La viande bovine écartée de l’accord UE-Mercosur
Le lobby agricole européen a gagné. Le président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker, a pris la décision d’exclure la viande bovine des négociations de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur.
C’est du moins ce qu’a annoncé, vendredi, l’Interprofession bétail viande (Interbev) dans un communiqué saluant cette décision, qui répond ainsi à sa demande exprimée dans un récent courrier adressé au président de la Commission européenne.
Quatorze pays mobilisés sur le sujet
La France accompagnée par 13 autres pays, dont la Pologne et l’Irlande, s’étaient mobilisés sur le sujet après l’annonce, le 8 avril dernier, à Bruxelles, par la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, et Rodolfo Nin Novoa, le ministre des Affaires étrangères de l’Uruguay dont le pays assure la présidence tournante du Mercosur, d’échanger leur offre d’ouverture de leurs marchés respectifs au cours de la deuxième semaine du mois de mai.
La coalition conduite par la France n’a pas voulu précipiter le mouvement. « Tactiquement, ce n’est pas dans l’intérêt de l’Union européenne de faire à ce stade des propositions correspondant aux principaux intérêts offensifs de nos partenaires » sud-américains aux côtés de l’éthanol, a-t-elle indiqué dans une note stratégique sur l’offre imminente des négociateurs bruxellois.
Un coup de force qui risque d’affecter les relations avec Madrid
La Commission s’apprêtait à octroyer l’importation de 78.000 tonnes de bœuf non hormoné avec des droits de douane réduits. Or l’Union européenne importe déjà pour 20,6 milliards d’euros de produits agricoles du Mercosur et n’exporte qu’un maigre 2,2 milliards d’euros dans la région (chiffres 2015).
Le coup de force français risque de compliquer les relations avec Madrid, très en faveur de cet accord de libre-échange entre l’Union et le Mercosur. « L’Espagne considère que ce serait une grande erreur pour la France d’essayer d’empêcher l’échange des offres », a indiqué Jaime Garcia-Legaz, le secrétaire d’Etat au Commerce espagnol. La semaine passée, le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Garcia-Margallo, avait dit que « la position espagnole ne coïncide pas avec celle de la France. Nous considérons que l’ouverture des négociations avec le Mercosur est extraordinairement urgente et que, une fois les discussions ayant repris, il sera possible de résoudre les problèmes que la France a soulevé ».
En France, l’Interprofession bétail viande n’entend pas s’arrêter là et veut une décision semblable pour le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI ou TTIP en anglais), négocié actuellement entre l’Union européenne et les Etats-Unis.
