En marge de la venue du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, dans le Loiret, ce vendredi, les agriculteurs se mobilisent, et organisent des rassemblements. Le ministre doit évoquer la question de la rémunération des agriculteurs, et la réforme de la politique agricole commune, la PAC.
Une visite sous tension, le monde agricole beauceron étant fortement mobilisé depuis quelques semaines.
Le ministre est attendu à 10 heures, à la préfecture du Loiret où une rencontre est prévue avec les représentants syndicaux des agriculteurs. Une visite était prévue à la laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel, on ignore pour l’instant si elle est maintenue.
Depuis ce matin, des agriculteurs de tout le département ont pris la route, en tracteur. La FDSEA précise qu’ils se mobiliseront, dès 10 heures, ce matin, « d’abord sur les ronds-points jouxtant la laiterie LSDH ». Des agriculteurs loirétains se rendent aussi vers la région parisienne, où une opération escargot a lieu
Ils devraient ensuite se rendre à la chambre d’Agriculture, en fin d’après-midi. Des ralentissements routiers sont par conséquent à prévoir.
Les neuf parlementaires du Loiret unanimes et opportunistes, derrière les agriculteurs opposés à la réforme de la PAC : Elections futures oblige !
Malgré leurs divergences politiques, les trois sénateurs et six députés du Loiret demandent un « rendez-vous en urgence » au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.
Le ministre de l’Agriculture a présenté, vendredi 26 mars, ce que la France souhaite dans la réforme de la Pac (Politique agricole commune). Et ces propositions vont de nouveau diminuer les primes Pac pour les grosses fermes du Centre-Val de Loire, région déjà la moins bien dotée de France, dénonce la FNSEA (fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles).
L’« eco scheme » (dispositif visant à accélérer la conversion en bio) ferait perdre de l’ordre de 80 euros de prime à l’hectare, quelle que soit la culture, selon Patrick Langlois, président de la FNSEA du Loiret. Trois agriculteurs sur quatre ne seraient pas éligibles à cette aide dans notre département. Car, pour ne pas perdre de subventions, il faudrait qu’ils convertissent toutes leurs productions en bio et laissent en jachère 10% de leurs parcelles. Les éleveurs de vaches laitières seraient eux aussi perdants.
Cette baisse de revenus, s’ajouterait à celles qu’ont connues les agriculteurs du Loiret lors des deux précédentes réformes de la Pac. Les exploitants ne peuvent plus le supporter, constate Patrick Langlois, affirmant que le Loiret voit déjà disparaître de nombreuses fermes. « Il y a deux agriculteurs de moins par semaine dans le Loiret », affirme le président de la FNSEA….A voir !
Les parlementaires du Loiret (trois sénateurs et six députés) estiment la situation suffisamment grave pour leur futur politique pour que, malgré leurs divergences politiques (trois appartiennent à la majorité présidentielle), ils ont écrit un courrier commun au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, pour lui demander audience « en urgence ».
PAC : Ecorégimes : une opportunité pour tout le monde paysan : la position de la Confédération Paysanne
Opération escargot à coups de tracteurs, les producteurs de grandes cultures de la FNSEA*, gros bénéficiaires des aides européennes, mettent une pression indécente sur l’exécutif pour que rien de change, tout en clamant hypocritement : « France, veux-tu toujours de tes paysans ». C’est au contraire une PAC* bien mieux répartie qui garantira d’avoir des paysannes et des paysans plus nombreux, seul moyen juste et pérenne de réussir la transition agro-écologique.
Alors que le Ministère va bientôt rendre ses arbitrages sur les grandes lignes du prochain Plan Stratégique national (PSN), déclinaison française de la PAC*, la Confédération paysanne tient à rappeler la responsabilité du gouvernement pour une PAC* ambitieuse, qui puisse aider les paysans et les paysannes à activer le levier de la transition agro-écologique.
