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Le coronavirus (2019-nCoV ou Covid-19) en France : informations médicales, réflexions et conseils pratiques

mercredi 12 février 2020, par ROUSSET Pierre

Il n’y a, à ce jour, pas d’épidémie du nouveau coronavirus (2019-nCoV, renomé Covid-19) en France, simplement un nombre limité de personnes affectées. L’évolution de la maladie reste néanmoins difficile à prévoir, et ce sur le plan international. Nous souhaitons dans cette page offrir quelques informations générales, souligner quelques enjeux de santé, fournir des liens et rassembler des recommandations diffusées par les services compétents. [1]

  Sommaire  

De nombreux articles sont mis en ligne sur notre site, en français et en anglais, concernant le nouveau coronavirus. On peut les retrouver via le mot-clé « Coronavirus » [2]

viral santé

Situation mondiale

Plus de trente pays et territoires sont touchés. L’expansion du coronavirus 2019-nCoV est donc internationale, bien qu’inégale suivant les continents et régions. L’Europe fait partie des zones concernées. Cependant, il n’y a pour l’heure qu’en Chine qu’il y a une véritable épidémie. Il n’est pas encore possible de prévoir ce que sera la progression ultérieure de la maladie.

 Situation en France

Selon le ministère de la Santé, il y avait en France au 10 février dernier, onze cas « avérés » de contamination par le 2019-nCoV. Cinq malades (des Britanniques) se trouvaient dans la station alpine de Contamines-Montjoie, où ils avaient été infectés lors de la visite d’un compatriote revenant de Singapour. On aurait pu craindre une diffusion locale de la maladie. Des opérations de dépistages ont été menées, sans qu’aucun autre cas n’ait été décelé.

L’état de l’un des malades, un touriste chinois, est préoccupant (sa prise en charge a été tardive à la suite d’une erreur de diagnostic, mais il s’agit aussi d’une personne âgée, très sensible aux pneumopathies). Celui des dix autres, hospitalisés en isolement, n’est pas jugé préoccupant.

Pour l’heure, à la question « que faire », la réponse est donc : rien de spécial. Les cas sont extrêmement rares et il n’y a pas d’épidémie.

C’est d’autant plus important de le souligner qu’un climat anxiogène, favorisé un temps par une surmédiatisation, suscite des explosions de comportements racistes, en l’occurrence contre les personnes au profil est-asiatique. Il importe évidemment de combattre systématiquement ces comportements.

Autre point de clarification : le coronavirus ne survit que quelques heures (2 ou 3 ?) sur une surface inerte (matériaux…, c’est-à-dire qui n’est pas un tissu vivant) et sèche. Des colis arrivant de Chine ne peuvent donc pas être infectés (par plus que la nourriture cuite – en cas d’infection, il faut en revanche se garder de la chair crue ou peu cuite).

Si la question du nouveau coronavirus peut raisonnablement inquiéter, c’est que l’évolution de la maladie est imprévisible et qu’il faudra du temps pour que des vaccins soient mis au point. C’est aussi parce que l’efficacité de la réponse à une éventuelle épidémie dépend de la qualité du service public de santé sur l’ensemble du territoire et que ce dernier est en crise du fait, en particulier, des politiques austéritaires imposées par le gouvernement. On y reviendra à partir de ce que nous enseigne en ce domaine l’historique de l’épidémie en Chine.

Avant cela, retour sur quelques informations concrètes.

 Les symptômes

Les symptômes d’une infection au nouveau coronavirus combinent de la fièvre, une toux, un essoufflement et des difficultés respiratoires (d’autres affections peuvent présenter des symptômes similaires).

Quand ces symptômes sont présents, sauf en cas de difficulté de communication, il est demandé de ne PAS se rendre aux urgences des hôpitaux pour éviter un risque de contamination, mais de téléphoner à son médecin ou au Samu Centre, le 15. Le ministère de la Santé a aussi ouvert une plateforme téléphonique d’information : 0800 130 000

Après avoir téléphoné, il ne faut pas sortir de chez soi (ou de l’endroit où l’on se trouve) en attendant la venue du Samu si son état est jugé problématique.

 Les mesures prévenants la diffusion de la maladie

Ce sont les mêmes que pour toute maladie infectieuse se transmettant par voie aérienne (et secondairement au touché), et non, par exemple, à la suite d’une piqure de moustique, comme la dengue. Il faut un contact étroit et prolongé. Dans le cas où il y a risque d’infection, il faut en particulier [3] :

Une information diffusée rapidement à l’ensemble de la population.

Se moucher dans un mouchoir en papier à usage unique, ne pas le jeter à terre, mais dans un endroit où il ne sera pas touché par une autre personne. Ne pas cracher à terre.

Eternuer dans son coude, se couvrir la bouche et le nez lors de la toux ou des éternuements (se désinfecter les mains après, si nécessaire).

Se laver régulièrement et soigneusement les mains à l’eau et au savon. La friction hydro-alcoolique est aussi très efficace. Le lavage des mains est à privilégier si elles sont souillées, sinon la friction est plus facile à réaliser fréquemment.

