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IKEA CA SUFFIT ! LA DIRECTION ESCLAVAGISTE DEHORS !

Procès Ikea France: des salariés espionnés pour leurs activités syndicales?

C’est l’un des magasins au coeur de l’affaire dite d’espionnage chez Ikea France. Au deuxième jour du procès, le tribunal a cherché à établir les responsabilités concernant des recherches illégales sur des syndicalistes du magasin de Franconville (Val-d’Oise).

Dans ce magasin, théâtre d’importantes grèves en 2010, des salariés syndiqués ont dévoilé des pratiques de surveillance dont ils s’estimaient victimes, aboutissant à l’ouverture d’une information judiciaire en 2012.

Selon l’accusation, plusieurs centaines de personnes ont été passées au crible dans le pays, leurs antécédents judiciaires ou leur train de vie scrupuleusement examinés.

A Franconville, l’une d’elles est l’ancien délégué syndical Force ouvrière (FO) Adel Amara. « Ce procès doit être exemplaire. Ils ont violé notre intimité », a-t-il déclaré lundi avant l’ouverture du procès au tribunal correctionnel de Versailles.

Ikea : à Franconville, le licenciement de deux syndicalistes annulé par l’inspection du travail !

La direction leur reprochait plusieurs faits survenus à l’intérieur du magasin lors d’une grève les 11 et 12 décembre 2020.

Le délégué syndical et un représentant au CSE ont été convoqués à un entretien disciplinaire après la grève du 11 et 12 décembre. Celle-ci visait notamment à dénoncer une dégradation des conditions de travail depuis la crise sanitaire.

La direction leur reprochait plusieurs faits survenus à l’intérieur du magasin lors d’une grève les 11 et 12 décembre 2020.

C’est une victoire pour le syndicat CGT du magasin Ikea de Franconville (Val-d’Oise). Le licenciement de deux élus du personnel a été refusé par l’inspection du travail. La direction, qui a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait déposer un recours contentieux auprès du tribunal administratif, leur reprochait d’avoir commis plusieurs fautes lors d’ une grève les 11 et 12 décembre 2020, déclenchée pour obtenir le maintien d’une prime. Les deux salariés, Nouredine et Mehdi, avaient été convoqués à un entretien préalable de licenciement le 29 décembre. Quelques dizaines de salariés, de sympathisants et de militants politiques étaient venus les soutenir.

La décision de l’inspection du travail concernant Nouredine balaye la plupart des accusations de la direction, qui visait également Mehdi. Elle lui reprochait d’avoir déplacé des palettes devant la ligne de caisses « afin d’entraver le bon fonctionnement du magasin ». Elle estimait qu’il avait ensuite incité les salariés à former une chaîne humaine pour empêcher le retrait des palettes. Enfin, son employeur jugeait qu’il avait proféré des propos humiliants et menaçants à l’égard de la directrice et de deux cadres.

«Aucune dégradation ni aucune violence»

L’inspection du travail ne retient que deux éléments à l’encontre de Nouredine : le fait d’avoir manipulé des palettes de son propre chef en dehors de ses heures de travail et de les avoir placées à la sortie des lignes de caisse.

Dans les deux cas, l’inspection du travail estime que cela ne constitue pas un motif de licenciement. Ces palettes avaient été laissées dans des allées par l’équipe logistique du soir. « Ils avaient débrayé et ne les avaient pas rangées », explique Nouredine. Il a donc pris un transpalette pour les déplacer vers les caisses. « C’est une zone qui est prévue pour ça », ajoute-t-il.

« Il n’a pas été porté atteinte à la liberté du travail. Aucune dégradation ni aucune violence, qui aurait perturbé la réouverture du magasin, n’a été commise », écrit l’inspection du travail après examen des faits. Ces palettes n’ont pas entravé le passage des clients car les faits se sont produits entre 22 h 30 et 4 heures.

Pas de faute selon l’inspection du travail

L’inspection de travail relève que la direction aurait très bien pu les déplacer. C’est d’ailleurs en manipulant un transpalette pour retirer les palettes que le directeur adjoint aurait foncé vers une gréviste. C’est à ce moment-là que Nouredine aurait appelé à former une chaîne humaine.

« L’inspection du travail a très bien compris que c’était une réaction défensive face à l’attitude du directeur adjoint », explique-t-il. C’est à la suite de cet événement qu’auraient été proférés les propos que la direction reproche au syndicaliste : « T’assumes rien, Delphine ! », « Dégage-le d’ici », « Il nous veut du mal, ça se voit à son regard »… La nature conflictuelle de la grève, l’usage courant du tutoiement chez Ikea et le rapport avec l’usage du transpalette ont conduit l’inspecteur du travail à conclure qu’il ne s’agissait pas d’une faute.