Les écorégimes, pensés en remplacement de l’actuel paiement vert ouvert à tous qui a largement montré son inefficacité, doivent être conçus comme un signal et un encouragement aux changements de nos pratiques agricoles.
Parce que nous avons toujours dit que le changement doit être accompagné, les aides du second pilier devront être complémentaires de ces écorégimes. Il faut des mesures agro environnementales et climatiques accessibles à tous les producteurs, partout sur le territoire afin d’opérer ce changement de cap.
Le gouvernement comme les paysannes et paysans doivent se saisir de cette opportunité possible dans la prochaine PAC* pour transformer leurs pratiques, utiliser cette aide publique pour créer plus de valeur ajoutée, de revenu paysan et de rendre nos fermes plus résilientes. A cette condition, nous répondrons à la nécessité de notre souveraineté alimentaire, aux attentes des citoyen.nes et nous donnerons à une nouvelle génération de paysan.nes l’envie de s’installer nombreux.ses, avec l’objectif de mieux produire, pour mieux nourrir et mieux vivre.
Alors qu’une réunion intersyndicale sur le PSN doit se tenir ce 6 avril avec le Ministre de l’agriculture, la Confédération paysanne tiendra une conférence de presse sur ce sujet le 7 avril à 10h.
PAC : oui à des aides qui accompagnent les changements nécessaires, non à celles qui abandonnent les filières en difficulté (Confédération Paysanne)
Alors que les arbitrages du Plan Stratégique National sont en train de se décider, la Confédération paysanne s’inquiète particulièrement des dernières propositions du Ministère de l’agriculture pour le premier pilier de la PAC* et du manque d’ambition global pour soutenir les actifs paysans et la transition agro-écologique.
En premier lieu, le ministère ne semble pas avoir pris la mesure de l’énorme défi du renouvellement des générations : pas de schéma « petit agriculteur », crainte immense de n’avoir toujours pas un paiement redistributif efficace, atermoiements sans fin sur la réalisation complète de la convergence interne.
Ensuite, la Confédération paysanne ne peut accepter la proposition de fusion des enveloppes des aides couplées destinées aux vaches laitières et vaches allaitantes. Cette mesure viendrait achever les éleveurs.euses de bovins allaitants déjà en pleine crise de revenu. Il est inacceptable que les éleveurs.euses payent pour le manque de courage politique des Ministres de l’agriculture successifs d’aller au bout des préconisations des Etats Généraux de l’alimentation sur le partage de la valeur ajoutée. Pour la Confédération paysanne, les aides couplées doivent encourager les élevages à la relocalisation de l’engraissement, à être plus autonomes en protéines, par un soutien aux prairies à base de légumineuses, et à avoir un meilleur impact sur l’environnement grâce à un système de plafonnement des aides.
Quant à la proposition de créer une aide couplée « au maraîchage », c’est un trop maigre premier pas vers la prise en compte des ces productions qui pâtissent de l’économie mondialisée et du contexte de concurrence intra européen. Nous proposons et défendons une aide couplée fruits et légumes frais qui intègre l’arboriculture et exclut les serres chauffées. A l’heure où la France produit moins de 50 % de ses fruits et légumes frais et alors qu’elle promeut la relocalisation, il est urgent de consacrer des fonds à cette filière.
Enfin, le PSN doit donner aux paysan.nes les moyens de la transition agroécologique : un ecosheme avec la certification HVE*, dite haute valeur environnementale, comme pierre angulaire est une impasse, tout comme le refus d’un transfert supplémentaire entre le 1er et le 2d pilier.
Les propositions du Ministère ne sont pas satisfaisantes au regard de la situation économique des filières concernées et des oubliés de la PAC*. Le 1er pilier de la PAC* doit permettre d’avoir des paysannes et paysans nombreux, touchant une meilleure rémunération de leur travail en produisant une alimentation de qualité, accessible à tous et répondant aux défis environnementaux et climatiques.