Dimanche12 décembre, le New York Times a publié un article détaillé relatant le meurtre de masse systématique, depuis des années, de civils par les États-Unis en Irak et en Syrie, perpétré par un escadron de la mort appelé Talon Anvil.
Drone américain MQ-9 Reaper (Crédit image: U.S. Air Force/Paul Ridgeway public domain)
Cette unité a dirigé des frappes aériennes et des missiles tirés par des drones sur des foules et des immeubles d’habitation, «tuant des personnes qui n’avaient aucun rôle dans le conflit: des agriculteurs qui essaient de récolter, des enfants dans la rue, des familles qui fuient les combats et des villageois s’abritant dans des bâtiments».
Trois incidents en particulier sont relatés par le Times à titre d’exemple:
Les analystes qui ont regardé les images des frappes de drones et de missiles ont commencé à contester les affirmations de Talon Anvil, comme celle qualifiant de «combattants de Daech» des corps qui étaient clairement ceux d’enfants. En réaction, comme les flics américains qui éteignent leurs caméras corporelles avant de tirer sur quelqu’un ou de le frapper, les opérateurs de Talon Anvil «ont commencé à détourner de leurs cibles les caméras des drones peu avant une frappe, empêchant ainsi la collecte de preuves vidéo», a déclaré un ancien officier au Times.
Talon Anvil a également qualifié d’«autodéfense » de plus en plus de frappes, ce qui ne nécessitait pas de justification fondée sur le renseignement, contrairement aux opérations offensives, qui en nécessitaient une.
Talon Anvil était le nom d’une unité de la Delta Force au sein de la «Force opérationnelle 9» qui a coordonné les opérations militaires américaines contre les forces de l’État islamique (Daech) en Irak et en Syrie, de 2014 à 2019. Le Times avait dévoilé les actions de la «Force opérationnelle 9» dans un précédent reportage en première page, le mois dernier. Celui-ci comprenait les détails d’une frappe aérienne sur la ville de Baghuz au cours de laquelle au moins 80 femmes et enfants ont été incinérés par des bombes de 500 et de 2.000 livres (907 kilos).
Ce récit fournit tellement de preuves du massacre délibéré de civils qu’il mérite d’être comparé à certains des crimes de guerre les plus notoires du XXe siècle.
Le Times prétend que ce sont des agents «voyous» ou de niveau subalterne qui ont perpétré ces meurtres, mais le fait est que la promotion systématique des escadrons de la mort des «forces spéciales» a été un aspect central des présidences d’Obama et de Trump. Les deux présidents les considéraient comme nécessaires pour atteindre les objectifs de guerre des États-Unis.
L’article du Times affirme que l’un des facteurs pour la multiplication des cadavres de civils a été la décision du commandant américain de la guerre anti-Daech de permettre aux officiers de rang inférieurs d’ordonner des frappes, sans remonter toute la chaîne de commandement. Cela atteignit un point où c’était «l’opérateur Delta le plus anciennement enrôlé présent dans la salle de frappe qui pouvait donner le feu vert. Il s’agissait généralement d’un sergent de première classe ou d’un sergent-chef» .
De tels récits sont peut-être un effort d’officiers supérieurs pour rejeter la responsabilité des massacres sur des personnes de rang inférieur ou sur des individus «véreux» dans les rangs, mais cette recherche de boucs émissaires est bien vaine. L’ensemble de l’opération fut menée au service d’une politique décidée aux plus hauts échelons du gouvernement américain. Le gouvernement Obama a répondu à la crise soudaine du régime fantoche irakien dont les troupes ont fui devant une offensive de Daech et ont abandonné Mossoul, la deuxième ville d’Irak, en envoyant d’urgence troupes, avions de guerre et agents des forces spéciales dans la région.
Il est bien connu qu’Obama participait à des réunions hebdomadaires à la Maison-Blanche où son équipe de lutte contre le terrorisme, dirigée par John Brennan — devenu ensuite directeur de la CIA — lui présentait pour approbation des listes de cibles pour des frappes de missiles par drones. Ces «mardis de terreur», comme on les appelait, ont déclenché des attaques telles que le meurtre d’Anwar al-Awlaki, Américain d’origine yéménite devenu prédicateur intégriste, qui fut tué au Yemen par un missile de drone américain.
Il convient de souligner que le lieu principal des crimes détaillés dans le récit du Times était la Syrie. Le gouvernement et les médias américains ont mené une campagne de dix ans pour diaboliser le président syrien Bachar Assad et le faire passer pour le nouvel Hitler, un effort que la pseudo-gauche internationale a soutenu, Ces organisations ont soutenu les groupes fondamentalistes islamiques soutenus par les États-Unis dans la guerre contre Assad, tout en gardant le silence sur les atrocités que ces forces et l’armée américaine ont commises contre le peuple syrien.
Quand au comble de l’hypocrisie, le Times y suffit à lui seul. Ses pages d’actualité détaillent les atrocités commises par le gouvernement américain en Syrie. Mais il y a plus de dix ans, Julian Assange et WikiLeaks ont rendu publics les journaux de guerre de l’Irak et de l’Afghanistan, des rapports internes de l’armée américaine documentant d’innombrables cas de meurtres de civils par cette armée, dont l’obsédante vidéo «Collateral Murder» qui montre un hélicoptère de combat Apache en train de massacrer une douzaine de personnes en Irak, dont deux journalistes de Reuters.
Le Times ne dit pourtant pas un mot pour défendre Assange, qui est en danger imminent d’extradition vers les États-Unis pour y être «jugé», emprisonné et possiblement exécuté par le gouvernement même responsable des crimes détaillés par le Times.
Les deux longs articles du Times fournissent des preuves irréfutables des crimes de guerre américains. Les principaux criminels de guerre américains sont bien connus: Barack Obama, Donald Trump, George W. Bush, Joseph Biden, Richard Cheney, Mike Pence, John Brennan, Donald Rumsfeld, Leon Panetta, Condoleezza Rice, pour ne citer que les responsables civils ayant la plus haute responsabilité de commandement. Un futur tribunal de Nuremberg se consacrant à démasquer les crimes de guerre commis au Moyen-Orient et en Asie centrale les mettrait tous au banc des accusés.