NPA Loiret

Mel de Contact : npa.orleans@orange.fr

Après Fukushima (11 mars 2007), aucun humain sensé ne peut défendre le nucléaire !

Bilan sanitaire de la catastrophe de Fukushima quelques années aprés !

L’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) et l’association Physicians for Social responsability (PSR) ont publié le 9 mars 2016 un rapport intitulé « Vivre avec Fukushima depuis 5 ans »

Le 11 mars 2016, le Japon et le monde commémorent le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Plus de 200 000 personnes furent évacuées de la préfecture de Fukushima dans des camps de fortune, où vivent encore quelque 100 000 d’entre elles. Mais les conséquences de la catastrophe s’étendent bien au-delà des limites de la préfecture. Depuis le début, des millions de gens ont été exposés à une augmentation des doses de radiation, principalement dans les zones de fortes retombées radioactives. Les retombées radioactives affectent les personnes à travers l’exposition atmosphérique pendant les émissions de radioactivité ou les tempêtes qui soulèvent de la poussière radioactive, ainsi que via l’exposition directe à un sol et des surfaces contaminés. Tout le monde, y compris ceux qui vivent dans les régions moins contaminées du pays, a également été confronté à la radioactivité contenue dans l’eau de boisson et l’alimentation contaminées. Cette forme d’exposition est extrêmement inquiétante, car les particules radioactives peuvent être absorbées par les organes et les tissus internes et continuer à émettre des rayonnements ionisants pendant des dizaines d’années.

Selon le Premier ministre japonais de l’époque, ce n’est que grâce à une « divine Providence » que le Grand Tokyo, avec ses plus de 30 millions d’habitants, a évité la contamination et l’évacuation. Les autorités ayant omis de distribuer de comprimés d’iode, la population est restée sans protection face à l’iode radioactif, qui peut provoquer cancers thyroïdiens et hypothyroïdisme. Cette tragédie se poursuit encore aujourd’hui. Chaque jour, quelque 300 tonnes d’eau radioactive se déversent de manière incontrôlée dans l’océan. La catastrophe de Fukushima est déjà responsable de la plus grave contamination radioactive des océans dans l’histoire de l’humanité.

Cinq ans après la fusion des cœurs, on ne connaît toujours pas avec certitude ses effets sur la santé de la population japonaise. Premièrement, on ne sait pas exactement combien de radiation a été réellement émise en mars et avril 2011, et combien s’est échappée depuis des ruines des réacteurs et du site de la centrale. Comment l’expliquer ?

Des études indépendantes indiquent parfois des émissions radioactives considérablement plus importantes Tous les isotopes radioactifs n’ont pas été mesurés, en particulier le strontium-90 Les premiers rejets n’ont pas été inclus dans l’évaluation des impacts sanitaires.

En d’autres termes, les informations de base concernant la contamination du sol,de l’océan et de la nourriture sont encore un sujet de controverse entre le lobby nucléaire et les scientifiques indépendants. Deuxièmement, le gouvernement pro-nucléaire du Japon et le tout-puissant lobby nucléaire font tout ce qu’ils peuvent pour minimiser et dissimuler les conséquences de la catastrophe. Même l’Université de Médecine de Fukushima, qui coordonne le programme de dépistage du cancer de la thyroïde, a des liens avec le lobby nucléaire et a reçu de l’argent de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). On a l’impression que l’idée est de refermer au plus vite le dossier de Fukushima et de s’assurer que le public japonais retrouve une attitude positive vis-à-vis de l’énergie nucléaire.

Toutefois, les données montrent un tableau assez différent. Non seulement des fuites radioactives périodiques en provenance des réacteurs dévastés ainsi que des épisodes de recontamination dans toute la région continuent à se produire, mais la perception de l’énergie nucléaire a aussi changé et une majorité de Japonais rejettent désormais le nucléaire. L’étude controversée relative aux cancers de la thyroïde n’a pas envoyé le signal de fin d’alerte tant espéré par le lobby nucléaire. Au contraire, 116 enfants de la préfecture de Fukushima ont déjà été diagnostiqués comme souffrant d’un cancer de la thyroïde agressif et à évolution rapide, ou déjà au stade des métastases. Dans une population de cette taille, on attendrait normalement environ un cas par an. Pour 16 de ces enfants, on peut exclure l’effet du dépistage (screening effect), étant donné que leur cancer s’est déclaré au cours des deux dernières années.

Ce qui est encore plus inquiétant que les résultats de l’étude, c’est qu’à part l’incidence des cancers de la thyroïde chez les enfants de la préfecture de Fukushima, le Japon n’a pas commencé d’autres enquêtes scientifiques à grande échelle sur les maladies liées aux radiations. L’origine d’un cancer est difficile à étiqueter et la cause d’un cancer individuel ne peut être reliée par un lien de causalité à un incident spécifique. Les autorités japonaises sont parfaitement conscientes de ce fait et n’ont pas cherché les augmentations de fausses couches, de malformations fœtales, de leucémies, de lymphomes, de tumeurs solides et de maladies non cancéreuses parmi la population qui a été touchée par les retombées radioactives. Or on sait que le taux d’augmentation de toutes ces maladies avait été significatif après l’accident de Tchernobyl.

Quand nous parlons de la population affectée au Japon, nous la divisons en quatre sous-groupes :

Plus de 25 000 personnes ayant participé au nettoyage et aux secours ont reçu les doses de radiations les plus fortes doses et risqué leur vie, en empêchant l’escalade de la situation sur le site de la centrale. Si l’on en croit les données fournies par l’opérateur TEPCO, une centaine d’ouvriers contracteront un cancer dû aux doses excessives de radiations, cancer qui sera fatal dans 50 pour cent des cas. Cependant, les véritables niveaux de dose sont très probablement bien plus élevés, car l’opérateur n’hésite pas à manipuler les données afin d’éviter les demandes de compensation ; l’entreprise est ainsi capable d’engager des travailleurs temporaires non enregistrés, de trafiquer les dosimètres et même d’avoir recours à des faux grossiers. La population évacuée, soit 200 000 personnes, qui a été initialement exposée à des doses de radiation considérables, vit maintenant pour la majeure partie en-dehors de la préfecture de Fukushima. Les populations non évacuées des zones irradiées continuent à être exposées chaque jour à des doses accrues de radiation. La population du reste du Japon est exposée à des doses accrues de radiation provenant de retombées radioactives minimales, ainsi que d’aliments et d’eau contaminés.

Ce qui est absolument nécessaire à présent, c’est de réaliser une série d’études épidémiologiques pour examiner les conséquences sanitaires de l’exposition aux doses excessives de radiation, en particulier les maladies qui peuvent être détectées et traitées de manière précoce. Ces études doivent être guidées par les enquêtes déjà publiées, exposées dans le présent rapport, sur les animaux , les oiseaux et les insectes touchés par la catastrophe et qui montrent des effets hématologiques, une élévation des taux de mutation dans la seconde génération et une augmentation des taux de mortalité. Mais comme ce genre d’études – et l’image négative de l’énergie nucléaire qu’elles véhiculeraient – ne sont pas politiquement désirables, nous ne connaîtrons sans doute jamais l’ampleur réelle des effets sur la santé de la catastrophe de Fukushima et nous devons nous limiter à faire des estimations fondées sur les émissions radioactives connues ou présumées et sur les voies d’exposition.

Si l’on se base sur les chiffres du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), qui est un organisme pro-nucléaire, qui estimait la dose collective à vie à environ 48 000 personne-Sieverts et si l’on utilise les facteurs de risque reconnus au niveau international dans le rapport BEIR-VII, on peut attendre un excès d’incidence de cancers d’un peu moins de 10 000 au Japon dans les décennies à venir (intervalle de confiance allant de 4 300 à 16 800 cas). Si l’on prend en compte des données et des facteurs de risque plus modernes, les estimations de l’augmentation des taux de cancer sont nettement plus élevées, à savoir quelque 66 000 cas de cancer supplémentaires, dont environ la moitié seraient mortels.

