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Mobilisons-nous : Le Comité de suivi des retraites évoque la piste d’un relèvement de l’âge de départ !

Le Monde

Ceux qui imaginaient que le débat sur les retraites était enterré pour un bout de temps vont devoir réviser leur jugement. Dans un avis communiqué lundi 21 décembre au premier ministre, Jean Castex, un groupe d’experts indique que l’une des solutions à envisager, à terme, pour combler le déficit de notre système de pensions est de relever l’âge auquel on peut faire valoir ses droits à la retraite. Il ne s’agit pas d’une préconisation à appliquer tout de go mais plutôt d’une piste à étudier dans les prochaines années, en raison de déséquilibres financiers structurels. Cette idée est mise en avant, avec beaucoup de prudence, au moment où les comptes des régimes de retraite, pris dans leur globalité, plongent dans le rouge, à cause de la récession liée à l’épidémie de Covid-19.

L’avis rendu public lundi émane du Comité de suivi des retraites (CSR), actuellement présidé par Didier Blanchet, directeur des études et synthèses économiques à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Fondée en 2014, cette instance est, comme son intitulé le laisse entendre, chargée de veiller aux évolutions du système de pensions, sous plusieurs dimensions : besoins de financement, équité entre les générations ainsi qu’entre les hommes et les femmes, etc. Le cas échéant, le CSR formule des recommandations. L’usage veut qu’il se prononce une fois par an, peu avant la mi-juillet, sur la base des projections du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui, en temps ordinaire, produit un rapport chaque mois de juin. Mais tout cet ordonnancement a été chamboulé par la crise due à la pandémie de Covid-19, ce qui explique la date inhabituelle à laquelle ces deux structures ont remis leur copie en 2020 (fin novembre pour le COR et au début de l’hiver, donc, s’agissant du CSR).

Compte tenu des missions confiées au Comité de suivi, l’avis qu’il devait rendre cette fois-ci était guetté avec beaucoup de curiosité. L’une des questions qui se posait était en effet de savoir s’il allait exhorter le gouvernement à prendre des mesures douloureuses afin de combler le trou du système (estimé à – 23,4 milliards d’euros en 2020 par le COR). La réponse est non : cette année, le CSR s’abstient de formuler la moindre recommandation, contrairement aux trois éditions précédentes. Un choix justifié par le fait que ses suggestions ne pourraient éventuellement être reprises que dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 – celui pour 2021 ayant déjà été adopté. Dès lors, explique le CSR, il vaut mieux attendre le prochain rapport annuel du COR, en juin 2021 normalement, avec des projections mises à jour, pour émettre des préconisations.

A court terme, laisser filer le déficit

Pour autant, le CSR ne renonce pas à son rôle de vigie, puisqu’il propose de « baliser les pistes disponibles pour tenir compte des effets de la crise et traiter des problèmes plus structurels auxquels le système de retraite reste confronté ». C’est au nom de cette logique qu’il entend « alerter » les pouvoirs publics sur la situation du dispositif : celui-ci restera « sous-financé sur les vingt-cinq prochaines années », quels que soient les scénarios et conventions comptables retenus (à une ou deux exceptions près).

Cependant, le Comité de suivi souligne que son « message » est « à différencier selon l’horizon de décision ». Pour 2020 et 2021, « le seul vrai choix » est de laisser filer le déficit, celui-ci « se transform[ant] en supplément de dette publique », ou de ponctionner, avec modération, dans les réserves financières du système. Deux « politiques » qui ont commencé, du reste, à être mises en œuvre conjointement. Ensuite, il conviendra de réfléchir à une « méthode » et à un « calendrier », de manière à assainir les comptes.

Plusieurs options sont mentionnées. L’une pourrait consister à « poser la question du niveau d’indexation » des pensions : doivent-elles progresser moins vite, voire être gelées temporairement, par exemple pour ceux qui sont en haut de l’échelle des revenus ? Une telle hypothèse n’est pas illégitime aux yeux du comité, dans la mesure où, durant la crise, les retraités ont globalement vu leur niveau de vie s’améliorer, comparé à celui de l’ensemble de la population – le CSR rappelant toutefois que la donne s’inversera dans les décennies à venir.

Au-delà du « très court terme » et en fonction des besoins de financement, « on pourra choisir d’activer les autres leviers » disponibles, complète le CSR, qui cite « en priorité l’âge de liquidation », c’est-à-dire l’âge à partir duquel une personne peut réclamer le paiement de sa pension (celui-ci étant de 62 ans pour le droit commun). Il subsiste, selon le comité, « une marge d’ajustement » sur ce paramètre, c’est-à-dire qu’il peut être augmenté sans porter atteinte à la durée passée à la retraite car, en parallèle, l’espérance de vie continue de s’accroître. Alors que la réforme du système universel a été suspendue en mars, le CSR ne précise pas de quelle façon les arbitrages doivent être rendus car cela appartient, dit-il, au pouvoir politique. Dans un communiqué, lundi, M. Castex a indiqué que le gouvernement « prend note » de « ces observations qui aideront à nourrir le moment venu le dialogue social sur la stratégie de redressement du système de retraite ».

« Solution la plus efficace »

Sans attendre, la suggestion du CSR hérisse les syndicats. Si Frédéric Sève, chargé du dossier à la CFDT, reconnaît « qu’à terme, il va falloir repenser l’équilibre du système », pour la centrale de Belleville, à Paris, cela « ne veut pas dire faire des économies à l’aveugle » mais « avec un souci de justice »« Il y a une grande inégalité devant l’espérance de vie comme devant le prolongement d’activité, juge-t-il. On ne peut pas imposer le même effort sans tenir compte de cela. » Une préoccupation qui est d’ailleurs présente dans l’avis du comité : les « disparités de situation individuelle », écrit-il, doivent être prises en considération.

Catherine Perret, numéro deux de la CGT, affirme, elle, que « le CSR propose toujours le même refrain ». « Faire travailler les gens plus longtemps, la bonne blague, alors que les seniors sont hors de l’emploi bien avant 60 ans et que la jeunesse se désespère de trouver un emploi », critique-t-elle. Quand on « exclut toute augmentation des contributions patronales (…), quand on ne peut raisonnablement pas diminuer les pensions des retraités qui subissent (…), la seule solution évidente serait d’augmenter l’âge de départ à la retraite », déplore également Michel Beaugas (Force ouvrière).La solution, à ses yeux, serait de « mieux répartir les gains de productivité des salariés en leur permettant de partir dès qu’ils le peuvent à la retraite avec un bon niveau de pension ».

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, la proposition de retarder la liquidation des droits des assurées ne constitue pas non plus « une surprise » « Tout le monde sait que c’est la solution la plus efficace. » Le patron des patrons plaide depuis un moment pour une mesure d’âge afin de remettre les comptes dans le vert mais pas « tant que la crise sanitaire et sociale dure ». Quant à Eric Chevée (CPME), il rappelle que sa confédération « a toujours porté l’idée d’un relèvement des droits à 63 ans ainsi que celle d’une réforme systémique apportant plus de justice sociale. Aujourd’hui, on voit bien, compte tenu de la crise, que l’échéance de la réforme systémique s’éloigne ». « Mais à titre conservatoire pour préserver l’avenir, un relèvement de l’âge de départ ne choquerait pas », veut-il croire.

Bertrand Bissuel et Raphaëlle Besse Desmoulières

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