Insécurité et violences en ligne : les femmes et les personnes marginalisées en sont d’avantage victimes sur Twitter. Comment la plateforme réagit-elle ? Que met-elle en place ? Enquête.
« Donner à chacun le pouvoir de créer et de partager des idées et des informations instantanément et sans entraves ». C’est la promesse de Twitter. Mais dans les faits quand est-il ? La réalité est toute autre : malgré nos nombreuses alertes, les femmes et les groupes marginalisés sont toujours exposés à un risque élevé de violence en ligne.
40 % des femmes qui utilisent la plateforme plus d’une fois par jour disent avoir été victimes d’abus en ligne.
En 2018, nous avons adressé à Twitter 10 recommandations, réparties en quatre catégories pour lutter contre ces violences : transparence, mécanismes de déclaration, procédure d’évaluation des signalements de violations, et paramètres de confidentialité et de sécurité. Sur ces 10 recommandations, Twitter n’en a mise en œuvre qu’une seule.
LUTTE CONTRE LES VIOLENCES: ÇA RAME CHEZ TWITTER
Si Twitter a fait quelques progrès, ils sont insuffisants. En 2020, Twitter avait commencé à appliquer quelques-unes de nos recommandations pour combattre les violences en ligne. Parmi les avancées, le réseau social propose désormais davantage d’informations par le biais de son Centre d’assistance et de ses rapports de transparence. Sa politique en matière de conduite haineuse et de signalement a évolué. S’il s’agit là d’avancées importantes, le problème subsiste.
Lire aussi : Notre précédente enquête sur l’inefficacité de Twitter face aux violences en ligne contre les femmes
DE QUELLES VIOLENCES PARLE-T-ON ?
La violence et les abus à l’encontre des femmes sur les médias sociaux, y compris Twitter, sont nombreux : menaces de violence physique ou sexuelle, harcèlement ciblé, racisme ou encore transphobie. À cela s’ajoute également des violations de la vie privée telles que le doxing. Cette pratique vise à télécharger des informations d’identification privées ou à partager des images sexuelles ou intimes d’une femme sans son consentement.
Nous avons interrogé des femmes victimes de ces violences en leur demandant pourquoi elles n’avaient pas souhaité signaler ces agressions. 100 % de ces femmes ont répondu que cela « n’en vaut pas la peine ». Cela ne fait que confirmer que les signalements ne sont pas suivis de sanction sur la plateforme.
Exemple de cyberharcèlement dont ont été victimes certaines femmes que nous avons interrogées lors d’une précédente enquête.
TWITTER DOIT AGIR CONCRÈTEMENT
Notre monde est devenu de plus en plus dépendant aux espaces numériques dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Il est crucial que Twitter se montre à la hauteur en améliorant les expériences en ligne de toutes les personnes qui l’utilisent, quelle que soit leur identité. Cela passe par le fait d’adopter des mesures concrètes contre les violations des droits humains. En tant qu’entreprise, le réseau social en a la responsabilité et l’obligation morale.