Est-ce beaucoup ? Certainement pas en regard d’une population de presque 127 millions de personnes et un risque “normal” de cancer de 50 % au cours de la vie. Mais est-ce négligeable ? Vu que dix mille personnes vont développer un cancer uniquement suite à une « catastrophe causée par l’homme » à Fukushima (c’est ainsi que l‘a qualifiée la Commission d’enquête indépendante de la Diète nationale), certes non. Le destin de ces personnes et de leur famille n’est ni « négligeable » ni « non significatif », comme voudraient nous le faire croire le lobby de l’industrie nucléaire, l’AIEA et l’UNSCEAR.

Le discours public sur la catastrophe de Fukushima ne doit pas se laisser guider par le profit économique et l’influence politique, mais doit se concentrer sur la santé et destin des populations affectées, ceux qui ont tout perdu, qui craignent pour leur santé et celle de leurs enfants, et qui ne demandent rien de plus que de pouvoir vivre sans la peur incessante des radiations.

Les risques sanitaires pour la population japonaise doivent être étudiés par des scientifiques indépendants et de manière à exclure toute influence indue de la part de l’industrie nucléaire et de ses soutiens politiques. Des études extensives sont nécessaires pour comprendre les conséquences sanitaires sur la population affectée, pour identifier les maladies à un stade précoce et améliorer la protection des générations futures en approfondissant nos connaissances sur les effets des rayonnements ionisants. Le débat sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima va bien au-delà du principe de l’indépendance de la recherche et de la résistance à l’influence des tout-puissants groupes de pression. Il s’agit ici du droit universel de chaque être humain à la santé et à vivre dans un environnement sain.

Dr. Alex Rosen, médecin, vice-président, IPPNW Allemagne

Catherine Thomasson, médecin, directrice exécutive, PSR (États-Unis)

Des millions de dollars gâchés mais l’eau et le site de Fukushima ne sont toujours pas décontaminés

Selon un audit officiel du gouvernement japonais, plus du tiers des fonds publics alloués à la décontamination de la centrale de Fukushima après la catastrophe de 2011 aurait été dépensé en vain. Soit plus de 500 millions de dollars. Le rapport dénonce le fait que la majorité du travail de décontamination ait été confié à une seule entreprise, sans transparence ni appel d’offres. Il revient aussi sur les centaines de millions de dollars dépensés pour des machines de décontamination de l’eau fournies par Areva, et qui n’ont quasiment jamais fonctionné.

Parmi les échecs décrits dans le rapport :

Importation française : Parmi les ratages les plus coûteux figure une machine d’un coût de 32 milliards de yens (270 millions de dollars) construite par le géant nucléaire français Areva pour retirer le césium radioactif de l’eau fuyant des trois réacteurs endommagés. Cette machine à problèmes n’a duré que trois mois et n’a traité que 77 000 tonnes d’eau au total, une fraction infime du volume d’eau fuyant de la centrale chaque jour [estimé à 300 000 tonnes, NdE]. Elle a été remplacée depuis par des machines japonaises et américaines.

Dessalement : De l’eau de mer a été utilisée au début de la crise pour refroidir les réacteurs après l’arrêt des systèmes de refroidissement normaux. Des machines d’un coût de 18,4 milliards de yens (150 millions d’euros) fournies par différentes firmes dont Hitachi GE Nuclear Energy, Toshiba Corp. et Areva étaient supposées retirer le sel de l’eau contaminée dans la centrale. L’une des machines n’a duré que 5 jours, et celle qui a tenu le plus longtemps a cessé de fonctionner après six semaines.

Inutile de rappeler que malgré une dépense totale de 1,6 milliard de dollars à ce jour, l’eau et le site de Fukushima ne sont toujours pas décontaminés.

Le système de décontamination de l’eau avait été mis au point par Areva en partenariat avec Veolia et avait été présenté initialement comme un succès par les deux entreprises.

Olivier Petitjean

Après Fukushima, aucun humain sensé ne peut défendre le nucléaire (J Serieys)

La centrale de Fukushima n’est toujours pas sécurisée

Elle a été « arrêtée à froid » en décembre 2011. Tous les spécialistes internationalement reconnus ont apporté leur concours. Pourtant, les problèmes sont toujours aussi nombreux et aussi graves :

- aujourd’hui il est essentiel de maintenir la température des piscines de stockage a une température raisonnable, sachant que si celle-ci dépassait le seuil de 65°C, la situation deviendrait incontrôlable, et que comparé à ce qui s’est déjà passé à Fukushima, l’ampleur de la catastrophe dépasserait l’imaginable. Le système de décontamination de l’eau utilisée n’ayant jamais donné satisfaction, l’eau de refroidissement est stockée au fur et à mesure dans 930 immenses cuves. Le 10 avril 2013, Tepco informait que le total des eaux contaminées stockées s’élevait à 280 000 tonnes, pour un stockage possible de 331 000 tonnes. Tepco a commencé à déboiser de nouvelles surfaces afin de pouvoir stocker 700 000 tonnes d’eau radioactive d’ici 3 ans.

- la piscine de stockage du combustible usé (264 tonnes), située à 30m de hauteur dans le bâtiment du réacteur N°4, menace de s’effondrer en cas de nouveau séisme. Ce qui pourrait entraîner une réaction en chaîne émettant des matières radioactives « équivalant à 5000 bombes de Hiroshima », d’après le physicien nucléaire Hiroaki Koidé

- Les réacteurs et les piscines de combustible doivent être refroidis en permanence, mais les équipements dédiés ont prouvé leur vulnérabilité : le 18 mars 2013, une panne de courant a frappé l’ensemble du site, qui a été privé d’alimentation électrique pendant 29 h. À l’origine, un faux contact probablement causé par … un rat !.

- Les fuites se multiplient de mois en mois et l’eau qui s’échappe est fortement contaminée jusqu’à 370 000 Bq par litre. En août 2012, chaque jour 400 tonnes d’eau fortement contaminée prenaient la direction des nappes souterraines et depuis septembre 2012, on a comptabilisé 56 fuites successives : le 18 septembre, le 5 octobre, le 21 novembre, le 10 novembre, le 14 décembre, le 25 et 26 décembre, le 31 janvier, le 18 février, le 28 février.

- Trois des sept réservoirs souterrains fuient également contaminant le sol, les nappes phréatiques et l’océan. Le 5 avril 2013, une nouvelle fuite de 120 tonnes d’eau fortement radioactive s’est produite dans le réservoir souterrain n°2. Le 7 avril, une seconde fuite aurait été découverte dans une autre cuve souterraine.

- 3 000 personnes interviennent chaque jour dans la centrale, mais le niveau extrêmement élevé de radioactivité complique leur travail. Parmi les 24 000 personnes inscrites sur la liste des travailleurs du site, 16 000 sont déjà parties, en particulier pour avoir atteint la dose limite autorisée.

- 160 000 réfugié-e-s des zones d’évacuation forcée vivent toujours un sort dramatique. Les examens de thyroïde effectués sur près de 100 000 mineurs dans la préfecture de Fukushima montrent déjà que 40% d’entre eux présentent une anomalie.

Nucléaire, accidents et communication mensongère

Depuis qu’elle existe, la communication des entreprises et des gouvernements à propos de l’énergie nucléaire relève de la propagande plus que de l’information objective des citoyens.

Depuis qu’elle existe, des accidents prouvent que nous ne maîtrisons pas encore techniquement la fusion nucléaire, d’où le danger permanent que représente cette industrie.

7 octobre 1957 : Incendie d’un réacteur nucléaire à Windscale en Angleterre

26 avril 1986 : La fusion du cœur d’un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl libère une radioactivité aux conséquences catastrophiques

Accident de réacteur nucléaire à Fort Calhoun (USA) : 26 et 27 juin Les eaux en crue s’infiltrent dans les bâtiments de la centrale nucléaire 4 articles

Concernant Fukushima, nous avons eu droit à tout, de la désinformation permanente à la rétention de données en attendant que soit passé le premier tour des législatives et une victoire de la droite.

