La Colonne Vendôme au centre de la place du même nom, fut érigée en 1805 par Napoléon Ier en souvenir de la victoire d’Austerlitz.
Haute de 44,3 mètres, elle est composée de 76 anneaux de granite recouverts par 425 fines plaques de bronze. On raconte que celles ci sont issues de la fonte de 1200 canons pris aux armées russes et autrichiennes.
Le 12 avril 1871, durant la Commune de Paris, décision fut prise, sous l’instigation du peintre Courbet, de “déboulonner” la Colonne symbole du despotisme des deux Empires.
L’opération fut prévue pour le 16 mai à 14h.
Le jour venu, la foule se presse sur la place ou des sièges ont été placés pour les dames. Les boutiques sont fermées et les vitres protégées. Les ouvriers mettent la dernière main à l’échafaudage. Une partie du monument est scié à un tiers, tandis qu’une profonde entaille de taille similaire est pratiquée de l’autre côté. Trois
cordages fixés en son sommet attendent d’être reliés au cabestan.
La foule attend l’évènement avec fébrilité. Partout se propage la rumeur… Et si la colonne détruisait les fondations de l’Opéra ? Un lit de fumier et de sable placé au sol dans l’axe de la rue de la Paix doit amortir une chute dont on prétend qu’elle pourrait détruire les maisons de la place.
15h30: L’orchestre de la Garde Nationale entonne la Marseillaise à grand renfort de cuivre. Les ouvriers descendent de l’échafaudage. Les cordes se tendent. Le public retient son souffle. Au bout de quelques secondes, une poulie se brise, tuant un homme sur le coup. Ce contretemps imposera une légère réorganisation et un déblaiement additionnel de la place qui durera jusqu’à 17h15.
On tire à nouveau les cordages. Cette fois, la colonne vacille puis abandonne la lutte, se cassant en trois morceaux avant de toucher le sol.
Le nuage de fumée se dissipe. De la statue, il ne reste plus que le socle. Le corps de Napoléon qui ornait le sommet du monument, git décapité sur le dos. Un homme retrouvera la tête plus loin et d’un coup de pied la ramènera machinalement vers son propriétaire. Le métal sera récupéré pour être fondu à l’hotel de la Monnaie.
La Place Vendôme sera désormais baptisée “Place Internationale”.
Après la chute de la Commune, Mac Mahon décidera de rebâtir la colonne au frais de Courbet. Le montant des travaux est fixé a 323.000 francs. Courbet sera condamné à verser 10000 francs par ans durant 33 ans. Il mourra en 1877 avant d’avoir pu honorer la première traite.
L’Arc de Triomphe s’élève au centre de la place Charles-de-Gaulle (anciennement place de l’Étoile), dans l’axe et à l’extrémité ouest de l’avenue des Champs-Élysées, à 2,2 kilomètres de la place de la Concorde. Haut de 49,54 m, large de 44,82 m et profond de 22,21 m, il est géré par le Centre des monuments nationaux1. La hauteur de la grande voûte est de 29,19 m et sa largeur de 14,62 m. La petite voûte mesure 18,68 m de haut et 8,44 m de large. Le monument pèse 50 000 t — en fait 100 000 t, en prenant en compte les fondations qui s’enfoncent à 8,37 m de profondeur. Le coût total de la construction a été de 9 651 116 F2.
La place de l’Étoile forme un énorme rond-point de douze avenues percées au xixe siècle sous l’impulsion du baron Haussmann, alors préfet du département de la Seine. Ces avenues « rayonnent » en étoile autour de la place, notamment l’avenue Kléber, l’avenue de la Grande-Armée, l’avenue de Wagram et, la plus connue, l’avenue des Champs-Élysées. Des pavés de couleurs différentes dessinent sur le sol de la place deux étoiles dont les pointes arrivent pour l’une au milieu des avenues, pour l’autre entre les avenues.
Ce site est desservi par la station de métro Charles de Gaulle – Étoile.
Napoléon Ier, au lendemain de la bataille d’Austerlitz, déclare aux soldats français : « Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe. » L’Empereur s’est référé aux arcs de triomphe érigés sous l’Empire romain afin de commémorer un général vainqueur défilant à la tête de ses troupes.
