Alexandre de Juniac, PDG d’Air France KLM en partance pour la direction générale de l’Association internationale du transport aérien (IATA), a été augmenté de 65 % en 2015. En effet, si son salaire fixe n’a pas bougé, la part « variable » de son salaire a quant à elle été multipliée par dix. Une annonce au relent de provocation envers les salariés du groupe.
Une annonce qui prend des allures de provocation
Il faut croire que les 600 000 euros de revenus d’Alexandre de Juniac n’était pas suffisants. Selon les chiffres publiés par le groupe Air France KLM, son PDG a vu la part variable de son salaire multipliée par dix, passant de 45 000 à 462 000 euros annuel en 2015. Comble du cynisme, le conseil d’administration a présenté cette augmentation comme une récompense au titre de « la performance quantitative » de l’action d’Alexandre de Juniac concernant « la stratégie de développement du low-cost, des partenariats long-courrier et de la maintenance, la satisfaction des passagers et le progrès dans le processus d’intégration du groupe » mais aussi de la mise en place des plans « Transform 2015 » qui a aboutit à la suppression de 5 500 postes et de « Transform 2020 », aux objectifs tout aussi funestes pour les salariés !
Une véritable provocation quand on sait que les travailleurs combatif d’Air France ont été traînés dans la boue dans l’affaire de la chemise arrachée fin 2015 … et que 5 d’entre eux se retrouvent aujourd’hui devant les tribunaux. De plus, les négociations tendues et et la perspective d’une nouvelle greve des pilotes au sein du groupe (voir ci-dessous) en ce moment même donne à cette annonce des allures de suicide pur et simple de la part de la direction d’Air France. Un véritable mépris de classe qui ne risque pas de faire retomber les tensions mais peut-être au contraire de réchauffer un peu plus l’atmosphère. Qui sait, peut être que cette augmentation ne vise qu’à remplir les stocks de chemises … car quelques unes risquent d’être arrachées dans les semaines à venir !
Le Conseil du SNPL (Syndicat national des pilotes de lignes) a refusé de signer le projet d’accord présenté par la direction d’Air France pour diminuer les coûts des pilotes. Jugeant le projet « inacceptable », une motion permettant le dépôt d’un préavis de grève a été votée. Dans le contexte de la mobilisation contre la loi travail ainsi que du procès des cinq salariés d’Air France attaqués en justice en octobre dernier pour « violence en réunion » suite à l’affaire de la chemise arrachée, le climat se réchauffe à Air France !
Déjà, à la mi-mars, 350 agents de piste Air France à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle se sont mis en grève pour protester contre la mise en sous-traitance de leur métier. Alors que l’affaire de la chemise arrachée est encore dans tout les esprits, les pilotes de ligne pourraient bien, à leur tour, retrouver les chemins des piquets ! Il faut dire que la direction d’Air France mène ces dernières années une politique offensive contre ses salariés leur promettant régulièrement des « plans » de restructuration (Transform 2015, Perform2020…) avec au menu des suppressions d’emplois, l’augmentation de la productivité, la délocalisation, tout cela arrosé de répression patronale dès que les travailleurs.es manifestent leur désaccord. L’une des dernières idées de la direction est donc de proposer des contrats de travail différenciés aux salariés en fonction de leur productivité. Les pilotes étaient les premiers sur la liste.
C’est ainsi que le conseil du SNPL a refusé ce mercredi 20 avril le projet d’accord de la direction, à signer d’ici le 2 mai, proposant une augmentation de la productivité, des mesures de flexibilité et l’embauche de 600 pilotes d’ici à fin 2020. Loin de se laisser duper par ces « embauches » qui ne sont en réalité que des remplacements, les pilotes semblent peu enclin à faire des concessions. A ce titre l’annonce de l’augmentation de 65% tombe bien mal et est perçu à juste titre comme une véritable provocation.
Le patron d’Air France se garde la possibilité de passer en force en appliquant unilatéralement les mesures prévues par le plan « Transform 2015 » et non-exécutées totalement par les pilotes. De fait, ces derniers n’ont réalisé que 12% des 20% des mesures d’économies sur lesquelles ils s’étaient engagés. Mais on sait déjà qu’une telle décision de la direction déclencherait une grève chez les pilotes de ligne. En effet, selon des informations de la Tribune, la SNPL a voté une motion mandatant le bureau du SNPL de « s’opposer par tous les moyens, y compris la grève, à toute modification unilatérale par la direction des conditions de travail ou de rémunération des pilotes, ou de non respect du périmètre actuel ».
Si le SNPL pose prochainement un préavis de grève, il est fort possible que la base des pilotes, ainsi que l’ensemble des personnels au sol, personnels navigants, dont la colère contre la direction d’Air France ne cesse de grandir depuis plusieurs années expriment des vélléités de convergences avec le mouvement contre la Loi Travail. De fait, le plan « Transform 2015 » et maintenant le plan d’augmentation de la productivité « Perform 2020 » sont autant de « plans » de restructuration patronaux qui viennent précariser les conditions de travail des travailleurs.es, et la Loi Travail n’arrangera rien. Il est à espérer que cette perspective se traduise par une lutte commune dans la rue, pour crier tous et toutes ensemble que « nos vies valent plus que leurs chemises ».