Quand on ne s’est pas lavé les mains, ne pas porter ses doigts au visage (bouches, nez, yeux) – pas facile !…

Maintenir une distance d’au moins un mètre (ou deux ?) avec les autres personnes.

Eventuellement, porter gans et masque, mais lequel ?

 La question des masques

Il existe deux types de masques [4].

Le masque chirurgical . Ce type de masques « anti-projection » est conçu pour protéger les autres. Un chirurgien, pour éviter que ses postillons n’infectent le malade qu’il opère. Pour nous, si nous sommes contagieux. Il n’est pas conçu pour protéger les personnes qui ne sont pas malades. Il évite la transmission d’agents infectieux par voie de gouttelettes (salive…) ou par voie aérienne (fines particules de moins de 5 microns).

Il y a des pays (le Japon est souvent cité) ou il est normal de porter un masque chirurgical dès que l’on est infectieux (un gros rhume, la grippe…). C’est un acte civique de bon sens. Malheureusement, en France, ce n’est pas dans les habitudes ; alors des personnes portant un masque peuvent être traitées comme des pestiférées, injuriées (en particulier, aujourd’hui, si elles ont un physique est-asiatique). Un comble !

Le masque chirurgical peut également protéger les personnes saines dans certains cas, à savoir une transmission de type « gouttelettes » (grippes et autres) et s’il n’y a pas de contact trop rapproché avec les sécrétions du malade. La protection assurée par le masque chirurgical pour les personnes qui ne sont pas malades n’est jamais complète, il faut donc maintenir les autres mesures mentionnées ci-dessus.

Le masque respiratoire . Ce type de masques est conçu pour protéger une personne en bonne santé. Dans les cas de coronavirus on préconise l’utilisation de masques protection « air » (de type FFP2). Ces masques étant bien plus chers et moins nombreux, ils ne peuvent être utilisés actuellement que par les personnels soignants.

Elimination des masques. Les masques n’ont qu’une durée d’efficacité limitée (8 heures maximum, ou moins ?). Une fois qu’un masque a été utilisé, il doit être proprement jeté, jamais réutilisé. Il doit être jeté dans une poubelle, si possible équipée d’un couvercle et munie d’un sac plastique. L’élimination se fait par la filière des ordures ménagères.

Le milieu humide du masque favorise le maintien en vie des virus. Il en faut donc un neuf au moins tous les jours.

Pour la solidarité, il serait important d’envoyer des masques en quantité dans des zones affectées, comme Hong Kong, mais ils sont en rupture de stock en France et dans beaucoup d’autres pays. La pénurie mondiale est aujourd’hui telle que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) elle-même n’arrive pas à équiper toutes les équipes soignantes.

En France, où la production est accélérée, les masques sont destinés en priorité au personnel médical (qui les reçoit aujourd’hui encore au compte-goutte). Il se trouvera, en effet, en première ligne en cas d’épidémie. Le personnel soignant en contact avec des malades a besoin d’une tenue complète de protection. Dans les pays où se développe une épidémie vitalement dangereuse, quand la protection du personnel de santé n’est pas suffisante, la mortalité est très élevée chez les docteur.es, infirmières, brancardiers, aide-soignantes, etc. C’est le cas en Chine.

 Les coronavirus et leur traitement

Les coronavirus forment une vaste famille de virus présents chez l’homme et chez l’animal. Ceux qui touchent l’être humain peuvent entraîner des manifestations diverses allant du simple rhume à des maladies plus graves, s’attaquant notamment aux poumons, comme le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS).

Un « nouveau » coronavirus (CoV) est une nouvelle souche de coronavirus qui n’avait encore jamais été identifiée chez l’être humain. C’est le cas du 2019-nCoV. Il appartient à la même famille de virus que celui du SRAS, mais il ne s’agit pas du même.

Le coronavirus n’étant pas une bactérie, il ne peut être traité par des antibiotiques. En l’absence de vaccin ou d’antiviral efficace, on isole les malades et on s’attaque aux symptômes. Le taux de guérison est très élevé, le taux de mortalité très bas.

Le blocus d’une région est une mesure très discutée, considérée par beaucoup de spécialistes comme inefficace, voire contre-productive (y compris pour des raisons politiques). La mise en quarantaine pendant un maximum de 14 jours de personnes susceptibles d’avoir été contaminées est en revanche standard.

Pour l’heure, il apparaît qu’une personne infectée n’est pas contagieuse avant que les symptômes de la maladie n’apparaissent, ce qui facilite grandement la lutte contre sa diffusion. En revanche, la pathologie étant nouvelle et encore mal connue, il faut rester prudents et n’éliminer aucune possibilité sur les évolution à venir.

 La dynamique d’une épidémie de 2019-nCoV

Le 2019-nCoV a d’ores et déjà été « décrypté », séquencé, ce qui permet de travailler sur des vaccins et s’appuyant notamment sur ceux qui avaient été mis au point pour de précédents coronavirus, proches, comme le SARS. Cependant, ils sont susceptibles de muter, de s’adapter (comme le virus de la grippe).