Nos concitoyens français ne doivent pas se rassurer en se disant que le Japon, c’est loin. Une étude récente de l’INSERM prouve que le nombre de leucémies infantiles est multiplié par deux à proximité des centrales. Que nos concitoyens n’acceptent pas non plus pour argent comptant l’argument du faible coût du nucléaire ; l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) estime qu’un accident grave peut coûter jusqu’à 5800 milliards d’euros !!!

Jacques Serieys

Pas un jour ne passe sans l’annonce de nouveaux problèmes

Où va Tepco ? Difficile de répondre à cette question, tant la compagnie d’électricité de Tokyo paraît de moins en moins crédible et de plus en plus dépassée par les événements à la centrale de Fukushima.

Depuis l’aveu le 22 juillet – au lendemain des élections sénatoriales et après plus de deux années de dénégation – de fuites quotidiennes de 300 tonnes d’eau contaminée dans l’océan, pas un jour ne passe sans l’annonce de nouveaux problèmes à la centrale ravagée par le séisme et le tsunami de mars 2011.

Samedi 31 août, l’entreprise admettait que des niveaux de radiation élevés avaient été enregistrés à proximité de réservoirs de stockage d’eau contaminée, sans pouvoir en expliquer la cause. Le niveau de radioactivité d’un réservoir – suffisant pour tuer en quatre heures toute personne qui y serait exposée – s’est avéré dix-huit fois supérieur à celui mesuré il y a dix jours.

Ces dernières révélations illustrent une nouvelle fois les difficultés de Tepco à gérer la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl.

« NOS CRAINTES DEVIENNENT RÉALITÉ »

Lundi 2 septembre, Shunichi Tanaka, le président de l’Autorité de régulation du nucléaire (ARN), a qualifié la situation à la centrale de « particulièrement grave ». « Nos craintes deviennent réalité », a-t-il ajouté en évoquant les derniers chiffres de la radioactivité et appelant Tepco à travailler pour « identifier les risques à venir » afin de ne plus être pris au dépourvu.

Ses remarques suivent les critiques formulées par le gouvernement, qui a nationalisé l’entreprise en juillet 2012 en y injectant 1 000 milliards de yens (7,7 milliards d’euros), et par les pêcheurs, inquiets pour leur activité.

Le 26 juillet, Dale Klein, invité par le Japon à diriger la commission créée en 2012 pour la réforme du nucléaire, avait critiqué la gestion de la catastrophe. « Vous ne savez pas ce que vous faites », avait lancé l’ancien dirigeant de la commission américaine de régulation du nucléaire au directeur général de Tepco, Naomi Hirose. Avant de donner son verdict : « C’est plus de l’incompétence que de la dissimulation. »

Aujourd’hui, 91 % des Japonais souhaitent que le gouvernement gère directement la reprise en main de Fukushima.

« DOUTES SÉRIEUX SUR LA CAPACITÉ DE TEPCO »

C’est dans ce contexte que le 28 août, Hirohiko Izumida, le gouverneur du département de Niigata (nord), a appelé à « la liquidation » de l’entreprise. Ancien expert de l’énergie au ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI), M. Izumida a des « doutes sérieux sur la capacité de Tepco à gérer des centrales nucléaires ».

Il se prononce contre le redémarrage de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, installée à Niigata, sur lequel Tepco compte pour améliorer une situation financière délicate. Ses ventes ont atteint 5 976 milliards de yens (46 milliards d’euros) à l’exercice 2012-2013 clos fin mars, et ses pertes nettes 685 milliards de yens (5,3 milliards d’euros). L’arrêt des réacteurs nucléaires l’a obligée à augmenter la production d’électricité de ses centrales thermiques, ce qui a fait bondir la facture des combustibles fossiles. Si Kashiwazaki-Kariwa ne redémarre pas, la compagnie pourrait devoir augmenter ses tarifs de 8,5 % à 10 % dès janvier 2014.

La situation actuelle de Tepco contraste avec l’avant-Fukushima. L’entreprise, créée en 1951 après la privatisation du secteur de l’électricité, occupait alors une place enviable au Japon et faisait partie des premières compagnies mondiales d’électricité.

Outre un monopole régional et d’importants budgets publicitaires – notamment pour le nucléaire, l’une de ses priorités –, elle était l’un des gros contributeurs du Keidanren, la puissante fédération patronale japonaise. Depuis 1990, elle y disposait d’un poste de vice-président. L’actuel dirigeant de l’organisation, Hiromasa Yonekura, était d’ailleurs un proche de Tsunehisa Katsumata, président de Tepco jusqu’en juin 2012.

L’entreprise au cœur du « village nucléaire » nippon – très critiqué après Fukushima pour sa culture opaque et la collusion entre industriels, universitaires et hauts fonctionnaires – n’a jamais su se départir d’une certaine arrogance. La manière d’appréhender les incidents de Fukushima en est la triste illustration. Et, depuis le début de la catastrophe, dont la résolution prendra au minimum quarante ans et pourrait coûter 44 milliards d’euros, son attitude n’a guère changé.

« MYTHE DE LA SÛRETÉ »

Le 20 juin 2012, l’entreprise a remis son propre rapport d’enquête sur la catastrophe. Conclusion : elle n’avait quasiment rien à se reprocher. Tout était de la faute du gouvernement qui s’était mêlé de ce qui ne le regardait pas.

Les dirigeants de l’entreprise niaient avoir dissimulé la moindre information, expliquaient que personne n’avait imaginé la possibilité d’un tel tsunami et affirmaient n’avoir jamais voulu évacuer le site au moment du drame.

Ils prétendaient également avoir envoyé dès le 13 mars (deux jours après le début de la crise) du personnel à Namie, ville proche de la centrale, pour expliquer la situation. Une affirmation contestée par le maire de la municipalité, Tamotsu Baba.

Les autres rapports sur la catastrophe de mars 2011 sont venus démonter son argumentaire. Le 23 juillet 2012, une étude gouvernementale déplorait une « trop grande confiance » dans le « mythe de la sûreté » des installations nucléaires. Quelques jours auparavant, la commission parlementaire (Naiic) avait critiqué Tepco pour avoir « évité de jouer la transparence » et avait noté que le milieu du nucléaire connaissait, dès 2006, le risque de rupture d’alimentation électrique – principale cause de la catastrophe – en cas de tsunami à Fukushima.

Ces critiques rappellent qu’avant mars 2011 Tepco avait déjà été ciblée pour ses dissimulations. En 2007, la défunte NISA, l’Agence de sûreté industrielle et nucléaire, aujourd’hui remplacée par l’ARN, signalait qu’entre 1978 et 2002 97 incidents, dont 19 jugés « critiques », avaient été cachés aux autorités. Ces affaires concernaient les dix compagnies d’électricité japonaise, mais Tepco était la plus critiquée.

En juillet 1987, la compagnie était de nouveau pointée du doigt pour des retards d’information sur un incendie et une fuite radioactive à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, après un séisme de magnitude 6,8.

De quoi douter de l’engagement pris par l’entreprise en mai 2012 de créer une « nouvelle Tepco », « assumant ses responsabilités » et « développant une culture de la transparence ».

Philippe Mesmer

* LE MONDE | 02.09.2013 à 12h26

Situation d’urgence décrétée à Fukushima

Le 7 août 2013, la situation d’urgence a été décrétée à Fukushima due à des fuites radioactives qui contaminent de manière irréversible les nappes phréatiques, l’océan Pacifique ainsi que tout l’environnement autour de la centrale. Tous les jours, ce sont 300 tonnes d’eau contaminée qui se déversent dans le milieu maritime laissant les autorités impuissantes face à l’ampleur de la catastrophe.

Après le mensonge d’État, des révélations au compte-gouttes

En juillet dernier, TEPCO, l’opérateur de la centrale de Fukushima, avait déjà avoué que de l’eau contaminée au strontium, césium et tritium s’écoulait bien dans l’océan Pacifique. Un aveu qui est intervenu au lendemain des élections sénatoriales où le parti de l’actuel premier ministre Shinzo Abe a gagné. Personne n’a cru à un hasard du calendrier, le premier ministre étant un fervent défenseur de l’énergie nucléaire. Si cette information avait été dévoilée avant les élections, la victoire du parti démocrate-libéral aurait sans doute été mise en péril…

TEPCO a été mis en cause dès le début de la catastrophe de Fukushima, notamment sur sa gestion dans les heures qui ont suivi le tsunami et depuis l’opérateur n’a fait que cacher la vérité à la population japonaise, tentant ainsi de masquer l’ampleur du désastre.

