Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a annoncé ce mardi 6 avril que le pays était en phase finale de négociation avec la Russie pour une livraison du vaccin Spoutnik V.
Ce million de doses de Spoutnik V pourraient être livrées d’ici le mois de juin à l’Autriche. Sebastian Kurz a plusieurs fois expliqué ces dernières semaines qu’il ne fallait avoir aucun tabou géopolitique sur cette question. Il a aussi critiqué l’Agence européenne des médicaments jugée lente et bureaucratique dans son approbation des vaccins. Cette dernière n’a toujours pas donné son feu vert pour Spoutnik V, c’est pourquoi le chancelier n’exclut pas, pour le moment, que l’Autriche approuve seule ce vaccin.
Une annonce qui intervient après plusieurs critiques de Sebastian Kurz contre l’Union européenne sur cette question des vaccins. Le mois dernier, il avait jugé inégale la répartition des doses entre États européens, puis demandé avec quelques autres pays un mécanisme de correction, dont, espérait-il, l’Autriche pourrait profiter. Mais cela n’a pas été le cas.
L’Union européenne s’est récemment penché sur la répartition des 10 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech, qui doivent être livrées au deuxième trimestre. L’Autriche espérait alors récupérer 400 000 doses. Mais une première proposition prévoyait que le pays n’en reçoive que 139 000. Trop peu aux yeux du chancelier qui a refusé de participer à l’effort de solidarité pour les pays les plus en retard. Il a donc finalement obtenu 200 000 doses, soit ce à quoi l’Autriche a droit au prorata de sa population, ni plus, ni moins.
Accusations d’égoïsme et erreur d’achat de vaccins
Face aux accusations d’égoïsme, Sebastian Kurz fait valoir que Vienne a décidé de donner 30 000 de ces doses à la République Tchèque, durement touchée. Mais en Autriche, l’opposition reproche surtout au chancelier de blâmer l’Union européenne pour une erreur faite par son gouvernement.
En effet, selon le quotidien Der Standard, lors de la conclusion des contrats l’an passé, l’Autriche n’aurait pas acheté la totalité de son contingent du vaccin Johnson & Johnson. Elle n’aurait commandé que 2,5 millions de doses sur les 4 millions auxquels elle avait droit. Or ce vaccin devrait commencer à être livré dès la mi-avril en Europe, tandis que les retards de livraisons du vaccin AstraZeneca continuent.
Conséquence : l’Autriche, qui est pour le moment au-dessus de la moyenne européenne concernant la vaccination, pourrait prendre du retard d’ici la fin juin par rapport aux autres États. De quoi alimenter les critiques envers le gouvernement.
Covid: l’UE se divise au sujet de la livraison du vaccin Spoutnik V
Si l’Europe ne commande pas de Spoutnik V, Berlin a prévenu qu’il le fera. AP – Pavel Golovkin
En pleine 3e vague, la tension monte en Occident et l’UE commence à se diviser au sujet de la livraison de vaccins russe et chinois. Pour le commissaire européen Thierry Breton « l’Europe n’a absolument pas besoin du Spoutnik V ». Tout le monde ne l’entend pas de cette oreille : si la Hongrie est aujourd’hui le seul pays de l’UE à l’utiliser, le Premier ministre slovaque a passé commande (et du quitter son poste ce mardi à cause de la polémique engendrée par ce choix). Désormais, c’est l’Autriche qui annonce discuter avec la Russie de l’achat en avril d’un million de doses du vaccin non encore homologué par l’Agence européenne des médicaments.
Il est comme beaucoup de responsables politiques européens depuis longtemps sous la pression de l’opposition et de l’opinion pour une campagne de vaccination jugée trop lente. Jusqu’ici, le chancelier autrichien en était resté à des pourparlers pour l’ouverture d’une usine de production de Spoutnik V, soit sur la même ligne que l’Italie ou l’Allemagne, engagées pour un laboratoire de production du vaccin russe sur leur sol.
Sebastian Kurz avait aussi haussé le ton auprès des 27, critiquant le système européen d’achat en commun et de répartition des doses. Il est désormais le 3e chef de gouvernement de l’UE à s’affranchir de ce système quand la France dit et répète sa méfiance face à ce qu’elle juge être une politique d’influence. Angela Merkel, elle, s’impatiente. En cas d’approbation du vaccin par l’Autorité médicale européenne, la chancelière n’hésitera pas : si l’Europe ne commande pas de Spoutnik V, elle a prévenu que Berlin le fera. Vladimir Poutine lui a fait savoir la semaine dernière qu’il avait reçu une première injection, mais sans dire avec quel vaccin.
La région italienne de Campanie a pour sa part signé un accord en vue de l’achat de ce vaccin, mais l’a conditionné au feu vert de l’EMA. 6,8 millions de Russes ont reçu au moins une des deux injections nécessaires, soit 4,65 % de la population. Seuls 30% des Russes souhaitent aujourd’hui se faire vacciner.
Covid-19: plusieurs pays européens vont produire le vaccin russe Spoutnik V
Il s’agit d’une première dans l’Union européenne : pour accélérer la vaccination, le vaccin russe Spoutnik V, dont l’efficacité est évaluée à près de 92%, sera produit dans certains pays européens. Pour le moment, la France n’en a pas les moyens, car toutes ses capacités de production sont saturées par d’autres vaccins.
L’annonce vient du fonds souverain russe RDIF (Russian Direct Investment Fund) qui a déjà conclu un accord commercial avec un laboratoire suisse. Ce fonds a annoncé avoir signé des contrats pour la production du vaccin Spoutnik V dans des usines en Italie, en Allemagne et en Espagne.
Rome a annoncé, mardi 9 mars, qu’elle commencerait à produire le vaccin russe à partir du mois de juillet. « Dix millions de doses seront produites entre le 1er juillet et le 1er janvier 2022 », annonçait hier la Chambre de commerce italo-russe, précisant qu’il s’agissait du « premier accord au niveau européen pour la production sur le territoire de l’UE du vaccin Spoutnik ».
L’Agence européenne des médicaments (AEM), basée à Amsterdam, a entamé la semaine dernière l’examen de ce nouveau vaccin, développé par l’Institut Gamaleya, en vue d’une éventuelle homologation en Europe. Les autorités russes se sont dit prêtes à fournir des vaccins à 50 millions d’Européens à partir de juin.
Ce processus de validation ne se fait cependant pas sans anicroche, la Russie ayant vivement dénoncé mardi les propos d’une responsable de l’AEM, qui comparait l’autorisation en urgence du vaccin Spoutnik V par certains pays européens à de la « roulette russe ».
La France pas concernée !!!! Reste à la traine !
La France, également sollicitée pour produire ce vaccin, a décliné la proposition. « À court terme, toutes les capacités de production françaises sont saturées par d’autres vaccins », a précisé un responsable du ministère de l’Économie.
À défaut d’avoir trouvé son propre vaccin, la France va produire ceux de Pfizer/BioNTech, de Moderna et de Johnson & Johnson. Ce dernier attend son homologation européenne, laquelle pourrait intervenir cette semaine.