Alors que les syndicats UNSA, CGT et Sud tentent de sauver 200 emplois menacés dans l’usine Châlettoise, les salariés de l’atelier « flexibles », condamné, luttent pour sauver leur emploi !
82 des 83 salariés de l’atelier flexibles de l’usine Hutchinson de Châlette-sur-Loing ont entamé un mouvement de grève depuis mardi 6 octobre. « Des grèves de plus de trois jours, ça fait bien longtemps qu’on en n’a pas eu », avoue Mahmut Arslan, secrétaire de la section syndicale Unsa de l’usine.
La détermination des ouvriers est à la mesure de l’enjeu : la fermeture annoncée, d’ici fin mai, de cet atelier qui fabrique des tuyaux de caoutchouc pour l’automobile.
Depuis le 5 juin, près d’un millier d’emplois sont menacés chez Hutchinson France, dont 197 à Châlette, usine historique et plus grand site de la société (groupe Total) en France.
Hutchinson n’a pas fait appel au chômage partiel de l’Etat pour pouvoir reverser des dividendes aux actionnaires
« Avec cette décision, c’est la fin de l’activité “flexibles” en France », se désole un salarié.
MACRON voulait relocaliser des productions en France ? La preuve de ses mensonges !
La production châlettoise est destinée à partir en Pologne et au Portugal. « Ils veulent transférer au Portugal, où les salaires sont à 600 euros. Ils gagneront sur les salaires, mais ils vendront la pièce aussi cher aux constructeurs », dénonce un autre.
Dans les prochains mois, l’équipementier souhaite réduire ses effectifs via un plan de ruptures conventionnelles collectives. « Sans les remplacer, car ce seront bien des suppressions d’emplois », précise Mahmut Arslan, qui dénonce la position de l’entreprise : « Et les 15 milliards de Macron pour relocaliser les productions en France ? La politique de la direction, c’est de ne pas en bénéficier pour pouvoir délocaliser. C’est à l’Etat de taper du poing sur la table. » : Mahmut Arslan (Unsa), secrétaire de la section Unsa de l’usine.
Faurecia, autre équipementier automobile fortement implanté dans le Montargois, a au contraire décidé de relocaliser une partie de sa production à Nogent-sur-Vernisson. « Eux ont fait le choix d’investir dans le savoir-faire. Le savoir-faire est en France, et après ce sont nos idées, nos moules et nos outils qui partent ailleurs. »
Les 83 ouvriers de l’atelier, eux, seront reclassés : « Mais c’est un emploi qu’on perd : on doit tout recommencer, notre savoir-faire depuis 30 ans part en fumée », s’insurge l’un d’eux.
Selon les syndicats, le groupe Hutchinson, qui a réalisé 4,3 milliards de chiffre d’affaires en 2019, n’est pas aussi impactée par la crise sanitaire qu’annoncé : « Du travail, il y en a, de l’argent aussi : durant le confinement, Hutchinson n’a pas fait appel au chômage partiel de l’Etat pour pouvoir reverser des dividendes aux actionnaires », rappelle Mahmut Arslan.
« Ils ont besoin d’un stock le temps de démonter la robotique pour la transférer », prévoit l’un des grévistes.
« Il y a actuellement 200 intérimaires a Châlette. 70 embauchés en trois semaines. Quelle lecture avoir ? La direction France avançait une baisse de chiffre d’affaires de 18 % avec le Covid. Un expert annonce finalement – 8 %. Et ça, on le ressent dans les ateliers. On est remonté à un niveau avant Covid », estime Mahmut Arslan.
L’atelier pourrait fermer fin mai 2021 et sa production partir en Pologne et au Portugal, craignent les syndicats.
Pour le maire de Châlette, « le Covid a bon dos »
Frank Demaumont, le maire de Châlette-sur-Loing, soutient sans réserve les grévistes. Pour lui, « le Covid a bon dos. Cette restructuration était prévue bien avant. C’est dans la droite ligne des délocalisations auxquelles on assiste depuis vingt ans au moins. C’est à l’Etat, aux parlementaires d’agir. Depuis que Jean-Pierre Door est député, Hutchinson a perdu 2.000 emplois. »
Contactée, la direction d’Hutchinson n’a pas souhaité commenter le mouvement enclenché par une partie de ses salariés.
Le mouvement va-t-il se poursuivre ? Pour les syndicats Unsa, Sud et CGT*, « les salariés de l’atelier n’accepteront aucune mobilité et resteront sur leurs postes. On fera tout pour que les machines ne partent pas fin mai, ni les productions. »
Première option pour eux : « Ralentir les cadences. Rien dans nos contrats ne nous impose un nombre de pièces. Il ne faut pas rêver, on ne va pas les aider ».
(*) Les autres syndicats, CFE-CGC, FO et CFDT ont capitulé et ont signé l’accord avec la direction laissant les salariéEs dans la panade !!!!!!
Jean-Baptiste Dos Ramos La République du Centre.
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