Une contamination de l’océan sans précédent

TEPCO a évalué la contamination de l’océan Pacifique entre 20 000 et 40 000 milliards de becquerels depuis mai 2011. Nous sommes donc face à la plus grande contamination en mer de l’Histoire, comme le confirme Jérôme Joly, directeur adjoint de l’IRSN.

Mais la catastrophe de Fukushima est toujours en cours et 300 tonnes d’eau contaminée se déversent chaque jour dans l’océan. Pour tenter de contenir ces fuites, TEPCO a construit une barrière pour empêcher les eaux très radioactives de se répandre dans le Pacifique, mais ces barrières ne sont pas suffisantes et l’eau provenant des nappes phréatiques a commencé à les submerger. De plus, TEPCO a entrepris l’injection de produits chimiques dans le sol, afin de le solidifier pour contenir la radioactivité… En réalité, du simple bricolage, qui ne parvient pas a résoudre la situation, sans compter que ce sont de nouveaux produits très dangereux qu’on libère dans la nature.

Une situation ingérable

Quelles que soient les solutions envisagées par les autorités, la situation est ingérable, car le propre d’une catastrophe nucléaire est de durer dans le temps, il est illusoire de penser que la radioactivité à Fukushima peut être contenue.

Mais le gouvernement japonais refuse toujours une coopération internationale pour gérer cette crise, sans aucun doute de peur que la lumière soit faite sur la situation. Car même si certaines informations sont dévoilées, il est difficile d’établir un réel bilan de l’ampleur des dégâts en terme humain et environnemental.

Réseau Sortir du nucléaire

A Fukushima, 300 tonnes d’eau contaminée se déversent chaque jour dans le Pacifique

Voilà des mois que les informations sur les fuites d’eau radioactive issue de la centrale de Fukushima sortent graduellement au grand jour, sans que soient révélés officiellement leur ampleur ou leur impact sur l’environnement. Le gouvernement japonais a finalement rendu publique une estimation de leur quantité, mercredi 7 août : ce sont 300 tonnes d’eau contaminée qui se déversent chaque jour dans l’océan Pacifique, plus de deux ans après la catastrophe nucléaire causée par un séisme et un tsunami, en mars 2011.

Qualifiées de « situation d’urgence » mardi par l’Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA), ces fuites ont été estimées par l’opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), en termes de radioactivité, à vingt à quarante mille milliards de becquerels entre mai 2011 et juillet 2013.

Le premier ministre, Shinzo Abe, un conservateur favorable à la relance de l’énergie nucléaire, a évoqué « un problème urgent qui suscite beaucoup d’inquiétude dans la population », et s’est engagé à accentuer les efforts du gouvernement pour contenir ces fuites – que le gouvernement prévoit de limiter à 60 tonnes par jour à partir de décembre.

POISSONS RADIOACTIFS

A la fin du mois de juillet, Tepco était revenu sur sa théorie selon laquelle l’eau chargée de tritium, de strontium, de césium et autres éléments radioactifs stagnait sous terre, avouant qu’elle atteignait l’océan. A la suite de cet aveu, l’autorité nucléaire japonaise a prévu d’enquêter sur les causes de ces fuites et de surveiller la contamination de l’océan.

Ces rejets dans le Pacifique n’étaient cependant un secret pour personne. En janvier par exemple, un poisson pêché près de la centrale présentait un niveau de contamination radioactive plus de 2 500 fois supérieur à la limite légale – au grand dam des pêcheurs de la région.

Et alors que Tepco assurait encore que l’eau restait bloquée dans les sous-sols, l’opérateur avait enregistré, dans un puits situé entre les réacteurs et la mer, un niveau de radioactivité de plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur à la dose limite admise pour de l’eau de mer – niveau qui grimpait encore au mois de juillet.

CUVES, PRODUIT CHIMIQUE ET FILETS

Ces fuites d’eau radioactive sont issues du refroidissement des réacteurs ravagés. De l’eau douce y est injectée en permanence pour les maintenir à une température inférieure à 50 ºC. Chaque jour, ces opérations produisent 400 tonnes d’eau hautement radioactive, dont une partie est stockée dans des réservoirs souterrains. Tepco a reconnu que certains d’entre eux fuyaient.

Critiqué pour sa gestion de l’accident nucléaire et pour sa communication, Tepco a décidé de prendre diverses mesures pour empêcher ces fuites. Pour l’instant, l’opérateur s’efforce de construire une paroi enterrée entre le site et l’océan, d’étanchéifier les galeries de la centrale, et de construire de nouvelles cuves de stockage à la surface, pour éviter les fuites souterraines. Le quotidien Asahi relevait récemment que le produit chimique que Tepco injectait pour solidifier les sols n’était toutefois pas efficace au niveau des nappes phréatiques.

Tepco compte aussi sur un nouveau système de décontamination de l’eau, l’ALPS (Advanced Liquid Processing System), grâce auquel il espère obtenir l’autorisation du gouvernement de pouvoir la déverser dans l’océan. En attendant, l’opérateur installe des filets pour éviter que les poissons contaminés ne partent trop loin, au risque d’être consommés par d’autres espèces ou pêchés.

Les suites de la catastrophe nucléaire sont loin d’être stabilisées dans la centrale de Fukushima, où les incidents sur le chantier se multiplient, et où l’état des réacteurs endommagés, toujours à la merci d’un séisme, continue d’inquiéter. Le démantèlement complet des installations devrait prendre une quarantaine d’années, et l’Etat a déjà versé près de 30 milliards d’euros à Tepco, qui ont servi à sécuriser le site et à indemniser plus d’un million de victimes. Environ 3 000 ouvriers travaillent dans ce chantier de déconstruction, le plus grand de l’histoire du nucléaire. En juillet, Tepco a annoncé que 2 000 d’entre eux risquaient un cancer de la thyroïde.

Le Monde.fr

Au Japon, Tepco cache des informations pour faire gagner la droite

Tokyo Electric Power (Tepco) a été ouvertement tancée par des experts étrangers ce vendredi suite à son manque de communication. Tout laisse à croire que la compagnie d’électricité a attendu la fin des élections sénatoriales pour dévoiler que de l’eau hautement radioactive s’écoule dans l’océan Pacifique qui borde la centrale de Fukushima.

« Je pense honteusement qu’on aurait pu le dire plus tôt » : voilà la réponse qui a été donnée par Naomi Hirose, patron de Tokyo Electric Power (Tepco) aux experts étrangers. Ces derniers se sont indignés ce vendredi après que la compagnie japonaise ait avoué lundi dernier que de l’eau hautement radioactive s’écoulait dans l’océan Pacifique qui borde la centrale de Fukushima ravagée par le tsunami du 11 mars 2011. Cette eau souterraine pleine de tritium, strontium, césium et autres éléments radioactifs ne stagnait pas sous terre, comme Tepco l’avait prétendu pendant des semaines, mais descendait jusqu’à l’océan. L’impact de l’après-Fukushima concernant les transferts via l’océan et la chaine alimentaire marine est énorme. Bien qu’il soit toujours en évaluation on estime tout de même que c’est la contamination radioactive artificielle de l’environnement marin la plus importante qui ait jamais eu lieu.

