Alors que la Grèce, en pleine crise, a drastiquement réduit le budget de la santé, les toxicos se tournent vers une drogue bon marché et inédite en Europe.
Le shoot d’héro a augmenté de 3 à 20 euros, contre 2 ou 3 euros pour la « Sisa ». Les autorités confirment que dans les rues dédiées, 99% des héroïnomanes consomment la « Sisa ».
Depuis les années 80, il est banal de voir des toxicomanes consommer aux yeux de tous dans les rues du centre d’Athènes, point d’entrée privilégié des drogues venues d’Orient.
Débarquée à Athènes il y a dix-huit mois, la « Sisa » est encore mal connue des pouvoirs publics, qui ne disposent que d’estimations. La « Sisa », ou tout produit réunissant les mêmes caractéristiques, n’a été détectée nulle part ailleurs en Europe.
Très facile à fabriquer, extrêmement toxique, la « Sisa » est principalement composée de liquide de batterie et de détergent. Elle se fume à la pipe sous forme de cailloux blancs.
Dans la rue, on dit qu’on n’y survit pas plus d’un an. La crise vient d’inventer la drogue pour les démunis de la crise. Un produit « spécial crise ».
Personne n’est d’accord ni sur son origine exacte, ni sur la nationalité des détenteurs du marché. Les consommateurs parlent de Pakistanais et de Kurdes, les différentes organisations évoquent tout à tour les Iraniens, les Afghans et les Irakiens.
Pourtant, ces jeunes migrants constituent une cible de choix pour les dealers de « Sisa ». Partout où il y a de la misère, les mafias locales, européennes ou internationales s’entendent bien ; et nos nationalistes nous renvoient à la lutte contre d’autres miséreux.
La Grèce, point d’entrée naturel des migrants en Europe, est aussi tenue d’accueillir ceux dont les autres pays membres ne veulent pas : la régulation de Berlin stipule qu’un Etat membre peut renvoyer un demandeur d’asile au pays par lequel il est entré en Europe.
Pourtant, dans sa course à la réduction de la dette, l’Etat a fermé un tiersdes centres de prévention et de désintoxication.
Dans un effort de centraliser les services sanitaires et sociaux, le nombre de travailleurs sociaux, notamment liés à la réduction des risques en toxicomanie, a dramatiquement diminué.
En ce contexte de crise, il n’y a plus de campagne anti-drogue. Le désastre est en marche, le capital vient de trouver une solution pour se débarrasser de ses plus pauvres.
Ne pensons pas qu’ici et maintenant nous soyons à l’abri…