Le 8 mars 1917, à l’occasion de la Journée des femmes, des travailleurs défilent paisiblement à Petrograd.
La manifestation se dégrade très vite tourne à l’émeute. Elle entraîne en quelques jours l’effondrement du régime tsariste. Une semaine plus tard, Nicolas II abdique et laisse la place à une République démocratique. Celle-ci s’effondrera à son tour neuf mois plus tard, laissant le pouvoir aux Soviets…
De Sankt Petersburg à Petrograd
La capitale impériale, fondée par Pierre le Grand sous le nom de Sankt Petersburg (la « ville de Saint-Pierre » en allemand), a russifié son nom en Petrograd lorsque le pays est entré en guerre contre l’Allemagne en 1914.
Un effondrement brutal
Les difficultés d’approvisionnement liées au froid et à la guerre sur le front austro-allemand poussent un grand nombre d’ouvriers des usines Poutilov, les plus importantes de la ville, à faire grève et à se joindre au défilé. Ils réclament du pain, la paix et… la République ! Des cris fusent : «A bas l’autocratie».
Cette manifestation pacifique marque le début de la fin pour Nicolas II. Le tsar est englué dans les difficultés de la Grande Guerre, qu’il a contribué à provoquer trois ans plus tôt.
Dans la capitale russe, les manifestations se succèdent et s’amplifient les jours suivants.
Le dimanche 11 mars, l’armée fait face à 200 000 manifestants. Les officiers obligent alors les soldats à «viser au coeur». On relève 40 morts. Mais le lendemain, soldats et ouvriers fraternisent. Ils créent le Soviet (ou conseil) des ouvriers et soldats de Petrograd.
Emmenés par le populaire avocat Alexandre Kerenski, les députés socialistes de la Douma (l’assemblée législative) se rallient au Soviet de Petrograd. Le 15 mars, ils confient le gouvernement à un noble libéral, le prince Lvov. Deux émissaires se rendent au-devant du tsar, au quartier général des armées du nord, à Pskov. Nicolas II abdique dans la soirée même, soulagé d’être délivré d’un pouvoir qui lui pesait. Son frère, le grand-duc Michel, ne souhaite pas le remplacer. C’en est fini de l’Empire et de la dynastie des Romanov.
Au terme de ces Cinq Jours, au prix d’un nombre limité de victimes, la Révolution a vaincu. Malgré la poursuite de la guerre, la Russie va vivre dans les mois suivants dans une très grande euphorie démocratique, sans que la guerre s’arrête et que les privations de la population cessent !
Le poids de la guerre et le choc des Soviets
Le nouveau régime est accueilli avec chaleur par les alliés anglais et français, qui peuvent ainsi plus clairement afficher l’union des « démocraties » contre les Empires centraux (Allemagne, Autriche) et la Turquie.
Mais la guerre ne permet pas d’organiser de nouvelles élections ni d’élire une assemblée constituante. En attendant des jours meilleurs, le gouvernement provisoire doit composer avec le Soviet de Petrograd.
Le Soviet réclame d’emblée une paix immédiate et sans annexions ainsi que la distribution des terres aux paysans, des slogans accueillis avec enthousiasme dans les armées et les campagnes.
Par l’ordre du jour N°1 du 27 mars 1917, le Soviet demande la constitution dans toutes les unités combattantes de conseils composés de représentants élus par les soldats. Cette mesure a pour effet de briser la discipline dans les armées.
Questions de calendrier
La première Révolution russe est dite de Février parce qu’elle s’est déroulée en février selon le calendrier julien, qui avait alors treize jours de décalage sur le calendrier grégorien moderne et est resté en vigueur en Russie jusqu’en 1918 ; la seconde est dite d’Octobre.