L’expert américain Dale Klein, ancien président de la Commission de régulation nucléaire des Etats-Unis, a lancé : « Une telle communication est très mauvaise et démontre des lacunes de prise décision ». Barbara Judge, présidente de l’autorité britannique, a également condamné Tepco en précisant que la compagnie japonaise devait redoubler d’efforts sur leur méthode de communication sur les dangers auprès de la population japonaise afin de leur « redonner confiance ». Cette leçon donnée peut revêtir d’une certaine hypocrisie lorsqu’on sait que l’Angleterre dépense au moins 34 milliards de livres (plus de 39 milliards d’euros), selon une estimation de Greenpeace, pour remplacer progressivement l’actuel programme de missiles nucléaires « Trident ». Dont le remplacement, d’ailleurs, viole l’article VI du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires signé en 1968…

Les élections sénatoriales en trame de fond

Le patron de Tepco s’est justifié en prétendant qu’une annonce officielle des faits ne pouvait être effectuée qu’après une solide analyse de nombreuses données. Selon Masafumi Sakurai, membre japonais du comité de suivi, la tactique, erronée, de Tepco, a toujours été « tant qu’on n’a pas complètement vérifié on ne peut pas annoncer ». Ce qui peut être une habile façon de dissimuler certains faits, notamment en temps d’élections.

De fait, cet aveu s’est fait au lendemain des élections sénatoriales qui ont été remportées par le parti pro-nucléaire de droite du Premier ministre Shinzo Abe : le parti libéral-démocrate (PLD). Celui-ci déclare que ce n’était « qu’un fâcheux concours de circonstances ». Le patron de Tepco quant à lui assure que Tepco n’avait pas l’intention de reporter l’annonce après le scrutin. On y croit ?

Sophie Morel, membre du Conseil d’administration du réseau « Sortir du Nucléaire » en doute : « La campagne du PLD a été financée par le village nucléaire composé de différents groupes industriels dont Tepco fait parti. Lors de leur campagne, une réelle propagande a été menée. Les militants ont distribué des tracts dans le Nord du Japon en promettant de ne pas relancer les centrales nucléaires dans la région ».

Le parti du Premier ministre, qui s’est donné tant de mal à être réélu, veut clairement mettre à mal les voix qui contestent le nucléaire. Cette victoire aux sénatoriales semble un prélude inquiétant d’autant plus que le PLD est un parti très nationaliste et militariste. Lors de la campagne, Shinzo Abe a annoncé vouloir réviser la constitution pacifiste du pays, adoptée après la Seconde Guerre Mondiale, s’il sortait vainqueur. La porte ouverte non seulement à la réouverture des centrales nucléaires mais aussi au lancement d’un programme nucléaire militaire.

Manon Berthod, L’Humanité

Le chef de la centrale de Fukushima vient de mourir

Voici la traduction littérale d’un article d’Associated Press paru dans la presse japonaise ( Juillet 2013) :

Masao Yoshida, l’homme qui a mené la bataille en risquant sa vie à la centrale ruinée, est décédé d’un cancer de l’œsophage. Il avait 58 ans.

Il a vécu la spirale infernale des événements, qui ont conduit aux fusions de trois cœurs nucléaires (NDT : les réacteurs 1, 2 et 3 ont fondu, c’est la piscine de refroidissement de combustibles usés qui a fait exploser le bâtiment réacteur n°4, alors que les réacteurs 4, 5 et 6 étaient à l’arrêt « à froid » depuis plusieurs mois avant le séisme fatidique).

Les responsables de TEPCO (Tokyo Electric Power Co.) ont déclaré que la maladie de Yoshida n’était pas liée à l’exposition radioactive.

Yoshida a dirigé les efforts visant à stabiliser la centrale nucléaire n°1 de Fukushima après le 11 Mars 2011, où le tremblement de terre et le tsunami ont mis ses systèmes d’alimentation en électricité et d’accès à la source froide hors service, provoquant la fusion des 3 réacteurs nucléaires et des fuites de radionucléides massives.

Se rappelant les premiers jours, lorsque les trois réacteurs ont fondu successivement, Yoshida a déclaré plus tard :

« Il y a eu plusieurs moments où je pensais que nous allions tous mourir ici. Je craignais que l’usine ne devienne hors de contrôle et que ce serait fini pour nous. »

Yoshida, un homme franc, de grande taille et doté d’une voix forte, n’avait pas peur de contredire ses supérieurs. Il était également connu pour être une personne bienveillante envers ses collègues.

Même après que le premier ministre Naoto Kan, qui avait été extrêmement frustré par le manque d’information initial et les manipulations de TEPCO, avait déclaré après avoir rencontré Yoshida sur place, qu’il pouvait lui faire confiance.

Yoshida a démissionné de son poste de chef du complexe nucléaire en décembre 2011, en annonçant qu’il était atteint du cancer. Cette démission eut lieu après que les travailleurs aient commencé à mettre le site sous contrôle.

Le porte-parole de TEPCO, Yoshimi Hitosugi a annoncé que Yoshida était décédé au matin du 9 Juillet 2013 dans un hôpital de Tokyo.

Yoshida a apporté une cohésion chez les travailleurs et a gardé leurs esprits à même à survivre à la crise. Il avait exprimé son espoir de retourner travailler pour le rétablissement de la centrale de Fukushima-1, même après être tombé malade ; rapporte le président de TEPCO, Naomi Hirose.

« Il a littéralement mis sa vie en danger face à l’accident », a déclaré Hirose dans un communiqué. « Nous gardons ses vœux à notre cœur et feront tout pour mettre en œuvre la reconstruction de Fukushima, qu’il a essayé de sauver à tout prix. »

Dépêche de l’Associated Press, du Mardi 9 Juillet 2013.

Les shadoks de Fukushima

Tout le monde, ou presque, connait cette série animée de Jacques Rouxel mettant en scène de drôles de personnages qui passaient leur temps à pomper… ils sont l’illustration parfaite de ce qui se passe aujourd’hui dans la centrale dévastée de Fukushima.

Et les Shadoks pompaient…

C’est en effet ce que font les employés de Tepco depuis plus de 2 ans, pompant l’eau contaminée qui fuit de toutes parts, et tentant de colmater les fuites d’eau radioactive qui se multiplient.

Comparé au risque réel et considérable que font courir les piscines de stockage, dans lesquels au total 2014 assemblages attendent d’être déchargés, en se rappelant que la piscine centrale contient pour sa part 6375 assemblages supplémentaires, on peut tenter de se rassurer en se disant que ce ne sont que des fuites, et pourtant…

Pour bien comprendre la situation, il faut savoir qu’aujourd’hui il est essentiel de maintenir la température des piscines de stockage a une température raisonnable, sachant que si celle-ci dépassait le seuil de 65°C, a situation deviendrait incontrôlable, et que comparé à ce qui s’est déjà passé à Fukushima, l’ampleur de la catastrophe dépasserait l’imaginable.

Il était prévu un système de décontamination qui permettrait de réutiliser l’eau, mais il n’a jamais donné complète satisfaction.

L’eau de refroidissement est donc stockée au fur et à mesure dans les 930 cuves installées sur le site, et à ce jour, Tepco a atteint les 80% de ses capacités de stockage… il faudra donc bientôt déboiser un autre terrain, afin d’agrandir le site.

Pour Michel de Muelenaere, même si Tepco se veut rassurant, il ne faut pas prendre ça à la légère, et il faut trouver rapidement une solution : « soit les ingénieurs mettent au point un nouveau système de décontamination qui permet de traiter toute l’eau contaminée, soit on accroit la capacité de stockage ».

Un autre problème à surgi : les fuites se multiplient, et l’eau qui s’échappe est fortement contaminée jusqu’à 370 000 Bq par litre.

Dès le 21 novembre 2011, 176 litres avaient fui, puis 96 litres le 10 décembre, et ainsi de suite le 12 décembre, le 14 décembre, le 25 décembre, le 31 janvier, le 18 février, le 3 mars, le 5 avril, le 9 mai, le 14 juin, le 18 juin, le 14 aout, le 17 aout…

A cette date, on estimait que chaque jour 400 tonnes d’eau fortement contaminée prenaient la direction des nappes souterraines et depuis septembre 2012, on a comptabilisé pas moins de 56 fuites successives : le 18 septembre, le 5 octobre, le 21 novembre, le 10 novembre, le 14 décembre, le 25 et 26 décembre, le 31 janvier, le 18 février, le 28 février, à tel point que des esprits taquins finiraient par débaptiser la centrale nucléaire en la qualifiant de passoire.

