Le gouvernement nous a annoncé la fin du numerus clausus afin de pouvoir former plus de médecins. Une nouvelle fois, il a menti. Alors que tous les indicateurs sont au rouge pour le nombre de médecins dans les années à venir, des milliers de jeunes qui sont inscrits pour la première fois en première année des études de santé vont être jetés comme des malpropres au mois de juin. En effet, pour cette année de transition, des places sont réservées pour les étudiants qui pourront pour la dernière fois redoubler, mais cela se fera au détriment des nouveaux entrants. De fait, près de 90 % des inscrits vont se voir refuser l’entrée en deuxième année. Une des raisons invoquées par les présidents d’université est le manque de moyens pour accueillir plus d’étudiants. Visiblement, le « quoi qu’il en coûte » ne vaut pas pour la formation des futurs médecins. Des associations d’étudiants et de parents d’étudiants se sont créées pour dénoncer ce scandale, mais ils ne rencontrent que peu d’échos. Il faut les soutenir pour obtenir une augmentation substantielle du nombre de places cette année. Cette situation est d’autant plus révoltante que les directions d’hôpitaux sont bien contentes d’avoir des étudiants à disposition pour remplacer le personnel manquant dans les hôpitaux dans cette période de crise. Sans eux, les hôpitaux ne pourraient pas tenir le choc.
Nous en avons assez des effets d’annonce de ce gouvernement qui sont contredits par les faits. Non, le numerus clausus n’a pas été supprimé. Seule une réforme a modifié les modalités de sélection pour l’entrée dans les études de santé, mais le nombre de médecins formés n’augmente pas suffisamment pour répondre au besoin d’une population qui croît et qui vieillit. Monsieur Macron, ce ne sont pas les cabines de téléconsultations que veulent nous vendre les Google et compagnie qui pourront remplacer les professionnels de santé sur le terrain. La technique ne peut servir qu’à améliorer la qualité de la prise en charge des patients, mais rien de pourra jamais remplacer le contact humain et le nécessaire rapport de confiance qui doit s’établir entre le soigné et le soignant.
Docteur Christophe Prudhomme
Praticien hospitalier -SAMU 93
Le laboratoire Servier qui a continué à vendre le Médiator alors qu’il connaissait sa toxicité vient d’être condamné au pénal à une amende de 2,7 millions d’euros.
On ne peut que se féliciter de cette décision mais on peut d’une part regretter le délai bien trop long – plus de 10 ans – pour rendre la justice, d’autre part la faiblesse de l’amende qui montre qu’il est nécessaire de modifier la loi. En effet cette somme est ridicule au regard des bénéfices de cette entreprise qui se montent en 2020 à 280 millions d’euros : moins de 1 %.
Comment espérer rendre dissuasive cette condamnation afin que de tels scandales ne se reproduisent pas. Il s’agit d’un nouvel exemple qui montre qu’il est plus que nécessaire d’obtenir un contrôle public de la fabrication des médicaments qui ne peuvent être des biens marchands comme les autres.
L’objectif d’une entreprise marchande reste bien de maximiser ses profits pour ses actionnaires en utilisant tous les moyens à sa disposition. C’est ainsi que nous avons subi ces dernières années une inflation constante du nombre de médicaments en rupture d’approvisionnement sans que le gouvernement n’exerce aucune sanction contre l’industrie pharmaceutique. Là aussi la recherche du profit maximal est le moteur.
Il s’agit d’éviter le plus possible les stocks de sécurité en fonctionnant à flux tendu, ce qui se traduit par une pénurie immédiate des produits au moindre incident de production. Par ailleurs, les médicaments en rupture sont le plus souvent des produits anciens, devenus très peu rentables, et leur rupture d’approvisionnement permet de faire basculer les prescriptions sur des produits beaucoup plus chers, donc générateurs de meilleurs profits.
Les difficultés de production des vaccins, avec le refus de lever les brevets pour organiser une fabrication massive et rapide du fait de l’urgence de la situation sanitaire mondiale, est un argument supplémentaire pour exiger que les médicaments deviennent des biens essentiels qui ne peuvent être laissés dans les mains du marché.
Il est donc urgent d’exiger la mise ne place d’un pôle public du médicament et plus largement des produits de santé.