Les responsables de droite se disent satisfaits de « l’implication plus forte de l’Etat » proposée par le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu dans la reprise de l’usine de nickel de Vale. Du côté du FLNKS, Daniel Goa a toutefois qualifié de « petit pas » cette proposition.
L’argument bidon du gouvernement français sur l’affaire Carrefour-Couche Tard :
Le « non courtois mais clair et définitif » du gouvernement « La sécurité alimentaire est stratégique pour notre pays et donc on ne cède pas l’un des grands distributeurs français », a-t-il encore affirmé, ajoutant que « Carrefour est le premier employeur privé de France avec près de 100 000 salariés » et que le groupe « représente près de 20 % de la distribution alimentaire dans notre pays ».
Il était très possible d’imposer les normes sanitaires françaises, comme elles le sont pour toutes les importations mais le pouvoir n’a pas voulu laisser filer une grosse pointure au moment où toute une série d’entreprises délocalisent, restructurent et licencient. Mauvais signal alors que le mot de « réindustrialisation » réapparaît !
Allez Macron-Lemaire encore un effort pour empêcher le rachat des mines de nickel propriétés Kanakes !
Au cours de cette allocution télévisée et radio, M. Lecornu a dit « vouloir tendre une dernière fois la main » pour tenter de trouver une issue à ce dossier explosif, qui a engendré une flambée de violences mi-décembre. « Je suis prêt à discuter d’une implication plus forte de l’Etat dans l’usine du Sud » Et d’ajouter, qu’il doit transmettre « prochainement » aux responsables calédoniens une proposition approfondie. Chantage ?
Il pourrait s’agir, selon des sources proches du dossier, d’une prise de participation au capital, qui s’ajouterait aux 60 milliards CFP (500 millions euros) déjà apportés par l’Etat en prêt, garanties et défiscalisation au plan de reprise.
« Nous ne pouvons que nous en féliciter, nous n’avons cessé de militer en faveur de cette proposition de bon sens. Espérons que l’initiative du gouvernement sera à la hauteur des enjeux parmi lesquels le maintien de 3.000 emplois« , a réagi le député Philippe Gomès (UDI) sur Facebook.
Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) n’a pas encore officiellement réagi. Joint par l’AFP, son porte-parole Daniel Goa a toutefois qualifié de « petit pas » la proposition de Sébastien Lecornu. « C’est loin d’être gagné« , a-t-il ajouté dans l’attente de précisions et d’une concertation avec le collectif « usine du Sud/ usine Pays » et l’Instance coutumière autochtone de négociations (ICAN), fers de lance de la mobilisation contre l’arrivée de Trafigura en Nouvelle-Calédonie. « Nous nous avons demandé que l’Etat prenne les parts de Vale de façon à les rétrocéder plus tard au pays. Ce n’est pas le cas. Il préfère garder Trafigura, qui n’est pas un industriel mais un commerçant. Et le barrage KO2, c’est un risque (…) Ce n’est pas tout de faire des expertises car après, qui est en mesure de préserver ce barrage pour qu’il ne se casse pas la figure. »
L’usine métallurgique de Vale, adossée au riche gisement de Goro, est actuellement à l’arrêt et sous protection de forces de l’ordre, après avoir été prise d’assaut par des travailleurs le 10 décembre, au lendemain de la signature du compromis de vente du site industriel à Prony Resources. Un site qui a été la cible d’une multitude d’exactions. L’industriel a annoncé lundi la mise en chômage partiel de la quasi-totalité des salariés, soit 1.200 personnes.
Eramet, serait une victime collatérale d’un conflit Kanak qui le dépasserait alors que c’est le même produit et la même Kanaky
L’usine de ferronickel SLN (ERAMET) de Doniambo en Nouvelle-Calédonie • ©Alain Jeannin
Alors que le conflit dure déjà depuis plusieurs mois le patronat Eramet a choisi de communiquer, mardi matin à Paris, pour évoquer la situation de sa filiale calédonienne et afin de respecter ses obligations légales et sa politique de transparence. Sans blague ! On croit rêver ! La Bourse de Paris et ses actionnaires ont réagi comme d’habitude la main sur le portefeuille ! Le titre Eramet a perdu jusqu’à 10 %, alors qu’il traversait une période faste.
