Les équipes enseignantes et administratives du collège de Dadonville, majoritairement en grève ce mardi 11 octobre, dénoncent un manque de moyens humains : il n’y a pas de principal adjoint, il n’y a plus qu’un demi-poste de direction de Segpa. Ils pointent aussi du doigt un manque de place.
« Sans moyen, on fait moins bien », « Manque de personnel, collège à l’arrêt », « Pas d’argent, danger pour les enfants ». Voilà quelques-uns des messages que l’on pouvait lire ce mardi 11 octobre sur les grilles du collège de Dadonville où très peu d’élèves se sont présentés ce matin. Parents et élèves avaient été prévenus du large mouvement de grève qui touche l’établissement.
« Environ 80 % des personnels, enseignants, équipes administratives, assistants d’éducation, sont en grève« , avance Thomas Pagnon, professeur de sciences et vie de la terre au collège Mary-Jackson et responsable syndical CGT de la section du collège. Une rencontre a été sollicitée auprès du rectorat.
Le problème principal dénoncé : le manque de moyens humains dans cet établissement flambant neuf, qui a ouvert ses portes en septembre 2021. « Mes collègues ont eu la gentillesse de faire tourner le collège pendant un an, l’année dernière, avec déjà un manque de moyens. Cette année, on se rend compte que les problèmes sont toujours là. Ce n’est pas une question de délai », résume Thomas Pagnon.
Quelques-uns des messages affichés ce matin.
A la base, à la création du collège de Dadonville, 430 élèves avaient été « fléchés » pour l’intégrer. Avec la réorganisation des effectifs entre les différents collèges publics du Pithiverais, de nouveaux élèves venant du privé, à la rentrée 2021 il y avait finalement 530 collégiens « mais avec des moyens prévus pour 430 », déplore le délégué syndical. A la rentrée 2022, ce sont 540 collégiens qui étaient comptabilisés à Dadonville.
Au collège de Dadonville, une rentrée plus sereine qu’en 2021 mais avec encore des accrocs
A côté de ça, des moyens ont été supprimés. « Nous n’avons plus qu’un demi-poste de direction de Segpa (Section d’enseignement général et professionnel adapté). L’an passé, c’était un poste à temps plein. Maintenant, on le partage avec le collège Simone-Veil de Pithiviers », indique Thomas Pagnon. « Cela impactera négativement les projets qui avaient été envisagés pour cette rentrée. »
Ajouter à cela : à Dadonville, il n’y a pas de principal adjoint pour seconder le principal Thierry Stromboni. « A plus de 500 élèves en général, il y a un principal adjoint », ajoute le délégué syndical. Au collège de Beaune-la-Rolande, 550 élèves, ce poste existe. De même à Simone-Veil à Pithiviers, qui compte 580 élèves. Idem à Puiseaux. A Neuville-aux-Bois, 630 collégiens, il y a également un principal adjoint.
Ce mouvement de grève a mobilisé largement.
Il faut noter qu’à la rentrée de septembre 2022, il n’y avait personne pour occuper le poste de gestionnaire. « Une contractuelle a bien été nommée depuis. Elle fait son maximum mais elle n’est pas vraiment formée à ce poste de gestionnaire », souligne Thomas Pagnon.
Résultat : les missions sont réparties sur d’autres personnels. Benoit Capou, conseiller principal d’éducation et représentant du Snes (Syndicat national des enseignements de second degré), est le seul CPE de l’établissement. « Je compense les manques », résume-t-il. « Mes missions, c’est faire de l’accompagnement éducatif des élèves, le lien avec les familles, gérer la vie scolaire, la sécurité, les problèmes de harcèlement… Actuellement, je travaille en plus sur la mise en oeuvre des examens, de la politique éducative, la gestion de Pronote… Si bien que mes missions principales, je les gère dans l’urgence. Je laisse des pans entiers du boulot de côté. «
Quand il n’y avait que le collège Denis-Poisson à Pithiviers, trois postes de CPE existaient. « Avec la division entre Simone-Veil à Pithiviers et nous à Dadonville, un poste a été supprimé. Il n’y a plus qu’un CPE par collège. »
Au-delà des moyens humains, un manque de place est aussi pointé du doigt. La salle de permanence peut accueillir une soixantaine d’élèves, soit deux classes. « S’il y a plus de monde, soit les élèves vont au CDI, au foyer ou bien dehors dans la cour. Cela arrive régulièrement », se désolent les grévistes. « On n’a pas non plus de salle polyvalente. On a bien une salle de réunion mais de douze places. Si bien que les réunions de rentrée avec les parents se font au réfectoire. »
Un enseignant le reconnaît : « Aujourd’hui, on a des classes qui flirtent avec le maxium que l’on peut accepter. Et parfois dans certaines salles de classe, les élèves sont tassés. On a le sentiment que tout a été fait au plus petit. «
Sollicités, le rectorat et le Département du Loiret n’ont pour l’heure pas donné suite à nos appels.
Aurélie Richard