Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le Gouvernement de l’époque dont le Premier Ministre Michel Debré hostile à l’indépendance de l’Algérie et le Préfet de Police Maurice Papon sous ses ordres. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la « force de police auxiliaire » – ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police.
57 ans après, la Vérité est partiellement en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la
République (François Hollande) avait certes fait un premier pas important, en déclarant : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Mais le terme de crime n’est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n’est pas clairement définie. Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à « honorer » les criminels de l’OAS.
Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises :
Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la Guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l’islamophobie dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.
On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. Après plus d’un demi-siècle, il est temps :
A l’occasion de ce 57ème anniversaire, nous exigeons Vérité et Justice.
Rassemblement le 17 Octobre 2018 à 18heures au Pont Saint Michel à PARIS
Signataires
Associations, Organisations Syndicales : 17 octobre contre l’Oubli, 4ACG (Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre), AFASPA (Association Française d’Amitié et Solidarité avec les Peuples d’Afrique), ANPROMEVO (Association Nationale de Protection de la Mémoire des Victimes de l’OAS), Amis de l’Algérie à Rennes, APCV (Association pour la Promotion de la Culture et du Voyage), ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants), Au Nom de la Mémoire, Association Maurice Audin, Emancipation – Tendance intersyndicale, Comité Vérité et Justice pour Charonne, FARR (Franco-Algériens Républicains Rassemblés), FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s), CAPJPO-EuroPalestine, CEDETIM/IPAM, Fondation Frantz Fanon, Fondation Copernic, Le 93 au Coeur de la République, LDH (Ligue des Droits de l’Homme), Les Amis de Max Marchand – Mouloud Feraoun et leurs Compagnons, Les Oranges, MRAP (Mouvement Contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples), Mouvement de la Paix, SNES-FSU, Solidaires, Sortir du Colonialisme,
Partis Politiques : EELV (Europe Ecologie les Verts), NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), Parti de Gauche, PCF (Parti Communiste Français)
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17 octobre 1961-2018 :
en mémoire du massacre des Algériens de Paris
Lutte ouvrière
Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens qui manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu que leur avait imposé le gouvernement subissaient une répression violente.
Les manifestants défendaient leur droit de manifester pour l’indépendance de l’Algérie. Des centaines de manifestants furent tués, des milliers arrêtés, emprisonnés, torturés, et nombre d’entre eux expulsés vers l’Algérie au cours de la répression organisée par la police du préfet Maurice Papon.
Le gouvernement vient de reconnaître que Maurice Audin avait été assassiné par l’armée française, victime d’un « système de torture généralisé ». Mais tous les crimes commis par l’armée et la police française pendant la guerre d’Algérie, sans parler des 130 ans d’oppression coloniale de la France, restent dans le déni. Il est même de bon ton de renvoyer dos à dos tous les protagonistes pour faire oublier qu’à l’époque il fallait choisir un camp, celui de la libération du peuple algérien du joug colonial.
Ceux qui n’ont rien oublié des crimes coloniaux de l’État français se retrouveront pont Saint-Michel, mercredi 17 octobre à 18 heures. D’autres rassemblements sont organisés à Colombes, Argenteuil, Nanterre, Bezons, Asnières et Gennevilliers, le même jour, entre 12 h 30 et 19 heures. Sous le titre « les ponts de la mémoire », il s’agit aussi de rappeler que la police française a liquidé bien des Algériens en les jetant à la Seine, et pas seulement le 17 octobre 1961.