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Retour de la flottille Thousand Madleens : « Nous avons été battus, humiliés, insultés » !

Après la flottille Global Sumud, la flottille Thousand Madleens to Gaza a, elle aussi, été interceptée par Israël. De retour à Paris lundi 13 octobre, ses membres français racontent à leur tour les mauvais traitements et l’hostilité des soldats. Certains rentrent avec des stigmates physiques.  

Caroline Coq-Chodorge

LesLes membres des huit bateaux de la flottille Thousand Madleens to Gaza sont rentrés en Europe, lundi soir 13 octobre 2025. Ils et elles ont été intercepté·es par l’armée israélienne à 200 kilomètres environ de Gaza, dans les eaux internationales. Tous et toutes considèrent avoir été enlevé·es par Israël. Les Français·es dénoncent en prime le silence absolu de la France, au sujet de cette flottille comme de la précédente, la Global Sumud.

Très tôt le mercredi 8 octobre, vers 4 h 30 du matin, des militaires israéliens ont pris le contrôle des bateaux humanitaires. Sur l’un d’eux, des coups de feu ont été tirés. Les 150 militant·es de la flottille ont dû monter sur un « bateau-cellules », où ils ont été enfermé·es « dans de petites cabines grillagées », raconte Antoine, médecin généraliste.

À l’arrivée au port israélien d’Ashdod, ils ont dû s’agenouiller, avec les mains ligotées, pendant une heure trente à deux heures. Ont alors vraiment débuté les violences, physiques et psychologiques. « Nous avons été battus, humiliés, insultés », raconte, parmi d’autres, la députée européenne écologiste Mélissa Camara, ses bras marqués de larges ecchymoses. « Des militaires m’ont soulevée en me plantant leurs ongles dans les bras », indique-t-elle.

Illustration 1Les militants des huit bateaux de la flottille Thousand Madleens à leur arrivée à l’aéroport de Roissy le 13 octobre 2025. © Photo Armel Baudet / Mediapart

Plusieurs personnes estiment que les personnes racisées ont été plus maltraitées que les autres : Mélissa Camara, mais aussi une Américaine d’origine palestinienne, qui rentre avec une impressionnante ecchymose sur le visage.

« Moi, je suis une eurodéputée, tempère Mélissa Camara. Ce que vivent les 11 000 Palestiniens, y compris des enfants, est cent fois pire. Ils sont torturés, humiliés. Sur les murs des cellules, il y a des affiches de Gaza détruite, avec écrit dessus : “Le nouveau Gaza”. Ce qu’ils vivent est l’enfer sur terre, du pur sadisme », insiste l’eurodéputée, épuisée et très émue à l’évocation de ce qu’elle a subi.

Violences en détention

Certain·es détenu·es ont accepté de signer un document les autorisant à rentrer rapidement. C’est le cas des députées LFI Alma Dufour et Farida Amrani, rentrées dès le jeudi 9 octobre. D’autres ont refusé, incapables de lire l’intégralité du document, en partie écrit en hébreu. « Ils voulaient nous faire reconnaître qu’on était entrés illégalement en territoire israélien, ce qui est faux », pense le médecin Antoine.

Isaline Choury, 82 ans, a eu un traitement particulier. Pendant que ses collègues attendaient au port d’Ashdod, menottés, sur les genoux, elle a été conduite en voiture par un policier israélien pour une consultation médicale. Elle s’est retrouvée « seule avec un policier israélien ». « J’étais menottée, il m’a insultée, j’ai reçu des coups. Il m’a dit : “Bienvenue en enfer.” » Elle a croisé un médecin qui lui a fait une prise de sang.

Elle aussi a signé le document lui permettant de rentrer au plus vite. Mais elle est tout de même passée par la prison de Ketziot, aux « conditions de détention très difficiles ». Elle a rejoint la France le vendredi. Elle conserve de son périple « un traumatisme à l’épaule, un bras gauche douloureux, une boule dans le dos ».Elle a fait constater ses blessures par un médecin et compte porter plainte. 

Le blocus de Gaza est une arme de guerre et de génocide. La trêve n’y mettra pas fin. On se doit de le lever.

Lola Michel, militante propalestinienne

Les autres sont resté·es emprisonné·es jusqu’au dimanche 12 octobre. Tous et toutes témoignent d’une volonté d’humilier. Tulyppe, le photographe auteur d’un reportage sur la flottille pour Mediapart, est parvenu à transférer toutes ses photos à Paris avant que les militaires saisissent son appareil. Il raconte : « Les fouilles à nu, répétées, toutes les fois où on nous changeait d’endroit. Ils nous touchaient les parties intimes, ils nous secouaient, nous donnaient des claques, des coups, et cela les amusait. »

Une nuit, des soldats en tenue anti-émeutes ont pénétré dans sa cellule, les visant avec des fusils équipés de laser. Il n’y a pas eu d’échanges possibles avec les militaires : « Ils nous insultaient et ils voulaient absolument qu’on leur dise qu’on était du Hamas, qu’on était des terroristes. »

La nuit, les prisonniers étaient sans cesse réveillés, par des cris, des lumières, des soldats venus les bousculer et leur hurler dessus.

Certain·es ont vu des avocats, tous et toutes sont passés devant un juge, dans un simulacre de justice : « Ça durait cinq minutes, témoigne Antoine. Le juge nous a dit qu’on était entrés illégalement en territoire israélien, nous avons dit le contraire. »

Le silence de la France

Il estime avoir été bien préparé à ce qu’il a vécu : « On était ensemble, on a pu se soutenir et reprendre le dessus face aux humiliations. » Mais lui reste la sensation désagréable d’avoir eu affaire à « un État fasciste ». « On a vu leur haine, ils nous ont traités comme des animaux. »

Pas impressionnée, Lola Michel, militante propalestinienne venue de Marseille, reste résolue à lutter contre le blocus de Gaza, car « c’est une arme de guerre et de génocide. La trêve n’y mettra pas fin, pas plus qu’au colonialisme et à l’apartheid. On se doit de le lever ».

Comme ce fut le cas pour la flottille Global Sumud, la France a de nouveau refusé d’apporter la moindre aide au retour des Français·es membres de la flottille. La députée Farida Amrani a sollicité le ministère des affaires étrangères français : « Il a refusé d’aider au rapatriement. Les familles ont dû prendre en charge le billet d’avion de la Jordanie à Paris. [Le ministre Jean-Noël] Barrot n’a pas dit un mot pour ces Français enlevés dans les eaux internationales. Je trouve ça indigne de la France. »

Caroline Coq-Chodorge

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Cette entrée a été publiée le 21 octobre 2025 par dans GAZA, ISRAEL.