Le 5 avril dernier, une nouvelle fuite de 120 tonnes d’eau fortement radioactive s’est produite dans le réservoir souterrain n°2, laquelle devait être pompée et dirigée vers un autre réservoir.

Le 7 avril, une seconde fuite aurait été découverte dans une autre cuve souterraine.

Ces réservoirs souterrains contiennent 13 000 tonnes d’eau, et si le réservoir incriminé ne se trouve qu’à 800 mètres de l’océan, Tepco juge peu probable que l’eau radioactive puisse s’y écouler.

Mais quel crédit peut-on encore donner à cette entreprise qui nous a tant habitués à la dissimulation, voire au mensonge ?

Le 10 avril 2013, Tepco informait que le total des eaux contaminées stockées s’élevait à 280 000 tonnes, pour un stockage possible de 331 000 tonnes.

Difficile d’estimer quelle est la réelle quantité d’eau radioactive qui a rejoint les nappes phréatiques ou l’océan, mais ce qui est certain, c’est qu’au moment ou l’on commémore la tragédie de Tchernobyl, avec le nucléaire, qu’il soit civil ou militaire, on n’est jamais à cours de mauvaises surprises..

Finalement, le 10 avril dernier, Tepco a reconnu la gravité de la situation, mettant en place une cellule de crise, et Naomi Hirose, directeur général de la centrale, a assuré « faire en sorte de retirer toute l’eau des réservoirs souterrains d’ici juin 2013 » assurant que « les fuites devraient être pompées au fur et à mesure pour éviter une contamination du sol » en ce qui concerne 3 des 7 réservoirs souterrains.

Mais n’est-ce pas un peu trop tard ?

Le 11 décembre 2012, on comptabilisait 237 000 tonnes d’eau contaminée sur les 320 000 tonnes possibles, et Tepco avait commencé à déboiser de nouvelles surfaces afin de pouvoir stocker 700 000 tonnes de stockage d’eau radioactive d’ici 3 ans.

Olivier Cabanel

Pour continuer la lecture de cet excellent article comprenant des liens pour prouver chaque affirmation, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

Source : http://www.agoravox.fr/actualites/e…

FUKUSHIMA – le rapport final officiel de la catastrophe en français

Cette édition française se place dans l’esprit qui a prévalu à la rédaction du rapport original, à savoir la diffusion des résultats d’une enquête indépendante des lobbys industriels ou des pressions politiques, avec une grande exigence de transparence et une volonté de diffusion internationale.

Ce rapport d’enquête de 105 pages, commandé par la Diète Nationale (Parlement) du Japon, révèle entre autres que :

 la catastrophe nucléaire de Fukushima est d’origine humaine, alors que TEPCO et toutes les autorités l’attribuaient au tsunami,

 la résistance des réacteurs au séisme était inadéquate,

 il n’existait pas de réponse adaptée aux tsunamis,

 les contre-mesures aux accidents graves étaient non conformes aux standards internationaux,

 l’alimentation électrique externe était très vulnérable,

 les bureaucraties complices ont rendu la catastrophe inévitable,

 l’évacuation des résidents s’est faite dans une extrême confusion,

 la catastrophe aurait pu être encore plus grave.

Il faut bien évidemment lire ce document avec l’idée de ce qui pourrait se passer si une telle catastrophe survenait en France.

Et sa lecture provoque de saines questions :

 pourquoi le gouvernement français a-t-il martelé que la catastrophe nucléaire de Fukushima était due au tsunami ?

 pourquoi les centrales nucléaires françaises sont-elles souvent construites sur des failles et que des minimisations de risques sismiques sont avérées sur certaines d’entre elles ?

 pourquoi l’évacuation des habitants est prévue sur un rayon de 5 km autour d’une centrale accidentée alors qu’à Fukushima l’évacuation a été jusqu’à 30 km ?

 comment concrètement les pastilles d’iode seraient-elles distribuées à toute la population dans un rayon de 30 km autour d’une centrale si un accident arrivait ?

 pourquoi on dit à la population française depuis plus de 30 ans que le nucléaire est sûr alors qu’aucune centrale nucléaire française ne possède de récupérateur de corium ?

 pourquoi les stress-tests effectués sur les centrales nucléaires françaises ont été pointés du doigt par la commission européenne ?

 pourquoi le gouvernement français accepte-t-il encore le risque d’un accident grave et de la disparition d’une région entière de France à cause d’une contamination qui nécessiterait l’évacuation définitive de ses habitants ?

La lecture du rapport de la NAIIC vous donnera également des éléments de réponse à vos propres interrogations.

Source : http://fukushima.over-blog.fr

Fukushima, la stratégie de l’oubli

Un livre vient de sortir, « oublier Fukushima » (éditions du bout de la ville), faisant un bilan saisissant, décryptant les manœuvres subtiles de communication de Tepco et de l’Etat Japonais, qui tentent de faire oublier la catastrophe toujours en cours.

Les auteurs ont dressé, dans l’émission de Ruth Stégassy, « Terre à Terre » du 20 octobre 2012, un bilan méticuleux destiné à nous éclairer sur la stratégie mise en place par le gouvernement japonais destinée à faire oublier la catastrophe, démontrant que tout avait mis en œuvre pour tenter de rayer de la mémoire collective ce qui s’était passé.

Les autorités japonaises ont mis en place un scénario en 5 temps : après la catastrophe, la liquidation (en réalité la non-liquidation), l’évacuation, (en fait la non-évacuation), la réhabilitation, fictive elle aussi, pour aboutir enfin à une tentative de banalisation de l’accident.

Cette stratégie d’oubli semble fonctionner relativement bien auprès des médias, lesquels reprennent sans complexes les infos proposées par les gestionnaires de la catastrophe, avec comme but ultime de le proposer comme modèle pour la prochaine fois.

Il s’agit de faire croire au public docile que la sureté des installations nucléaires est assurée, même lors d’un accident majeur et les médias semblent se contenter de la campagne de communication menée conjointement par Tepco et l’état Japonais.

La CIPR, (commission internationale pour la protection radiologique) organisme qui détermine pour toute la planète les normes acceptables en matière de pollution radioactive pour les travailleurs et les habitants, a modifié, quelques semaines après la catastrophe, les normes fixées auparavant à 1 milliSievert/an et les mettant à 20 milliSieverts/an mais la norme n’empêche pas le danger.

Or déplacer ce seuil, c’était offrir au gouvernement japonais la possibilité de ne pas évacuer les millions d’habitants menacés.

Et puis Fukushima apporte une « nouveauté », car contrairement à Tchernobyl, c’est la première fois qu’une catastrophe majeure a été mise sur le compte d’un évènement naturel, même si l’on sait aujourd’hui, que c’est bien suite à une mauvaise gestion de la situation que la centrale a été dévastée.

Autre observation que font les auteurs, c’est surtout le tsunami qui a été mis en cause, et non pas le tremblement de terre, ce qui est bien pratique pour Tepco, puisque du coup, il ne leur est pas reproché d’avoir installé toutes leurs centrales sur des failles sismiques.

Les exploitants des centrales françaises situées elles aussi sur des failles sismiques devraient s’interroger sur la question.

Mais revenons à Fukushima, l’une des questions non résolue à l’heure actuelle concerne le corium : comme l’expliquent les auteurs du livre, ce corium, d’une température de 2500°, s’enfonce inexorablement dans le sol, et on comprend que toutes les tentatives de l’arroser pour le refroidir, sont autant vouées à l’échec que si l’on voulait éteindre un volcan en l’aspergeant d’eau.

Ce corium se compose entre autre de 33 millions de « pastilles », (lien) chacune d’elles équivalent énergétiquement à 1 tonne de charbon, soit 257 tonnes de corium, alors que celui de Tchernobyl n’était que de 70 tonnes.

Pour gérer cette situation, on a fait comme à Tchernobyl, (lien) en envoyant 800 000 hommes, équipés de bottes en caoutchouc, et de lances à incendie, ces hommes étant des habitants de ghettos, considérés comme parias jusqu’en 1871, mais qui continuent encore aujourd’hui à être « la chair à canon » pour ce genre d’entreprise, avec un avantage certain, c’est qu’en cas de disparition de ces forçats du nucléaire, personne ne viendra les comptabiliser.

