« Je vis au milieu des vignes et je vous confirme que l’air n’est pas respirable les jours de traitement. » « J’ai un potager et des abeilles en bordure de champ et je constate chaque année une mortalité anormale et alarmante. » « A l’école, il y avait une grosse machine et la maîtresse nous disait de mettre la main devant la bouche ou de rentrer. » Ces témoignages sont livrés par des Français vivant aux abords de cultures utilisant des pesticides.
Générations Futures, association nationale de défense de l’environnement agréée depuis 2008 par le ministère de l’Ecologie, publie ce jeudi 21 avril une carte interactive qui livre 200 témoignages de professionnels ou de riverains victimes des pesticides. 200 témoignages supplémentaires, en cours de validation, devraient compléter la carte. A terme, l’association souhaite mettre en place une coordination nationale d’aide regroupant des organisations d’aide aux victimes.
>> Cliquez ici pour accéder à la carte interactive des victimes de pesticides.Maux de tête, allergies, asthmes…
L’ambition de cette carte est de prouver que l’ensemble du territoire est exposé à des produits nocifs pour l’homme qui peuvent provoquer maux de tête, allergies, asthmes et irritations. Voire favoriser le développement de cancers du poumon, de l’intestin ou de la prostate, de leucémies ou de maladies de Parkinson.
Patrick, agriculteur alsacien qui utilisait des pesticides, a développé un Parkinson précoce à l’âge de 35 ans. Laurent, ancien salarié d’une entreprise agroalimentaire dans les Côtes d’Armor a, quant à lui, été licencié pour inaptitude à cause d’une hypersensibilité aux produits chimiques multiples développée au contact de céréales traitées avec des pesticides.
100.000 tonnes de pesticides dangereux
Le 20 mars 2016, l’agence internationale de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (IARC) a désigné cinq pesticides aux effets cancérogènes. L’herbicide glyphosate, présent dans le produit Roundup, et les insecticides malathion et diazinon ont été classés « cancérogènes probables chez l’homme » par l’association. Les insecticides tetrachlorvinphos et parathion sont, quant à eux, considérés comme des « cancérogènes possibles ».
Mais les preuves concernant le lien entre le développement de ces maladies et l’exposition aux pesticides ne sont pas suffisamment solides pour que ces produits fassent l’objet d’une interdiction en France. La plupart des agriculteurs peinent à faire reconnaître leur maladie de Parkinson ou leur cancer comme maladie professionnelle due à l’exposition aux pesticides.
D’après une enquête menée par « Cash Investigation », diffusée sur France 2 le 2 février dernier, 100.000 tonnes de pesticides classés dangereux ou potentiellement dangereux pour l’homme sont utilisés chaque année en France.