Apparemment
– pas les gaz lacrymogènes réservés à leurs opposants qui osent manifester publiquement leur colère sociale
– pas les centaines de blessé-e-s grièvement par les forces de répression
– pas les milliards jetés aux actionnaires gloutons du CAC 40
– pas la casse des services publics et les privatisations
– pas leur train de vie d’élu-e-s, ni les rapports pécuniaires juteux de certain-e-s avec l’industrie pharmaceutique, suivez mon regard…
Alors ?
Nos joyeux drilles viennent d’apprendre que la région Centre Val de Loire, championne de France toutes catégories pour ses déserts médicaux, ne verra pas un étudiant de plus admis en deuxième année de médecine l’an prochain. Alors ils ruent dans les brancards ces nobles chevaliers, défenseurs de la veuve et de l’orphelin : « Scandaleux ! Parbleu vous dis-je, ma chère, c’est inacceptable !”
Comme d’hab, un coup de gueule pour draguer l’électeur et un coup de brosse à reluire au parlement pour sauver une future investiture. Vieille schizophrénie républicaine. On vote les pires saloperies et puis on verse des larmes de crocodiles devant le pôv’con d’électeur. L’augmentation de 13,5 % des places annoncée par le ministère ne bénéficiera donc pas à la région la plus pauvre de France. Logique, nous avions eu notre part généreusement allouée par Marisol une fois précédente. Alors ce coup-ci tintin ! Et pourtant même avec ce petit, tout petit, coup de pouce passé la région restait bonne lanterne rouge. A la vue de la réaction rapide (et bien molle) du Président de région, nos députés se devaient de réagir à leur tour, européennes obligent.
Alors ils, et elles, ont écrit à Agnès. Et surtout l’ont bien fait savoir. C’est tout ce qui compte car pour le reste ils, et elles, ont accompagné servilement toutes les décisions gouvernementales.
Et le catalogue des catastrophes est fourni dans la loi de santé.
Bien sûr rien pour tous les budgets hospitaliers de misère. Mais ça on connait. C’est la routine pour tous les ministres : » Expliquez moi ce dont vous avez besoin et je vous dirais comment vous en passer !”. Et la descente aux enfers continue de plus belle.
Agnès avait annoncé vouloir remettre en cause la tarification à l’activité. Rien n’est remis en cause bien sûr. Elle institue simplement le remplacement pour certaines prises en charge de la T2A par un forfait qui permettra d’appauvrir un peu plus l’hôpital public et d’arroser le secteur libéral avec qui ledit forfait sera partagé.
La suppression annoncée du « numerus clausus » à l’horizon 2020 est un chef d’oeuvre de bourrage de crâne et d’enfumage. Car qu’est-ce qui compte vraiment, la forme de la sélection ou la sélection elle même ? En effet pour les futurs étudiant-e-s cette sélection limitant le nombre de jeunes médecins dans le futur reste bien en place. Au lieu d’avoir lieu en fin de première année elle se déroulera sur trois ans. Et la vieille antienne de l’organisation de la pénurie sera rejouée une fois de plus. Avec de nouveaux atours !
Le « numerus clausus” institué en 1941 pour éliminer les médecins juifs des professions médicales reste une tache indélébile de l’histoire française. Mais cela c’est du lointain passé, promis.
Celui en vigueur actuellement a été institué en 1971 et appliqué avec zèle en 1979. Oubliée pour l’instant la sélection sur des critères racistes. Mais certains politiques qui s’imaginent déjà aux affaires y rêvent avec gourmandise.
Pour les gouvernants des années 70 il s’agissait de contourner l’accès libre aux études supérieures conquis en 1968. Avec l’accord de plusieurs syndicats médicaux corporatistes les différents gouvernements au pouvoir depuis cette date ont sciemment organisé la pénurie médicale, tablant sur la limitation du nombre de médecins (mais aussi de sage femmes, kinés, infirmières…) pour limiter les dépenses de l’assurance maladie. La conséquence est une véritable institutionnalisation de la pénurie qui permet de justifier, au nom de la sécurité, des milliers de fermetures de lits.
Et l’offre de soins est revue drastiquement à la baisse avec le classement par catégories des hôpitaux publics et les fameux hôpitaux de proximité (500 en métropole) qui verront fermer tous leurs services de soins aigus remplacés par du long séjour gériatrique. Ce véritable retour des hospices des années cinquante est une idée d’énarque géniale. C’est vrai que pour ces libéraux-gestionnaires il n’y a plus que des vieux bouseux dans de lointaines provinces. Alors à quoi bon leur offrir des soins de qualité ! Plus vite ils et elles crèveront, plus on fera d’économies. Pensions de retraites, maladie, dépendance tout cela coûte un « pognon de dingue” comme dirait le banquier-président. Alors en avant les éconocroques ! Le patronat crie famine, il faut le gaver.