D’ailleurs, ils disparaissent régulièrement des registres de Tepco sans que l’on puisse savoir ce qu’ils sont devenus, sans laisser de trace, vu le niveau délirant de sous-traitance, lequel peut l’être de 6 ou 7 fois…voire même de 10 niveaux, sous la bonne surveillance des Yakusas…

Quant à l’évacuation, elle n’a pas eu réellement lieu, le choix a été plutôt de définir quel territoire sera finalement, tout comme à Tchernobyl, déserté, et donc interdit : il n’y pas eu de mise en place d’opération d’évacuation, avec utilisation de bus, et la plupart de ceux qui sont partis, sont ceux qui en ont eu les moyens.

Pour éviter l’exode de plusieurs millions de personnes, le gouvernement japonais a donc choisi de déterminer des zones variant entre 3 et 30 kilomètres autour du site, de façon concentrique, sans tenir compte du sens des vents, et de la réelle contamination des sols.

Ils n’ont été en réalité qu’entre 60 000 et 140 000 personnes à partir, allant rejoindre ailleurs des membres de leur famille, mais contrairement au discours officiel, repris par l’AIEA, ils n’ont pas été évacués.

Quant aux personnes qui ont été comptabilisées dans des camps plus ou moins de fortune, ils n’étaient pas tous des rescapés de Fukushima, mais aussi des survivants du tsunami, soit de 60 000 à 80 000 personnes, sans qu’il soit possible de savoir qui sont les uns et qui sont les autres.

Plus inquiétant, ces rescapés ont été placés dans des zones situées parfois seulement à 50 km de la centrale accidentée, et ces rescapés ont réalisé que certaines de ces zones pourtant plus éloignées, étaient plus polluées que celles dans lesquelles ils vivaient auparavant.

A titre d’exemple, il existe une ville de 20 000 habitants du nom de Namie, à 10 km du site, qui n’a reçu aucune consigne officielle d’évacuation, et les habitants ont vite compris qu’ils devaient se débrouiller tous seuls.

Le maire de Namie a d’ailleurs accusé les autorités gouvernementales d’avoir organisé une « espèce de meurtre ».

Le gouvernement japonais avait pourtant à sa disposition le système « Speedy », qui permet de modéliser par anticipation la dispersion dans l’air des radionucléides.

Or les habitants en s’évacuant un petit peu au hasard vont être en réalité confrontés à un danger bien plus grand, car en rejoignant un secteur plus lointain, ils vont se traverser une zone encore plus polluée, ignorant ce que le gouvernement japonais savait, lequel avait seulement prévenus les soldats de l’armée américaine qui s’y trouvaient.

Areva avait pris d’ailleurs les mêmes mesures, donnant l’ordre à son personnel sur place d’évacuer rapidement.

Le gouvernement japonais finira par admettre le principe des « taches de léopard », défini à Tchernobyl, considérant des villages, ou des quartiers de grande ville, pourtant plus éloignées de la centrale, comme des zones tout autant polluées.

Or en décidant de considérer ces zones comme définitivement contaminées, ça permet de geler la situation actuelle, comme si la centrale avait arrêté de polluer, alors qu’elle continue de rejeter la radioactivité sans la moindre interruption depuis près de 20 mois.

C’est dans la même logique de mensonge que le 16 décembre 2011, Tepco affirmera que tout est sous contrôle, que les réacteurs ont été refroidis, et que l’on passe maintenant à la phase de « nettoyage », en parlant même de réhabilitation début janvier 2012.

Mais tout ça n’est qu’une simple affaire de communication s’appuyant sur un calendrier.

Cette « réhabilitation » va surtout consister à mobiliser les citoyens, et a enlever de la terre polluée, très localement, dans un parc public, au pied d’un toboggan, sur des lieux ou il y a beaucoup de passages, en arrosant par ci, par là, déplaçant simplement la radioactivité d’un point à un autre, enterrant une partie de la terre contaminée dans des zones de forêt.

Coté précaution, pour rassurer les populations, des dosimètres ont été mis dans les cartables des enfants, mais les mesures n’empêchent pas le danger.

Lorsqu’elles sont significatives, les préfectures demandent aux enfants d’aller jouer plus loin, mais la question de l’accumulation de la pollution dans le corps des enfants n’est pas vraiment à l’ordre du jour alors que la thyroïde du 1/3 d’entre eux a été affectée.

On demande aux japonais de mesurer un peu partout, dans leur habitation, les légumes achetés, voire même l’intérieur des réfrigérateurs…façon de diluer l’angoisse.

Lorsqu’ils sont conscients d’avoir dépassé la dose admise, ils se rendront lors de leur weekend end, dans des zones moins contaminées, espérant ainsi « équilibrer » les doses reçues dans leur corps.

Ils en viennent même à penser qu’en se mesurant à longueur de journée, ils mourront plus tard que les autres, ceux qui ne se mesurent pas.

Des cet instant, le choix de sensibiliser les citoyens en les poussant à faire leurs propres mesures, déresponsabilise en partie ceux qui tentent de gérer la catastrophe, faisant porter cette responsabilité sur les citoyens.

En attendant, la centrale dévastée continue jour après jour à rejeter la pollution dans l’air, l’eau, et la terre, la piscine du réacteur n°4 contient toujours 514 assemblages dangereux, et le 20 octobre 2012, un incendie s’est déclaré dans l’annexe des unités 1 et 2 de la centrale accidentée

Olivier Cabane | agoravox.fr

Plaidoyer pour une interdiction totale de l’énergie nucléaire

(Par Mitsuhei Murata, ancien ambassadeur du Japon en Suisse)

Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un grand honneur et un réel plaisir de participer à cet événement mémorable.

En 1956, la guerre froide était à son apogée, la guerre nucléaire menaçait l’humanité et mon essai qui reçut un prix annonçait que le monde était « au bord de la destruction totale. » Aujourd’hui, les conséquences de Fukushima menacent le monde. L’Unité 4 contient 10 fois plus de césium 137 que Tchernobyl. Un fort tremblement de terre pourrait mener à son l’effondrement.

Les Japonais se rendre compte par expérience que l’énergie nucléaire génère des calamités inacceptables. L’effondrement de l’unité 4 pourrait en être une. Le Japon doit assumer le rôle historique de la promotion de la dénucléarisation civile et militaire, à la fois. Ignorer l’état des réacteurs nucléaires de Fukushima c’est continuer à les promouvoir au Japon et à l’étranger. Fukushima ne doit pas être oublié. Au nom des victimes et des 170.000 réfugiés, j’appelle à une interdiction totale de l’énergie nucléaire. Le monde doit se rendre compte que toute contamination radioactive crée un danger immense et permanent pour l’humanité et la terre.

1. Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima ne sont pas moins terribles que des bombes atomiques. Les réacteurs nucléaires sont des « super bombes » potentielles. Aucune arme isolée ne peut rivaliser avec les dommages potentiels que peuvent causer l’unité 4 de Fukushima ou des centres de retraitement nucléaires.

2. L’accident de Fukushima aurait pu être plus catastrophique pour le Japon et le monde. Il faut informer le monde entier sur le danger réel de voir s’effondrer l’unité 4 suite à la survenue d’un tremblement de terre d’intensité 7 sur l’échelle de Richter.

3. Le bon sens n’aurait jamais du permettre la construction de 54 réacteurs nucléaires dans un Japon menacé par de fréquents tremblements de terre et tsunamis. Seuls le manque d’éthique et de sens des responsabilités l’a rendu possible. L’argent et la corruption des gestionnaires des centrales nucléaires ont semé les graines de la catastrophe. Et elle n’est pas limitée au Japon.

4. C’est la même technologie qui produit l’énergie et les armes nucléaires. La prolifération des centrales nucléaires entraîne la prolifération des armes nucléaires, comme nous le voyons aujourd’hui en Corée du Nord et en Iran. Il n’y a que l’interdiction et l’élimination de toute utilisation de technologies de fission nucléaire à travers la planète entière, pour assurer la sécurité des générations futures.

