Comment accepter que des places restent vacantes en formation de sages-femmes, alors qu’il en manque sur le territoire, en particulier dans le Loiret. Ou encore en pharmacie ? La réforme Pass-Las est contestée.
Cette année, 68 % des étudiants de Pass (Parcours Accès Santé Spécifique), soit 516, ont validé leur première année en Centre-Val-de-Loire, pour 294 places ouvertes en deuxième année aux élèves de Pass. Tous n’ont donc pas été admis et ont dû se réorienter, vers une deuxième année de licence accès santé par exemple. Par ailleurs, six places sont vacantes en maïeutique (formation de sages-femmes) pour cette rentrée, à Tours, et onze places en faculté de pharmacie. Alors que, cet été, des femmes du Loiret ont dû accoucher dans un autre département parce qu’on manque de sages-femmes sur le territoire.
Explications sur cette situation
Pour l’examen de passage en deuxième année, les étudiants de Pass (et de Las : licence avec option « Accès Santé) doivent choisir entre deux spécialités parmi celles enseignées à Tours : médecine, odontologie, maïeutique, pharmacie, kiné. « Des étudiants qui avaient choisi pharmacie et maïeutique en premier vœu n’ont peut-être pas été reçus, ou alors, il s’agissait de leur second vœu et qu’ils ont été admis en médecine », avance Stéphane Michel, président régional du collectif Pass-Las en Centre-Val de Loire.
La réforme mise en cause
C’est une des incohérences que dénonce le collectif national Pass-Las (les deux filières qui permettent de poursuivre des études de médecine depuis la réforme supprimant la Paces ou Première année commune aux études de santé). Le collectif, qui a des relais dans le Loiret, réclame l’abrogation de la loi qui a institué cette réforme. Sa pétition a déjà recueilli plus de 53.000 signatures.
Un recours a aussi été déposé devant le Conseil d’État. Cette instance avait statué en faveur du collectif Pass-Las, l’an dernier, en obligeant quinze universités, dont celle de Tours, à ouvrir, au total, mille places supplémentaires en seconde année de faculté de médecine (333 au lieu de 292 à Tours).
La fin du numerus clausus, vraiment ?
Autre incohérence, 516 étudiants ont validé leur Pass, cette année, à Tours, mais la très grande majorité voulait intégrer la filière médecine, qui ne propose que 333 places en deuxième année (plus 36 en maïeutique, 29 en odontologie, 130 en pharmacie).
C’est insuffisant. Le collectif « 200 médecins », qui a œuvré (en étant appuyé par des politiques de tous bords) pour obtenir l’ouverture d’une faculté de médecine à Orléans, réclame la formation de 500 médecins par an en Centre-Val de Loire dont 200 dans le Loiret.
« Numerus clausus ou numerus apertus (qui remplace le numerus clausus depuis 2020, NDLR), on a toujours un numerus minus. »
UNE ADHÉRENTE (Collectif Pass-Las en Centre-Val de Loire)
Stéphane Michel, président régional du Collectif Pass-Las en Centre-Val de Loire, considère qu’« ils ont changé le mode de sélection, mais rien n’est réglé » pour former davantage de médecins alors que les déserts médicaux s’étendent.
Il n’y aurait jamais eu autant de jeunes qui, faute de places en nombre suffisant dans les universités françaises, doivent aller étudier la médecine en Belgique (qui a réduit les accès aux Français après avoir connu une hausse de 150% des demandes) et en Roumanie.
Évolution des effectifs à Tours
2020. Alors que le numerus clausus est toujours en vigueur, la faculté de médecine de Tours dispose, en seconde année, de 275 places en médecine (20 de plus qu’en 2019), 30 en maïeutique, 27 en odontologie, 108 en pharmacie.
2021. Après la mise en application du numerus apertus et l’intervention du Conseil d’État, le nombre de places est passé à 333 en médecine (la faculté tourangelle ne souhaitait en proposer que 292), 36 en maïeutique (au lieu de 30 souhaitées), 29 en odontologie et 130 en pharmacie (au lieu de 115).
Philippe Abline