La fermeture définitive à la hussarde de toutes les spécialités médico-chirurgicales des petits hôpitaux signe l’arrêt de mort de nombreux bassins de vie. Les postes médicaux ainsi économisés ne seront jamais redistribués vers les établissements dits de référence. Il suffit d’observer la vague de fermetures des petites maternités. Aucun poste n’a été déplacé vers les maternités survivantes à cet holocauste libéral. Parce que l’unique objectif n’est pas la réponse aux besoins de la population mais la baisse des effectifs médicaux hospitaliers avec son corollaire de baisse des effectifs non médicaux.
Et pour permettre d’accélérer les cadences dans les cabinets libéraux, en faisant de l’abattage et de l’encaissement de consultations à la chaine on va offrir des assistants médicaux payé-e-s par la collectivité à ces stakhanovistes du soin.
Enfin il n’y aura même plus besoin de se déplacer avec la géniale télémédecine. On est soigné à distance, on paie à distance et on meurt à distance. Seul comme un rat. Le monde qu’ils nous construisent est vraiment emballant.
Alors leurs larmes de crocodiles peuvent couler.
Pour nous l’accès aux soins de qualité et de proximité est un droit qu’il faut défendre. Tout simplement.
Des solutions il y en a :
– Moratoire immédiat sur les fermetures de services publics hospitaliers.
– Expropriation sans indemnités des actionnaires des cliniques et nationalisations des établissements lucratifs
– On forme les médecins et paramédicaux dont on a besoin, point barre.
– On arrête avec la sacro-sainte liberté d’installation.
– Les médecins doivent être salariés, et la sécurité sociale universelle doit remplacer toutes les pseudo mutuelles et l’assurance privée lucrative pour la prise en charge de l’accès aux soins.
– Même régime de sécurité sociale pour toutes et tous sans reste à charge.
Proche d’Agnes Buzyn, la Ministre de la Santé, Stéphanie Rist députée du Loiret a été particulièrement mise en cause, après l’annonce faite sur le numérus clausus. Celui -ci, c’est à dire le nombre d’étudiants en médecine admis en deuxième année, augmentera de 13,5% en France. Sauf en Centre-Val de Loire, pourtant région championne de France de la désertification médicale. Incompréhensible. François Bonneau, le président de région, est monté au créneau et cette fois ce sont les députés LREM, donc de la majorité qui à leur tour protestent. Y compris Stéphanie Rist.
Voici le communiqué des députés LREM de la région.
Nous, députés La République En Marche de la région Centre-Val de Loire*, sommes convaincus de l’urgence à lutter contre les déserts médicaux. Les habitants de notre région en souffrent depuis des décennies, la situation ne peut pas se prolonger pendant des années.
C’est d’ailleurs pour cela que nous avons voté en première lecture la loi Ma Santé 2022, qui apporte des réponses concrètes à cette souffrance. Sur le long terme d’une part, avec la suppression du numérus clausus dès 2020 et la possibilité pour les élus et associations de patients de donner leur avis sur le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine. Mais aussi sur le court terme, avec une réorganisation des soins de proximité et la labellisation de 500 hôpitaux de proximité ; la création d’un espace numérique donnant accès aux données de santé ; le développement de la télémédecine et des pratiques avancées (…).
Notre rôle est de voter la loi, mais il est aussi de nous assurer que la loi fonctionne, sur le terrain, dans nos territoires. Or il n’est pas acceptable que la région Centre-Val de Loire, la plus touchée par la désertification médicale, ne voit pas le nombre de jeunes médecins en formation augmenter dès l’année prochaine. Ce constat est inadmissible et incompréhensible pour les citoyens que nous représentons.
Chacun doit à présent prendre ses responsabilités. L’Université de Tours doit au plus vite augmenter le nombre de médecins en formation. Le gouvernement doit arbitrer en faveur d’un budget à la hauteur dans notre région pour accroitre massivement le taux d’encadrement des étudiants en médecine.
Nous demandons à être reçu au plus vite par le Premier Ministre, afin de lever ensemble les blocages à l’augmentation du nombre de jeunes médecins formés dans notre région, que nous appelons tous de nos vœux.
*Les députés La République En Marche de la région Centre-Val de Loire :
– Stéphanie Rist, députée du Loiret
– Philippe Chalumeau, député d’Indre-et-Loire
– Fabienne Colboc, députée d’Indre-et-Loire
– Francois Cormier-Bouligeon, député du Cher
– Caroline Janvier, députée du Loiret
– Francois Jolivet, député de l’Indre
– Guillaume Kasbarian, député d’Eure-et-Loir
– Loic Kervran, député du Cher
– Daniel Labaronne, député d’Indre-et-Loire
– Sabine Thillaye, députée d’Indre-et-Loire »