Par un décret impérial daté du 18 février 1806, il ordonne la construction de cet arc de triomphe consacré à perpétuer le souvenir des victoires des armées françaises3. Son projet initial est d’ériger le monument « à l’entrée des boulevards, près du lieu où était la Bastille, de manière qu’en entrant dans le faubourg Saint-Antoine on passe sous cet arc de triomphe ». Il veut ainsi en faire le point de départ d’une avenue triomphale traversant notamment le Louvre et la place de la Bastille. Le ministre de l’Intérieur Champagny avise l’Empereur que le choix de la Bastille serait dispendieux et le convainc d’ériger l’Arc à l’ouest de Paris sur la place de l’Étoile qui permettait le dégagement de belles perspectives4.
Le comte Jean Bérenger, conseiller d’État, se charge du financement comme directeur général de la Caisse d’amortissement. Le décret impérial du 26 février 1806, qui ordonne l’érection d’un arc de triomphe, prévoit en effet que « sera pris un million pour cet objet sur les contributions provenant de la Grande Armée. La Caisse d’amortissement tiendra chaque mois, à dater du 1er mars, une somme de cinquante mille francs à la disposition du futur architecte et celle de quinze mille francs pour les travaux d’art et de sculpture »5. Pour la conception du monument, l’architecte Jean-François-Thérèse Chalgrin est en concurrence avec son confrère Jean-Arnaud Raymond, chargé de collaborer avec lui. Le premier souhaite orner l’arc de colonnes isolées tandis que le second les veut engagées, l’incompatibilité de ces deux conceptions rendant impossible toute collaboration entre les deux architectes. Un arbitrage rendu par Champagny, ministre de l’Intérieur, force Raymond à se retirer honorablement. Chalgrin supprime alors les colonnes de son projet6 et s’inspire de l’arc tétrapyle de Janus et de l’arc de Titus à Rome, alors en pleine restauration7.
La première pierre en forme de bouclier portant une inscription est posée le 15 août 1806 et recouverte d’une plaque en bronze pour la protéger. Les fondations (un massif de 54,56 mètres de longueur sur 27,28 mètres de largeur et 7,55 mètres de profondeur)8 exigent deux années de chantier. En 1810, les quatre piles s’élèvent à environ un mètre au-dessus du sol. À l’occasion de son mariage avec l’archiduchesse Marie-Louise et de l’entrée de celle-ci dans Paris, l’Empereur délègue des crédits qui permettent à Chalgrin de construire une maquette en vraie grandeur en charpente, stuc et toiles peintes qui restent assez longtemps en place et sous laquelle la princesse passe. L’architecte meurt assez subitement en 1811, suivi, huit jours après lui, par son confrère Raymond9.
Lors des premières défaites napoléoniennes (campagne de Russie en 1812), et des évènements de 1814, l’Arc de Triomphe est élevé jusqu’aux voûtes (l’imposte de la grande arcade est posée avec la 45e assise), mais la construction est interrompue puis abandonnée sous la Restauration. Louis XVIII ne reprend la construction qu’en 1824 avec les architectes Louis-Robert Goust puis Huyot et sous la direction de Héricart de Thury. En 1830, Louis-Philippe reprend la pensée initiale de Napoléon mais, dans un esprit de réconciliation, associe les armées qui ont combattu entre 1792-1815. C’est Louis-Philippe et Adolphe Thiers qui décident du choix des thèmes et des sculpteurs : Le départ des Volontaires, communément appelé La Marseillaise, de François Rude et Le Triomphe de Napoléon de Jean-Pierre Cortot. Plus spectaculaire est la frise située au sommet de l’Arc et qui se divise en deux parties : Le Départ des Armées et Le Retour des Armées avec une longue scène centrale à la gloire de la Nation. La construction est finalement reprise et achevée entre 1832 et 1836 par l’architecte Guillaume-Abel Blouet, sous Louis-Philippe.