La Chine offre la seule « base de données » sur laquelle travailler pour comprendre les origines [5] et la dynamique de l’épidémie, une question décisive ; or, si les centres de recherches chinois ont partagé le séquencement du 2019-nCoV (ce qui permet une recherche internationale de vaccins), le gouvernement ne fournit pas un historique complet et fiable de l’épidémie. On le sait aujourd’hui avec certitude [6].

L’OMS et l’ONU ont salué la « transparence » du gouvernement chinois et son combat contre l’épidémie ; mais on quitte ici le domaine de l’information médicale pour entrer en politique. Sachant que Pékin a été tout sauf transparent, ces déclarations ont été vertement critiquées. Cela nous rappelle que l’OMS et un organisme intergouvernemental et en subit les contraintes. Vue l’importance de ses contributions financières, le poids de la Chine est considérable au sein des institutions internationales. Il ne faut pas l’oublier. L’OMS reste, bien entendu, une source médicale indispensable en cas d’alerte santé.

Pour diverses raisons, les données officielles chinoises concernant l’historique de l’infection, le nombre de malades, le taux de guérison ou de mortalité ne sont pas fiables.

Il est possible qu’un nombre significatif de personnes touchées par une forme bénigne de la maladie n’aient pas jugé nécessaire de se déclarer malades, jugeant leur état banal.

La deuxième raison est d’ordre politique. Le pouvoir a tenté au moins un mois durant de cacher l’information, jetant en prison des lanceurs d’alerte, comme le docteur Li Wenliang, aujourd’hui décédé après avoir été lui-même infecté par 2019-nCoV (il est célébré dans la population comme un héros et un martyr). L’OMS n’a été donc été elle-même avertie qu’avec beaucoup de retard, puis Pékin a pesé de tout son poids pour qu’elle tarde à décréter une urgence internationale, de peur notamment des possibles conséquences économiques. Aujourd’hui encore, le régime chinois interdit à l’Organisation mondiale de la Santé de travailler avec Taïwan, considérée comme une province chinoise.

D’autres raisons tiennent au système de santé chinois. Les centres de santé locaux n’ont ni le personnel formé ni les moyens techniques pour faire face à une épidémie de ce genre. Il n’y a pas assez de kits permettant de tester les malades. Les hôpitaux de pointe sont privés, chers, et les inégalités face à la maladie très grandes. Aujourd’hui, l’Etat prend certes en charge les frais d’hospitalisation pour les victimes du coronavirus, encore faut-il être officiellement reconnu tel.

Si l’alerte avait été lancée dès novembre 2019 et des mesures avaient été prises immédiatement, il est possible, voire probable, que le risque d’épidémie ait été tué dans l’œuf [7].

Les protestations se multiplient en Chine même et sur le plan international contre un régime autoritaire, le contrôle social qu’il exerce, l’absence et transparence et la répression du droit d’expression. Ces critiques sont parfaitement justifiées.

La question que l’on doit cependant se poser est : n’avons-nous aucune leçon à tirer du désastre chinois ? Notre « démocratie » est-elle protégée de tels errements ?

Les personnels concernés ne cessent de dénoncer l’effondrement du service de santé public dans notre pays.

Pour des raisons d’incompétence, de corruption, de subordination aux lobbies (Big-Pharma, BTP, automobile…), d’autoprotection, d’étouffement judiciaire, les scandales sanitaires se sont succédé : amiante, diesel, médiator…

Les autorités ont plus d’une fois menti (le fameux nuage de Tchernobyl…) et ont sciemment renoncé à se donner les moyens de suivre des populations à risque, comme les intérimaires du nucléaire civil ou les victimes des essais nucléaires militaires. Cela a encore été le cas lors de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen : le gouvernement a refusé d’effectuer massivement des prises de sang alors que le précédent de Seveso avait montré que c’était la seule façon de pouvoir ultérieurement évaluer l’impact de telles pollutions chimiques multiples.

La « leçon chinoise », c’est bien qu’il faut reconsolider, en France, sans attendre le service de santé publique sur l’ensemble du territoire au lieu d’annoncer que l’on devra, en cas d’épidémie, « faire avec », à savoir avec un nombre très limité de salles de soin à pression négative (l’air peut y entrer, pas en sortir), puis isoler des malades dans des chambres en hôpitaux et, une fois les services débordés, confiner les patients les moins gravement touchés (?)… chez eux, en famille… [8]

La montée de la pauvreté, des inégalités et de la précarité, le délitement du tissu social, ont aussi des incidences sur la résistance d’une société aux épidémies. La multiplication des échanges internationaux favorise la diffusion des maladies contagieuses. L’ordre néolibéral érode de plus d’une façon les capacités de défense de nos sociétés.

Pierre Rousset

 Références, sources d’information et quelques liens

Institutions médicales et gouvernementales

Organisation mondiale de la Santé (OMS) :
https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019

Gouvernement français

https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus

https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/coronavirus/coronavirus-questions-reponses#Les-recommandations-sur-le-territoire-francais

Plateforme téléphonique d’information du ministère de la Santé : 0800 130 000

Conseils aux voyageurs

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/
Pierre Rousset

 

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Cette entrée a été publiée le 13 février 2020 par dans anticapitalisme, santé, URGENCES.
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