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Le système des retraites ne sera pas à l’équilibre avant au moins 2042 : De nouvelles attaques en perspective !

Le retour à l’équilibre du système des retraites sera un peu plus long que prévu. C’est ce qui ressort d’une version quasi définitive du rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) qui devait être publié jeudi 13 juin et dont Le Monde a obtenu copie. Ce document sera décortiqué avec minutie alors que se profile une vaste réforme visant à fonder un régime universel. Le gouvernement y sera d’autant plus attentif qu’il cherche à faire des économies pour compenser le coût des mesures sociales annoncées depuis décembre 2018, en réponse au mouvement des « gilets jaunes ».

Avec 324,5 milliards d’euros versés en 2018, les dépenses du système de retraite se sont élevées à 13,8 % du produit intérieur brut (PIB) – soit + 2,1 points par rapport à 2002. Parmi ces dépenses, 286,3 milliards d’euros ont été consacrés aux pensions dites de « droit direct » et 36,1 milliards à celles de droit dérivé – essentiellement les pensions de réversion. Comme le relève le rapport, le système est « quasiment revenu à l’équilibre depuis 2017 » avec des besoins de financement estimés à seulement 0,1 % du PIB, soit près de 2,9 milliards d’euros, l’an passé.

L’amélioration récente des comptes s’explique notamment par la réforme de 2010 qui a décalé de 60 ans à 62 ans l’âge légal de départ à la retraite. Mais la situation pourrait se dégrader à court terme.

A l’horizon 2022, sous réserve que la loi ne change pas, le dispositif resterait, en effet, dans le rouge à hauteur de – 0,4 % du PIB alors que le COR anticipait un ratio de – 0,2 % dans son précédent rapport annuel. Sur le moyen terme, ce solde négatif s’expliquerait « principalement » par le recul « des ressources en pourcentage de PIB ».

Désormais, il faudrait attendre 2042 (et non plus 2036, comme escompté en 2018) pour que le système retrouve la ligne de flottaison – et ce, dans l’hypothèse la plus favorable (+ 1,8 % de croissance des revenus d’activité). A l’inverse, le système resterait durablement déficitaire avec des revenus d’activité progressant à un rythme inférieur à 1,5 %.

Le niveau de vie moyen des retraités ne s’améliore plus

Ces chiffres vont donner des arguments à ceux qui, au sein du gouvernement et de la majorité parlementaire, militent pour prendre des mesures d’économies à court terme. L’idée de rallonger, dès cet automne, la durée de cotisation nécessaire pour l’obtention du taux plein est mise sur la table, dans la perspective du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020. Est également évoquée l’hypothèse d’une décote, minorant la pension, pour les personnes qui partent à la retraite avant un « âge pivot » situé aux alentours de 63 ou 64 ans.

Autant de scénarios qu’il convient toutefois de remettre en perspective. Le COR montre, en effet, que même en l’absence de réforme, l’âge de départ à la retraite, orienté à la hausse depuis plusieurs années, va continuer d’augmenter, passant de 62 ans en 2018 « à environ 64 ans à partir de la fin des années 2030 ». Des tendances qui résultent notamment de « la hausse de la durée d’assurance requise » pour percevoir le taux plein et « des entrées plus tardives sur le marché du travail ».

Autre enseignement notable, dans le rapport du COR : après avoir « régulièrement » progressé jusqu’en 2010, le niveau de vie moyen des retraités a quasiment cessé de s’améliorer durant les six années suivantes. Une évolution, de prime abord, surprenante dans la mesure où la « pension nette moyenne » avait continué de s’accroître (+ 0,6 % par an, entre 2010 et 2016).

Cet apparent hiatus tient au fait que le niveau de vie prend en compte d’autres ressources, comme les revenus du patrimoine. Or ces derniers ont diminué, du fait de rendements moins favorables pour l’épargne. En outre, les prélèvements sociaux (contribution sociale généralisée) et fiscaux (impôt sur le revenu, taxe d’habitation) « ont pesé de plus en plus (…) entre 2002 et 2016 » sur cette catégorie de la population, souligne le COR.

Si l’on raisonne, cette fois-ci, au niveau individuel (et non plus en moyenne), le rapport met en évidence une « érosion » du pouvoir d’achat des pensions, au cours des vingt-cinq dernières années. Cette dégradation s’avère plus ou moins nette, suivant les « cas-types » retenus et les générations. Exemple : pour un salarié non-cadre du privé né en 1942, la perte de pouvoir d’achat est de 3,3 % entre l’année où il a pris sa retraite et 2018 (– 2,6 % pour celui qui est né en 1937). Une telle baisse (pour la période 2014-2017) « provient plus particulièrement de la non-revalorisation de la valeur du point » de retraite dans le régime complémentaire du privé Arrco.

Le niveau de vie moyen des retraités reste malgré tout au-dessus de celui de l’ensemble de la population – le premier représentant un peu plus de 105 % du second, en 2016. Ce ratio, qui s’était accru de 1970 à 1996, était relativement stable, depuis. A l’avenir, la donne devrait s’inverser puisque le niveau de vie des personnes à la retraite redeviendrait inférieur à celui de tous les habitants en France (pour s’établir entre 91 % et 95 % en 2040, puis entre 78 % et 86 % en 2070) : il retrouverait ainsi « son niveau des années 1980 ».

Un tel phénomène ne signifie pas que les pensions vont s’affaisser, insiste le COR. Au contraire, elles poursuivront leur ascension, mais augmenteront moins vite que les revenus d’activité, notamment parce que celles octroyées dans les régimes de base sont indexées sur les prix, et non pas sur les salaires – lesquels sont plus dynamiques que l’inflation.

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Cette entrée a été publiée le 16 juin 2019 par dans anticapitalisme, ANTISOCIAL, AUSTERITE, BUDGET, FRANCE, GOUVERNEMENT, retraites.
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