L’arc de triomphe de l’Étoile est inauguré le 29 juillet 1836 pour le sixième anniversaire des Trois Glorieuses. Au départ, une grande revue militaire en présence de Louis-Philippe est prévue. Mais, alors qu’il vient d’être visé par un nouvel attentat le 25 juin, le roi décide de s’en abstenir. La revue militaire est décommandée et remplacée par un grand banquet offert par le roi à trois cents invités, tandis que le monument est découvert en catimini à sept heures du matin, en la seule présence d’Adolphe Thiers et de son ministre des Finances, Antoine d’Argout10.
En 1842, Honoré de Balzac en fait un symbole de la fidélité des soldats à l’Empereur : « mais tous les cœurs, même les plus hostiles à l’empereur, adressaient au ciel des vœux ardents pour la gloire de la patrie. Les hommes les plus fatigués de la lutte commencée entre l’Europe et la France avaient tous déposé leurs haines en passant sous l’arc de triomphe11 »
Dans l’esprit des concepteurs, le sommet de l’Arc devait être couronné par un groupe sculpté monumental. Plusieurs projets, dont certains très fantaisistes, sont présentés : la France victorieuse, un aigle colossal, Napoléon sur une sphère, un réservoir d’eau, un éléphant, etc. En 1882, un quadrige conçu par le sculpteur Alexandre Falguière est installé sur le socle laissé vide : cette maquette en charpente et en plâtre, grandeur naturelle, représente une allégorie de La France ou de La République, tirée par un char à l’antique s’apprêtant à « écraser l’Anarchie et le Despotisme ». La sculpture monumentale, baptisée le Triomphe de la Révolution, est enlevée dès 1886 car elle commence à se dégrader, son remplacement définitif par un bronze ne s’étant jamais fait par la suite12. On peut observer le monument pourvu du groupe de Falguière sur diverses photographies, tout particulièrement celles prises lors des funérailles grandioses de Victor Hugo, en 1884 (voir section Faits divers). Une réplique en marbre de petite dimension (environ 1,2 m.) du Triomphe de la Révolution est exposée en salle 17 du musée de Grenoble13.
L’Arc de Triomphe fait maintenant partie des monuments nationaux à forte connotation historique. À ses pieds, se trouve la tombe du Soldat inconnu de la Première Guerre mondiale. La flamme éternelle qu’il abrite, est avec celle de l’autel de la Patrie à Rome la première du genre depuis l’extinction de la flamme des Vestales en 391. Elle commémore le souvenir des soldats morts au combat et ne s’éteint jamais : elle est ravivée chaque soir à 18 h 30 par des associations d’anciens combattants ou de victimes de guerre. L’Arc de Triomphe est aussi un haut lieu symbolique depuis que la dépouille du Soldat inconnu a été inhumée le 28 janvier 1921. Deux ans plus tard, André Maginot, alors ministre de la Guerre, soutient le projet d’y installer une « flamme du souvenir » qui est allumée pour la première fois le 11 novembre 1923 par le ministre15.
Ce geste de ravivage symbolique est accompli chaque soir depuis16, même le 14 juin 1940 — jour où l’armée allemande est entrée dans Paris et défilait sur la place de l’Étoile : ce jour-là, le ravivage a eu lieu devant les officiers allemands qui ont autorisé la cérémonie —
En février 2008, est inaugurée la nouvelle scénographie permanente de l’Arc de Triomphe due à l’artiste Maurice Benayoun et à l’architecte Christophe Girault. Renouvelant l’exposition des années 1930, cette nouvelle muséographie accorde une large place au multimédia. Intitulée « Entre guerres et paix », elle propose une lecture de l’histoire du monument prenant en compte l’évolution de sa symbolique jusqu’à la période actuelle, période où les valeurs du dialogue et de la rencontre prennent le pas sur la confrontation armée. Une présentation multimédia raconte en sept stations et sur trois niveaux l’histoire du monument de façon contemporaine, interactive et ludique. Elle permet de découvrir ce qui aurait pu être (les projets non réalisés), ce qui a disparu et ce qui ne peut être facilement vu (le décor sculpté).
Bravo pour votre analyse. Mettre en parallèle l’Arc de Triomphe et la Colonne Vendôme est plus que judicieux. Où se trouve la république dans ces monuments symboles des 1er et second empires ?