C’est une profession à 97 % féminine, et qui n’est pas satisfaite des revalorisations de salaires promises dans le cadre du « Ségur » de la Santé. Les sages-femmes sont en grève, jusqu’au dimanche 26 octobre inclus, dans le cadre d’un mouvement de grève national à l’appel de plusieurs organisations.
Prévu sur trois jours de vendredi à dimanche, le mouvement est « très, très suivi. Cela montre vraiment que ça répond à une véritable colère des sages-femmes », selon Caroline Combot, secrétaire générale de l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSFF), l’une des deux principales organisations syndicales de la profession.
Elle a indiqué que « plus de 50 % des cabinets de sages-femmes libérales se sont signalés comme étant fermés ce week-end », soit « plus de 3 000 cabinets ». Côté maternités, elle a fait état d’environ « 150 maternités ayant 100 % de grévistes avec des maternités privées qui ont fermé leurs portes et des réquisitions et assignations dans les maternités publiques ».
Rémunération, statut…
La revendication principale est celle d’« une réflexion sur le métier de sage-femme dans sa globalité, quels que soient les modes d’exercice, pour permettre de l’attractivité », la rémunération en étant une des composantes, a poursuivi la responsable de l’ONSSF, citant en particulier la question du statut.
Autre organisation syndicale de cette profession, le Collège national des sages-femmes de France (CNSFF) dénonce « une politique de santé qui nous exploite et nous épuise », et s’élève contre « un État qui méprise les femmes ».
« Nous sommes en grève contre un système patriarcal qui ignore nos revendications depuis des décennies et vous met en danger chaque jour », écrit le CNSFF dans un communiqué.
La profession a été déçue par les annonces du ministre de la Santé Olivier Véran mi-septembre d’une revalorisation pour les sages-femmes travaillant à l’hôpital, qui recevront à partir de janvier une prime de 100 euros net et une hausse de salaire d’environ 100 euros brut par mois.
Les trois quarts des 23 500 sages-femmes en bénéficieront, pour un gain mensuel équivalant à l’augmentation de 183 euros net déjà accordée à tous les personnels hospitaliers fin 2020 dans le cadre du « Ségur de la santé ».
Cette revalorisation proposée par le ministre « n’a jamais été aussi importante dans l’histoire de la profession, mais là où les sages-femmes sont en colère, c’est que ce n’est pas la seule réponse qu’on attendait », a expliqué Caroline Combot.
Depuis le début de l’année, elles sont déjà descendues cinq fois dans la rue pour réclamer reconnaissance et effectifs. Une nouvelle journée de mobilisation est d’ores et déjà programmée pour le 7 octobre à Paris.
A Orléans aussi les sages femmes en lutte !
Depuis ce vendredi 24 septembre et jusqu’à dimanche soir, les sages-femmes du Loiret sont invitées à cesser leur activité. Un mouvement de trois jours qui s’annonce très suivi, à la hauteur de leur colère.
Un très grand nombre de sages-femmes libérales du département sont en grève depuis ce vendredi 24 septembre, comme partout en France et jusqu’à dimanche. Certaines ont carrément fermé leur cabinet.
« On n’a pas le choix. Nos conditions de travail se répercutent sur les soins aux femmes et aux enfants », déplore Anne-Lise Roselier, sage-femme à Vitry-aux-Loges et syndiquée à l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF).
L’appel à la grève est national car les problématiques sont les mêmes sur tout le territoire.
Dans le Loiret, elles sont une soixantaine à exercer en libéral mais beaucoup sont à temps partiel et ne travaillent parfois qu’une journée par semaine. Or, la charge de travail augmente, surtout depuis le départ de quatre gynécologues, rien que cet été, dans la métropole.
« Nous avons des compétences élargies à la gynécologie. Les libérales sont épuisées, elles font des journées de 10 ou 12 heures,elles assurent des visites à domicile sur leur temps de repos. C’est très lourd à gérer », explique-t-elle.
En sous-effectifs
Le renforcement des effectifs fait donc partie de leurs revendications majeures.
« Beaucoup de sages-femmes quittent l’hôpital pour le libéral ou pour faire autre chose. Ce sont donc des libérales qui assurent les consultations grossesse et les cours de préparation à l’accouchement. Les séjours des mamans sont également raccourcis. Ce sous-effectif n’est pas sécure pour les patients. »
« Notre profession ne fait plus rêver »
Ces professionnelles exigent aussi une reconnaissance de leur autonomie et de leur statut médical. Elles demandent même que leurs études passent de 5 à 6 années pour éviter les abandons en raison d’un programme trop chargé.
Une montée en compétences qui doit s’accompagner d’une revalorisation salariale, selon elles, loin des miettes accordées lors du Ségur de la santé.
« On fait le plus beau métier du monde mais notre profession ne fait plus rêver aujourd’hui. Une sage-femme débutante gagne 1.800 euros nets à l’hôpital. Il y a des burn-out, des tentatives de suicide, des départs non remplacés. Ce n’est pas engageant… »
Au CHR d’Orléans, six sages-femmes seulement sont grévistes, selon la direction. Cinq réquisitions ont été remises et « la continuité des prises en charge à la maternité est assurée », rassure-t-elle. Au Cham, à Amilly, en revanche, 80 % d’entre elles sont en grève, d’après la sage-femme syndicaliste.
Une manifestation est prévue à Paris le 7 octobre.
Marie Guibal La République du Centre