La SNCF a déjà commencé à dévoiler ses mesures répressives et punitives contre les cheminots grévistes.
La direction de la SNCF tanne depuis plusieurs mois ses cadres pour les pousser à suivre des formations techniques (de quelques heures à deux jours) pour remplacer les grévistes. Primes et taxi à la clé. Niveau sécu ? Haha.
Rien n’est toutefois gagné pour eux. Le taux de grévistes chez les cadres était important ce 22 mars.
Ils bossent à la SNCF mais n’y connaissent rien en trains. Pas de soucis, une petite formation de 2h, des chaussures confortables, et les voilà encadrant les conducteurs non-grévistes. Gardes-du-corps ou petites mains de la direction pour foutre la pression, eux aussi ont le droit au taxi pour les racompagner chez eux.
Un document interne de la direction RH à destination des ressources humaines de différents secteurs a fuité. Une fuite peut-être volontaire, pour faire peur aux grévistes. Dans tous les cas, le document enjoint les différents responsables à mettre en place des pratiques punitives à l’encontre des grévistes, bien que la base légale de ces consignes soit certainement contestable. Parmi lesquelles :
Le technicentre du Landy (St-Denis, 93) était en grève massive ce 22 mars. La direction a fait venir des travailleurs anglais pour remplacer les grévistes sur l’Eurostar. C’est évidemment illégal, mais ce genre de pratique est monnaie courante.
Une coûteuse campagne de pub a été financée par une mystérieuse association, relayant des mensonges sur les soi-disant privilèges des cheminots et tentant de faire jouer la concurrence entre exploité.e.s. Le Point, l’Express, le Figaro, la Voix du Nord, Télé Loisirs, TV Magazine, Challenge, Valeurs Actuelles, Nice Matin… Derrière cette association, c’est un think-tank de patrons et de libéraux (tendance gros bâtards), l’IFRAP, qui tient les rennes.
La direction a là encore tout fait pour limiter le nombre de cheminot.e.s dans les rues de Paris. Arrêt de lignes permettant de rejoindre les grands axes, suppression des trains sur lesquels les grévistes avaient réservé des places. La SNCF n’a pas lésiné sur les petites combines ce 22 mars.
Le ridicule ne tue pas. La direction logistique interdit quasiment de distribuer des tracts sur les lieux de travail, même en heure de délégation syndicale.
Ces différentes techniques ne sont certainement que les prémices des différents outils qu’a affuté la direction pour contrer le mouvement contre la réforme du rail.
Face à un patronat-gouvernement et une direction qui ont décidé de se lancer dans une lutte à mort contre les cheminots, façon Thatcher contre les mineurs, pour dézinguer complétement l’un des derniers bastions ouvriers encore un peu combatif, les cheminot.e.s devront user de leur intelligence collective. Et certainement s’inspirer de leurs victoires passées, comme la grande grève de 1986/87, avec son lot d’AG autonomes, de coordinations nationales, d’occupations et de sabotages. Et faire l’impasse sur le qu’en-dira-t-on, cet éternel rabachage des médias qu’ils ressortent à chaque fois depuis 1946. C’est la lutte qui forge l’opinion, et non l’inverse !