La direction épinglée

Si l’inspection du travail exonère les deux élus du personnel, en revanche, elle épingle la direction sur la façon dont elle a conduit ces licenciements. Trois attestions fournies par les cadres n’ont pas été transmises au comité social et économique (CSE), au moment où il devait se prononcer sur les licenciements, le 4 janvier. Or, ces témoignages sont datés du 27 et 29 décembre. L’inspection du travail souligne qu’il était essentiel que le CSE dispose de ces documents. De même, elle estime que cette instance aurait dû avoir accès aux images de surveillance, ce qui n’a pas été le cas.

Des dizaines de salariés, de sympathisants et militants sont venues les soutenir. La CGT du magasin Ikea de Franconville ( Val-d’Oise ) appelait à un rassemblement ce mardi matin pour montrer leur solidarité à deux membres du syndicat avant leur entretien préalable à un licenciement. Le délégué syndical, Fouad-Mehdi, et un élu du CSE, Nourdine, ont reçu un courrier le 18 décembre pour les convoquer à ce rendez-vous et leur signifier leur mise à pied conservatoire immédiate.

Pour Hocine Redouani, délégué central CGT d’Ikea, les sanctions qu’envisage la direction sont en relation avec la grève du 11 et 12 décembre, qui a concerné plusieurs sites en France. Celle-ci avait été renouvelée le 19 décembre.

« C’est une façon de casser la grève, on l’a bien compris. Ils font la même chose un peu partout. C’est une politique nationale qui vise à descendre la CGT », estime-t-il. Ce mouvement lancé par plusieurs organisations syndicales visait à protester notamment contre la suppression d’une prime de participation.

Des conditions de travail dégradées avec le Covid

« Depuis l’implantation d’Ikea en France, c’est la première fois qu’elle n’est pas versée, souligne Hocine Redouani. Ils disent qu’on a perdu de l’argent en 2020 mais en fait, on n’a pas atteint les objectifs qu’ils avaient fixés. »

En octobre, Ikea France annonçait un chiffre d’affaires de 2,790 milliards d’euros pour l’année fiscale 2019-2020, soit une baisse de 7 % par rapport à l’année précédente. Un an plus tôt, la société se félicitait d’avoir réalisé 3,003 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 6,1 %.

« C’est aussi par rapport aux conditions de travail qui se sont dégradées pendant la crise sanitaire », souligne Nourdine. Les magasins ayant dû fermer pendant les confinements se sont transformés en entrepôt d’e-commerce. « Par exemple, moi je suis vendeur à la base, je m’occupe des clients, ajoute-t-il. Je me suis retrouvé à transporter des palettes à des cadences élevées. On est tous devenus des logisticiens. »

Le syndicat évalue à environ 70 le nombre de personnes qui ont participé à la grève du 12 décembre, sur 100 à 120 salariés qui devaient travailler ce jour-là (l’effectif total est de près de 400 personnes).

Le magasin fermé une journée

C’est surtout la façon dont s’est déroulée la grève à Franconville qui aurait poussé la direction à envisager des sanctions. « Nous respectons le droit de grève dans le strict respect du cadre légal. Nous condamnons les mouvements illicites qui bloquent l’activité et empêchent les clients d’accéder au magasin », indique la direction d’Ikea, sans d’autres précisions. Selon le discours qu’aurait tenu la direction en entretien préalable, il serait reproché aux grévistes d’avoir formé « une chaîne humaine » dans le magasin.

A Franconville, les grévistes ont tenu un piquet de grève dans le magasin, ce que des salariés d’autres magasins sont tentés d’imiter à l’avenir. « Dans la loi, c’est autorisé tant que vous n’empêchez pas les salariés et les clients de rentrer », précise Tariq, élu CGT à l’Ikea de Thiais (Val-de-Marne).

« Ils disent qu’on bloquait le passage, alors que c’est faux », estime Nourdine, qui souligne en outre que cela s’est passé le matin, avant l’heure d’ouverture du magasin. Il retient surtout qu’un cadre a voulu foncer dans cet attroupement avec un transpalette.

« La direction a vu ça et elle a paniqué », analyse Tariq. Un panneau a été posé à l’entrée pour signifier aux clients que le magasin n’ouvrirait pas. « Ce sont eux qui ont décidé de fermer », insiste Fouad-Mehdi. Ce dernier ajoute que la grève a pris fin vers 16 heures et que le magasin n’a pas rouvert après.

Après cet entretien, les deux salariés mis en cause redoutent de se voir licencier. La direction doit laisser passer un délai de 48 heures après ce rendez-vous pour faire savoir sa décision. Contactée par le Parisien, celle-ci n’a pas donné de précision à ce sujet, se limitant à confirmer qu’une procédure disciplinaire était en cours. Si les licenciements sont confirmés, elle devra consulter le CSE puis demander une validation par l’inspection du travail.

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Cette entrée a été publiée le 26 mars 2021 par dans COMMERCE, DROITS DES TRAVAILLEURS, ETAT POLICIER, FRANCE.
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