Incendie et dégradations à l’usine de nickel de Vale
Le site industriel de Vale en Nouvelle-Calédonie, à l’arrêt en raison des violences déclenchées par son rachat, a à nouveau été la cible d’incendies et de dégradations, a indiqué mardi la direction de Vale-NC.
Le feu s’est déclaré en début de soirée lundi et a détruit un stock de pneus, des engins, des bureaux administratifs et un stock d’huile sur le site de cette usine hydro-métallurgique de cobalt et de nickel, classée Seveso 2 et situé dans le sud de l’archipel.
« Ces dégradations sont organisées, préméditées et d’une extrême violence. Ce sont des actes de sabotage dont l’objectif est de nuire, détruire et blesser », a indiqué Vale-NC dans un communiqué.
L’industriel brésilien a indiqué que les fauteurs de trouble « ont pris la fuite à l’arrivée des pompiers », tandis que la semaine dernière des émeutiers avaient « coupé un tuyau » d’eau et creusé une « tranchée » sur la route, ce qui a compliqué l’intervention des équipes de secours.
Les incendies, allumés en plusieurs endroits, ont été maîtrisés dans la nuit et ont engendré, selon la sécurité civile, une pollution aux hydrocarbures dans une rivière située en contrebas.
Ces nouvelles exactions interviennent alors que cette usine chimique, adossée au riche gisement de Goro, est à l’arrêt et sous protection des forces de l’ordre depuis jeudi après avoir été prise d’assaut avec des camions par des militants indépendantistes, opposés à sa vente à un consortium avec Trafigura, négociant en matières premières.
Le FLNKS (Front de libération nationale kanak socialiste), le collectif « usine du sud : usine pays » et l’Instance coutumière autochtone de négociations (ICAN), refusent cette transaction et prônent une nationalisation des ressources minières.
Toute la semaine dernière, ce dossier explosif a été à l’origine d’une flambée de violences sur le Caillou, qui a ravivé les oppositions entre indépendantistes et non indépendantistes. Lundi soir, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, s’est entretenu par visioconférence avec des responsables du FLNKS, qui lui « ont transmis (leurs) positions ». Un nouveau contact devrait avoir lieu en fin de semaine.
Pourquoi cette usine pose-t-elle problème ?
Situé dans la province Sud (non indépendantiste), le complexe de traitement de nickel et cobalt emploie 1 300 salariés et 1 500 sous-traitants. Son propriétaire – le brésilien Vale – veut le céder au plus vite, sous peine de fermeture définitive. Un repreneur australien s’était porté candidat, en vain, début septembre.
Pourquoi cette affaire devient-elle politique ?
Tout en s’opposant à la « casse » du site, les indépendantistes ferment la porte à son rachat par des capitaux étrangers. Ils préconisent une solution de reprise par la société d’économie mixte Sofinor (associée à Korea Zinc…), gérant déjà un complexe minier dans le nord du territoire. Les loyalistes ont dénoncé l’attitude des indépendantistes, responsables à leurs yeux de l’échec des négociations avec les Australiens.
Où en est le dossier ?
Le brésilien Vale a passé un accord avec le suisse Trafigura. Les indépendantistes défendent toujours la solution Sofinor. Ces derniers mettent d’ailleurs la pression, multipliant les barrages routiers et portuaires depuis plusieurs semaines.
Y a-t-il des avancées ?
Pour tenter de trouver une issue, la présidente loyaliste de la province Sud a accepté, vendredi, de contacter le brésilien Vale. Objectif ? Permettre à la Sofinor « de finaliser son offre » sous deux ou trois mois.
Message entendu d’une oreille par Vale qui a décidé de reporter sa décision de cession… de quelques jours seulement. Colère des indépendantistes qui ont donc repris les blocages. Une attitude pointée du doigt par les loyalistes, dénonçant « la politique de la terre brûlée » des indépendantistes. Les Calédoniens ne veulent pas que le Nord s’approprie les richesses du Sud. Les Calédoniens, occidentaux en majorité, ne veulent pas, non plus, des blocages minant l’économie.
Dimanche 6 décembre, plusieurs gendarmes ont été blessés lors d’une opération de lever de barrages.
Située dans le sud, cette commune, avec celle de Yaté, abrite l’usine de traitement de nickel du brésilien Vale dont la vente, annoncée mercredi, à un consortium calédonien et international incluant le négociant en matières premières, Trafigura, soulève la colère des indépendantistes du FLNKS et des chefferies kanak. Il s’agit selon eux d’une opération « de prédation des multinationales ».
Les Loyalistes et l’État, qui apporte des aides financières, sont favorables à ce projet de reprise, qui permet « de sauvegarder 3 000 emplois ».
Après avoir été prise d’assaut jeudi par des émeutiers à bord de camions, qui ont été repoussés par les forces de l’ordre, l’unité industrielle, classée Seveso 2, a été évacuée en urgence puis mise à l’arrêt.
Compte tenu de l’escalade des violences, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, a lancé vendredi un appel au dialogue au FLNKS, qui la veille avait boycotté une réunion en visioconférence. Victor Tutugoro, porte-parole du bureau politique du front indépendantiste, a déclaré samedi « accepter la proposition du ministre », et a indiqué que rendez-vous avait été pris pour « le début de la semaine prochaine »
Communiqué USTKE
» L’USTKE depuis son engagement le 12 août 2020 en soutien à l’ICAN et au Collectif sur ce dossier a toujours eu à cœur de porter deux revendications essentielles que sont la préservation des emplois et la protection de l’environnement et de la biodiversité exceptionnelle du grand Sud. L’USTKE fait le constat que ces deux exigences sont aujourd’hui gravement menacées suite à cette signature autorisant le rachat de Vale NC par l’entité Prony Ressources avec la société Trafigura. Par conséquent, l’USTKE est fidèle à ses engagements depuis le début de cette mobilisation, consciente des enjeux liés aux emplois comme sur la préservation de l’environnement. » (cf.communiqué paru le mercredi 9 décembre 2020). Nous continuerons à le rappeler ! Dès le 2 décembre, l’USTKE a appelé à une grève reconductible dans les secteurs privés interprofessionnels, soit six jours de grève. Une solidarité, qui s’exerce au fil des semaines, sans compter les soutiens indéfectibles des camarades en France (CGT Espace International Asie-Pacifique/ Collectif Soliarité Kanaky/ AISDPK/ La Fédération Mines Energie CGT). Les secteurs miniers, privés où l’USTKE est représentatif, ces secteurs d’activités ont été plus ou moins impactés par ces mouvements de grève de ces derniers jours. Le 11 décembre, les activités professionnelles ont repris son cours normal, cependant notre centrale syndicale reste vigilante sur ce dossier brûlant.
Vendredi 11 décembre – Une cellule de crise a été activée au sein de notre Organisation syndicale. Ces missions principales s’articulent essentiellement sur trois axes : la sécurité de nos adhérents et les employés de Vale NC (un plan d’accompagnement des salariés est à envisager), les questions environnementales et l’avenir de Vale NC. Des plans d’actions seront à mener dans les prochaines semaines, par exemple afin d’anticiper la mise sous cloche de l’usine.