les preuves soulignent l’implication directe de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) soutenue par Israël et les Etats-Unis. Pour ajouter au chaos, Tsahal a également commencé à financer et armer des gangs, notamment des criminels proches de l’État islamique au Sinaï.

En rendant Gaza invivable, Netanyahu avait jeté les bases du nettoyage ethnique de Gaza. Cette semaine, le ministre israélien de la Défense a annoncé un nouveau saut (un de plus) dans l’horreur, confiant avoir ordonné à l’armée de préparer un plan visant à transférer tous les Palestiniens de Gaza vers un camp de concentration dans la ville détruite de Rafah, dans le sud de la Bande. Si cette « politique » venait à se confirmer, il s’agirait tout simplement d’un nouveau crime contre l’humanité et du point culminant de la politique de nettoyage ethnique depuis qu’Israël a commencé le génocide contre la population de Gaza en octobre 2023.

Dans ce contexte, au début du mois, deux enquêtes du Financial Times (ici et ici) ont révélé l’implication de deux sociétés occidentales, le Boston Consulting Group et le Tony Blair Institute, dans des projets israéliens de colonisation et de nettoyage ethnique de la bande de Gaza. Des révélations qui mettent en lumière (s’il en y avait encore besoin) l’imbrication étroite entre les plus hautes sphères du capitalisme occidental et la machine génocidaire israélienne.

On aurait tort de croire cependant que la relation va à sens unique. Comme un symbole, la perspective concentrationnaire dépasse de plus en plus et très largement Gaza, des camps de concentration anti-immigrés aux Etats-Unis à l’enfermement des gangs dans des prisons-usines totalitaires au Salvador ou en Equateur et jusqu’à la France, où les rafles de Retailleau ont précédé l’ouverture à l’Assemblée nationale d’un projet de loi sur l’allongement des délais de rétention en CRA.

L’implantation d’un camp de concentration sur les ruines de Rafah est également un message envoyé aux travailleurs et au peuple du Moyen-Orient, dont les régimes n’ont rien fait (quand ils n’ont pas été un soutien actif) pour empêcher le déchaînement génocidaire de l’armée israélienne. Il est la figure du « nouveau Moyen-Orient », rêvé par Trump et Netanyahou et le signe du danger mortel qui pèse sur l’ensemble de la région.

Par-delà les différences évidentes de degrés, le retour des dispositifs concentrationnaires à grande échelle au XXIème siècle constitue un symptôme qu’il ne faudrait pas négliger des dynamiques de pourrissement à l’œuvre et d’exacerbation de la violence impérialiste. A l’heure où Israël avance dans son projet d’extermination des Gazaouis, notre espoir réside plus que jamais dans des mobilisations de masses en solidarité avec le peuple palestinien. Nos efforts doivent être démultipliés dans cette perspective.