Extrême droite : une violence de plus en plus décomplexée

C’est un signe inquiétant de la gangrène d’extrême droite qui mine la politique française. C’est une réalité qu’il faut rappeler à ceux qui croient à cette fable sur la dédiabolisation du Rassemblement national : en France, en 2025, et c’est une moyenne, une agression a été commise chaque semaine par des militants identitaires, voire néofascistes, membres en tout cas de «la mouvance», comme disent les spécialistes.

Ici contre un militant syndical, là contre des étudiants affiliés à une organisation de gauche, ailleurs simplement parce que la couleur de peau ou le look queer de leur victime ne leur revenaient pas. Libération, notamment via sa newsletter Frontal, documente régulièrement ces passages à tabac, exactions, intimidations, dégradations. Les chiffres que nous avançons aujourd’hui proviennent d’une recension effectuée par des universitaires. Et leur constat est sans appel. Cette violence d’extrême droite, qu’il ne s’agit pas de considérer comme ordinaire, a bondi ces dernières années.

Autre nouveauté, elle est de plus en plus décomplexée, c’est-à-dire souvent commise en plein jour, ou filmée puis assumée sur les réseaux. Ces actes ne sont pas, ou plus, perpétrés par des personnes du RN, encore moins des responsables qui ont localement pignon sur rue. Mais faut-il rappeler que contrairement à ce qu’essaye de faire croire Marine Le Pen depuis des années, le RN n’a jamais totalement rompu ses liens avec nombre de groupuscules violents, ultra-radicaux, parfois nazis ? Et que le visage lisse de gendre idéal d’un Jordan Bardella n’est en réalité qu’un masque qui ne devrait tromper personne.

Car ces violences sont, pour ceux qui les commettent, une traduction dans la rue d’une idéologie mortifère. Le lien est tel que certains voient dans cette recrudescence de la violence d’extrême droite les prémices de son accession au pouvoir. On préfère y voir des raisons de s’en inquiéter et de combattre cette perspective.

Liberation