Une soixantaine de personnes ont manifesté devant la cathédrale à Orléans pour exprimer leur colère contre la réforme Taquet concernant la petite enfance et l’accueil de ces enfants, notamment dans les crèches. Un mouvement lancé dans toute la France par le collectif « Pas de bébés à la consigne ».
« C’est rare que le secteur petite enfance fasse grève. Mais, là c’est un ras-le-bol général… » Malgré les sourires et la joie de se retrouver pour une cause commune, les manifestants, une soixantaine environ, sur le parvis de la cathédrale à Orléans, tiennent à dénoncer la réforme Taquet. Des ordonnances et des décrets qui devraient arriver d’ici l’été contre lesquels ces professionnels de la petite enfance entendent bien lutter. Pour le bien-être des enfants. « Le personnel est usé : à cause de la dégradation de nos conditions de travail et du taux d’encadrement », lance Fabienne Jacob, représentante déléguée CGT du service petite enfance sur Orléans.
LA RÉFORME IMPOSERA :
• L’accueil de plus de bébés par professionnel·le·s,
• La diminution de la surface d’accueil des enfants,
• La diminution du taux d’encadrement,
• L’accueil en surnombre,
• La déréglementation de l’administration des médicaments,
• La non-reconnaissance de la qualification des agents,
• Le manque d’expérience professionnelle pour les encadrants,
• Un faible niveau de rémunération.
Comment le gouvernement peut-il, avec un mépris non dissimulé, s’obstiner à maintenir, en la période, une réforme aussi régressive ?
Actuellement, une auxiliaire de puériculture s’occupe de cinq enfants (qui ne marchent pas). »La loi souhaiterait passer à six au lieu de cinq. » Pareil avec les enfants qui marchent, qui passeraient d’une auxiliaire pour sept à une pour huit.
« Rien de ce qu’on propose n’est pris en compte »
« Rien de ce qu’on propose n’est pris en compte… », explique Laure Renaux, responsable du multi-accueil « Maison des tout-petits », à Sandillon. « Et pour qu’il n’y ait pas de maltraitance auprès des enfants, il faut qu’il y ait une qualité d’accueil. On ne peut pas demander aux professionnels d’accueillir les enfants en étant en sous-effectif. »
Fabienne Jacob donne un exemple concret : « Si on donne à manger à un enfant, il y en a six ou sept autour de nous. Un doit être changé au fond de la pièce, un autre qui se fait mordre, un autre qui se fait pousser… On fait quoi ? On est toute seule. Et en plus, on veut nous en rajouter ! »
Mais le nombre d’enfants par auxiliaire n’est évidemment pas le seul problème : « Ce qu’il faut mettre en avant, c’est que le gouvernement veut que les apprenties (une grande majorité de femmes travaillent dans ces métiers de la petite enfance, ndlr) fassent partie du personnel », souligne Fabienne Jacob. « Elles ne sont pas formées. Et au niveau sécurité, c’est un peu limite. Les éducatrices, elles, sont considérées dans les effectifs du personnel mais elles sont maintenant dédiées à faire de l’administratif. Au lieu d’être avec nous et nous apporter leurs connaissances. »
La Loi ESSOC, de son nom « pour un Etat au Service d’une Société de Confiance », s’inscrit dans la politique de casse du service public. Elle vise à modifier profondément l’action publique aussi bien pour les usagers, que pour les agent·e·s chargé·e·s de sa mise en ouvre. Son article 50, concerne les structures d’accueil petite enfance. Des ordonnances devraient être publiées avant l’été. Leur contenu est très inquiétant quant à la qualité et aux conditions d’accueil des jeunes enfants. Les conditions de travail des professionnels de la petite enfance en seront directement impactées.
Dernier point, dans les décrets prévus d’ici l’été, la surface d’accueil par enfant devrait passer de 7 m2 à seulement 5,5 m2… « Pour s’épanouir, pour le développement psycho-moteur, il faut de la place ! », conclut Fabienne Jacob. « C’est un ras-le-bol général parce que nous ne sommes pas des pieuvres. On n’a pas huit bras… »
Les professionnels de la petite enfance vent debout contre la réforme Taquet. Photo Alban Gourgousse
Alban Gourgousse La Republique du Centre