Le non-candidat Zemmour parade grâce aux sondages commandités par ceux qui font depuis des mois et des années sa promotion. Cet emballement autour de lui exprime de réelles évolutions des rapports de forces politiques et des choix d’une fraction des classes dominantes. Les Zémouriens-soutiens organisent une réunion à Orléans ce 24 novembre !
Zemmour se fait fort de faire éclater une présidentielle gagnée d’avance par Macron avec Le Pen comme seule opposante crédible. En se présentant comme antisystème et anti-élite, ce nouvel imposteur à la démagogie crasse raciste, sexiste et complotiste veut occuper la place de Marine Le Pen décrochée, prise à son jeu de dédiabolisation, après avoir rêvé de faire l’union des droites.
L’effondrement de la gauche a libéré les forces de la droite extrême et de l’extrême l’extrême-droite prêtes à la fusion dont Marine Le Pen a échoué à être l’axe. Macron reste maître du jeu dans le bloc réactionnaire et autoritaire, avec son zélé ministre de l’intérieur Darmanin sans cesse en défense de sa police en niant y compris les évidences dénoncées par Philippe Poutou.
Macron a été la première réponse trouvée par l’establishment politique à sa crise globale, réponse dont la solide béquille était Le Pen, épouvantail captant une partie du mécontentement populaire, mais dont l’arrivée au pouvoir était impossible tant le clan Le Pen était rejeté par la droite de ce pays.
La créature de Bolloré and Co…
Pour le moment Zemmour n’a pas reçu le soutien d’un puissant réseau de banquiers d’affaires comme Macron en avait bénéficié. Mais Zemmour n’est pas pour autant un simple produit des salles de rédaction. Il est celui du potentat des médias, Bolloré, et de ses amis, un choix très politique.
C’est d’ailleurs Interforum, filiale du géant de l’édition Editis, propriété du groupe Vivendi
contrôlé par Vincent Bolloré, qui diffuse son livre de campagne. Autour de lui, si on en croit la presse, une galaxie d’hommes d’affaires sont disposés à le financer dont l’ex-dirigeant de la SNCF et d’Elf-Aquitaine sous Mitterrand Loïk Le Floch-Prigent, ou Paul-Marie Coûteaux, directeur du magazine Nouveau Conservateur, ancien proche de Marine Le Pen, ou encore Nicolas Tavernost, patron de M6… Une partie du grand patronat n’hésite pas à afficher son soutien, sans parler de la large complaisance dont jouit Zemmour.
Extrêmement droitier au service de la finance…
Son programme économique ultra-libéral et pro-patronal leur est tout entier dédié. Derrière un discours protectionniste et une rhétorique autour de la valeur du travail reprise directement de Sarkozy et qui prétend s’adresser à l’électorat populaire de droite, il y a une liste de cadeaux
au patronat : baisse des impôts de production, baisse des impôts sur les sociétés, réduction des charges sociales, hausse de l’âge de départ à la retraite à 64 ans avec la fin des régimes spéciaux…
Son programme est très proche des autres candidats déclarés à droite, de Macron à Bertrand. Comme ses rivaux-alliés de la droite, Zemmour fait des exigences patronales son credo sans autre objectif que de les servir là où Marine Le Pen a cru pouvoir faire de la démagogie sociale.
Un monstre qui pourrait bien échapper à ses créateurs…
« On a créé un monstre qui est en train de nous échapper », s’inquiétait un journaliste cité par Médiapart. Oui, et le monstre fait des adeptes avec ce culot cynique aveugle qui ne recule devant aucune turpitude, indifférent aux conséquences de ses propos. Car il exprime au grand jour ce qui sommeillait dans les cerveaux malades d’une vieille France réactionnaire qui, après avoir perdu ses colonies, son empire, voit ses propriétés et privilèges menacés par le capitalisme financier mondialisé, sa course à la faillite, la peur de sa propre faillite, du déclassement, la peur du mouvement démocratique qui se développe au coeur de la société, ici et à travers le monde.
Cette peur est le terreau des fantasmes complotistes morbides et racistes que colporte Zemmour, la thèse du « grand remplacement », l’islam et les musulmans décrits comme « une armée d’occupation ».
Son discours est une déclaration de guerre aux classes populaires dans leur ensemble. Il ne s’agit plus seulement pour lui, de limiter et de contrôler l’immigration mais d’une incitation à la violence raciste collective et d’État, une « guerre civile » qui viserait l’ensemble des exploités, des opprimés, ainsi qu’une répression tous azimuts du mouvement ouvrier, démocratique, des mouvements antiracistes, féministes et LGBTIQ, complices de la destruction de la France, de l’Occident, de l’homme blanc, victime de la « féminisation des sociétés »…
Pour l’unité démocratique et révolutionnaire contre la réaction sociale et politique
Répondre aux menaces de la droite extrême et de l’extrême-droite dépend de notre capacité à rassembler les forces qui entendent réellement mener la lutte contre ce système qui engendre des monstres. Mener la lutte non pas sur le terrain de la défense de la France ou de la République, du nationalisme, mais par la méthode de la lutte de classe pour défendre une perspective révolutionnaire, la prise en main de la direction et du contrôle de la société par les producteurs eux-mêmes, par la convergence de leurs luttes.