Alors que le dernier trimestre de l’année 2020 « s’annonçait remarquable » pour La Société Le Nickel, conjuguant réduction des coûts et flambée des cours du métal, tout est remis en cause. Le blocage des centres miniers calédoniens entraîne une lente asphyxie de l’usine de Nouméa. Pour le moment, le nickel de la SLN ne brille plus au soleil. Avant ce 12 janvier, la Bourse de Paris avait ignoré la situation conflictuelle, autour du nickel, en Nouvelle-Calédonie. Eramet était portée par son projet hydro métallurgique avec l’allemand BASF en Indonésie et puis, les cours du nickel étaient si hauts….
Mais, mardi matin le marché parisien a découvert le communiqué du groupe français de la transition énergétique. Un analyste en communication financière résume, à sa façon, un sentiment qu’il estime général et qui fait l’impasse sur le sort de l’Usine du Sud, de ses salariéEs, des emplois induits et de l’avenir de la Kanaky : « Ce que l’on fait subir à la SLN est destructeur et c’est d’autant plus dommage que les investisseurs reconnaissaient les succès remportés par les calédoniens dans le cadre du plan de sauvetage de l’entreprise ».
Bourse de Paris : Le pognon d’abord !
Sur le marché parisien, la cotation boursière c’est à dire la valorisation d’Eramet était en chute de plus de 10 % mardi dans l’après-midi. Et puis, le marché a fini par un peu tempérer son sentiment. Cette destruction de valeur affaiblie aussi la Société de Participation des Provinces Calédoniennes (STCPI) qui détient 4,02 % d’Eramet.
Chute du titre ERAMET à la Bourse de Paris le 12/01/2021 à 15:20 GMT • ©Groupe Eramet
Une nouvelle fois, la plus ancienne usine de nickel au monde est fragilisée. Cette fois, ce n’est pas l’effondrement des cours du nickel qui frappe la SLN comme en 2016, car le nickel a atteint des sommets.
La filiale du groupe français Eramet est l’otage d’un bras de fer politique sur l’épineux dossier de la reprise de l’usine du Sud. « La SLN est empêchée de faire du chiffre d’affaires, du cash, cela rabote les résultats du dernier semestre qui étaient bons » a indiqué un autre analyste, bon connaisseur du groupe français. « Tous les efforts sont presque anéantis, la SLN est le sujet de préoccupation principale de Christel Bories » (la PDG d’ERAMET ndlr) a t-il conclu.
Site minier de la SLN à Tiébaghi en Nouvelle-Calédonie. • ©Eramet
En déficit chronique depuis 2012, bataillant contre une concurrence asiatique à bas coût, la filiale calédonienne d’Eramet a survécu grâce à un prêt de trésorerie de 525 millions d’euros accordé en 2016 par le groupe français et par l’Etat, mais aussi par la mobilisation de ses salariés : Ils ont trinqué ! Depuis le 2 décembre, le premier producteur mondial de ferronickel (2.200 salariés) résiste à la lutte par blocages répétés sur ses sites miniers, dans le cadre des actions de terrain conduites par les opposants à la reprise de la seconde des trois usines du Territoire, l’usine du Sud, du groupe brésilien Vale.
La pression sur la SLN et sur l’Etat (qui détient 26 % d’Eramet ) vise à empêcher la reprise de Vale-NC par un consortium calédonien associant un actionnaire minoritaire, négociant en matières premières, le suisse Trafigura de Genève. La SLN pourrait solliciter ces prochains jours une procédure de conciliation auprès du Tribunal de Commerce de Nouméa. La société calédonienne ne peut exclure, en cas de dégradation de sa situation, l’ouverture d’une procédure collective dans les prochaines semaines et une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.
Le chantage patronal est bien là et le pouvoir macronien à ses côtés !
Cours du nickel au LME
Le 12/01/2021 à 15:50 GMT : LME Nickel : 17.625 dollars/tonne + 2,44 %