5. Le manque d’éthique et de sens des responsabilités est mis en évidence par l’absence d’une solution viable pour les déchets nucléaires, qui menacent les générations futures. Le Japon « village nucléaire » ou dictature nucléaire envisage le redémarrage et l’exportation de réacteurs nucléaires, remettant ainsi en marche son offensive commerciale pour l’industrie nucléaire japonaise. C’est immoral. Et ne montre aucun sens des responsabilités sur les plans international et intergénérationnel. Hélas, je crains que cela ne dure.

6. Le Japon doit avertir le monde des conséquences d’une politique qui ne met pas en route la dénucléarisation. Il y a huit ans, j’avais prédit que les compagnies d’électricité Japonaise décideraient du sort du Japon. Il y a deux ans lors du Congrès mondial de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) à Bâle, j’ai plaidé pour la mobilisation de la sagesse humaine pour éviter la catastrophe ultime qu’une calamité nucléaire pourrait produire. Malheureusement, ces mises en garde n’ont pas empêché que se vérifient mes craintes.

7. Compte tenu des conséquences d’un accident nucléaire, à l’échelle du monde entier, les pays qui ne possèdent pas les réacteurs nucléaires devraient exiger la dénucléarisation, qu’elle soit militaire ou civile. Et les pays déjà engagé dans l’option de l’énergie nucléaire devraient faire de même.

8. À l’origine, le Japon a une culture ‘maternelle’ caractérisé par l’harmonie et la solidarité. Après la restauration du régime de Meiji, une culture ‘paternelle’ caractérisé par la concurrence et la confrontation sous forme militaire s’installa. L’histoire montre que les cultures paternelles mènent à la catastrophe. Fukushima est le résultat de la suprématie de l’économie, une autre forme de culture paternelle introduite après la seconde guerre mondiale. La culture maternelle de l’harmonie est le remède à la culture paternelle du pouvoir.

9. Les accidents nucléaires entraînent des conséquences illimitées, incontrôlables et inacceptables pour la société humaine. Fukushima rappelle que la possibilité d’une telle catastrophe devrait être complètement nulle. Le grand principe d’un monde sans armes et sans réacteurs nucléaires ne doit pas être oublié. La transition vers une civilisation ‘maternelle’ est une condition sine qua non pour cette vision du monde.

10. L’humanité est aujourd’hui confrontée à une crise de civilisation. La vraie cause en est le manque d’éthique. L’Éthique fondamentale interdirait l’abus et l’épuisement des ressources naturelles, laissant dans son sillage des déchets toxiques indestructibles, de façon définitive, et d’énormes dettes. L’éthique mondiale nécessite la ‘culture maternelle’, qui respecte l’environnement et les intérêts des générations futures.

Trois transitions sont nécessaires : Transformer l’égoïsme en solidarité, la cupidité en contentement et le matérialisme en spiritualité. Les énergies naturelles et renouvelables pourraient largement couvrir les besoins d’une telle civilisation, avec une période de transition complétée par des combustibles fossiles. Nous devons nous préparer à faire les sacrifices à court terme dans nos modes de vie pour la sécurité à long terme de l’humanité et de la terre sans l’énergie nucléaire.

11. La proposition de tenir un Sommet aux Nations Unies, attire désormais davantage l’attention mondiale. Le triple choix de l’éthique planétaire, de la civilisation maternelle et de la dénucléarisation véritable doit devenir une réalité. La vision du président Obama d’un « Monde sans armes nucléaires » doit devenir un monde « Sans armes nucléaires et sans réacteurs nucléaires. » Le Sommet d’éthique des Nations Unies en est la première étape concrète. Je souhaite ardemment que le président Obama prenne l’initiative de réaliser ce Sommet et de créer une Journée internationale d’éthique planétaire pour servir de rappel annuel. Préalablement, toute controverse sur le contenu doit être soigneusement évité.

Conclusion : En conclusion, permettez-moi de dire ce qui suit :

La situation critique à Fukushima nécessite la mobilisation de la sagesse humaine à l’échelle la plus large possible. L’impérieuse nécessité de mettre en place une équipe d’évaluation neutre ainsi qu’une équipe de coopération technique internationale est évidente.

Les barres de combustible dans la piscine de refroidissement en décomposition de l’unité 4 doivent être déplacées vers un autre lieu dès que possible. Il s’agit là d’une question de sécurité mondiale qui exige des efforts maximaux qui, malheureusement, ne sont pas mis en oeuvre.

De plus en plus de Japonais s’éveillent aux dangers réels des accidents nucléaires et des réacteurs nucléaires. Le Japon avance donc constamment vers une la réalisation d’une dépendance zéro à l’énergie nucléaire.

« La volonté du ciel et de la terre » est ma traduction de « la Providence comme philosophie », protégeant de l’humanité et de la terre. Elle aidera à réaliser en temps voulu, la vrai dénucléarisation, civile et militaire. La rage de ceux qui ont tout perdu continuera d’animer les mouvements anti-nucléaires au Japon et éventuellement à l’étranger.

Le Japon doit désormais contribuer à la réalisation de la vraie dénucléarisation. Afin que les victimes d’Hiroshima, de Nagasaki et de Fukushima n’aient pas souffert en vain.

CONCLUSION :

Voir informations complémentaires : (5-6-7)

Si nous ne savons pas écouter un propos aussi serein et légitime venu du pays d’Hiroshima et de Fukushima, c’est que nous sommes, je crois, nous-mêmes dangereux pour nos contemporains et pour les générations futures…

Recevrons nous cette information majeure ? Ou ce signal fort étourdissant sera-t-il brouillé par le débat nucléaire franco français qui ne veut et ne peut entendre ? Si on se réfère à la médiocrité des échanges autour de ce sujet, au compromis – renoncement par lequel les verts se sont alignés pour prix de leur ’accord’ avec le PS au maintien de cette filière et à l’engagement renforcé vers l’EPR ; on se dit que les uns ou les autres sont dans la déraison. (8-9-10-11-12)

Nous nous questionnons :

 Sont ce les japonais traumatisés qui sur réagissent ? Ou bien font ils le sacrifice courageux que la raison leur dicte devant l’épreuve du réel ?

 Serions nous dans le même état d’esprit si un Tchernobyl en zone européenne impliquait l’évacuation totale dans un rayon de deux ou trois cent kilomètres ? Regardez la carte et le pourtour de chaque centrale !

Encore un débat éludé… Enterré même pour des raisons électoralistes par les plus chauds partisans des alternatives au nucléaire qui restent chez nous un gadget agité pour calmer l’opinion.

Le monde libéral capitaliste sait extraire de ses industries nucléaires les plus values demandées par ses actionnaires ; souvent au prix de sous traitances réduisant les coûts et la sécurité de l’activité. Dans l’idéologie du progrès qui sert de morale au capitalisme (Mais a un temps été partagée par le ‘socialisme réel’ avant la chute du mur de Berlin, et même après l’accident majeur de Tchernobyl), ceux qui énoncent un ‘Principe de précaution’ sont neutralisés. Le seul discours répandu est celui de la confiance que nous serions censé concéder à ceux qui ont déjà a de multiples reprises démontré leur incapacité à maîtriser la dangerosité du processus de la fission nucléaire, même en usage civil, et ne savent toujours pas traiter les déchets accumulés au péril des générations futures. Ceux là qui usent d’un cynisme a toute épreuve, trouvent parfois l’approbation de scientifiques, eux aussi nourris par la croyance de la maîtrise du savoir et ennemis déclarés de tous les ‘Lanceurs d’alerte’ qui perçoivent la part d’ignorance que masque leur arrogance.

La planète d’aujourd’hui et les générations futures ont sans doute plus besoin de la solidarité et de l’harmonie évoquée par le Pr. Mitsuehi Murata que d’une course effrénée vers la catastrophe au nom de la compétitivité censée nous faire ‘sortir’ de la crise systémique qui est aussi une crise de civilisation.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Information

Cette entrée a été publiée le 3 mars 2022 par dans anticapitalisme.
%d blogueurs aiment cette page :