Communiqué du NPA
Le pouvoir algérien vient d’ordonner la suspension des activités du Parti socialiste des travailleurs (PST), ainsi que la fermeture de ses locaux. Ses membres sont désormais en danger d’arrestation dans une Algérie où des militantEs, des journalistes et des manifestantEs sont régulièrement emprisonnés.
Le PST agit depuis plus de 30 ans pour la défense des droits des classes populaires, des travailleurEs, des femmes, de la jeunesse. Il dénonce avec acharnement l’impérialisme, notamment l’impérialisme français en Algérie et conteste le pouvoir, ce qui l’a notamment mené à être une des forces les plus constantes dans la construction du Hirak qui a mené à la destitution de Bouteflika et, depuis, à continuer à construire la mobilisation populaire et les mobilisations ouvrières dans une perspective anticapitaliste.
Le NPA et son candidat Philippe Poutou condamnent la répression contre le PST, nouvelle atteinte au multipartisme et aux libertés démocratiques en Algérie, quelques jours après la condamnation à deux ans de prison de Fethi Ghares, coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS). Nous appelons toutes les organisations du mouvement ouvrier à s’opposer à l’étouffement des libertés démocratiques en Algérie, et à refuser toute répression par le régime en place contre les militantEs qui le contestent et construisent les mobilisations.
Le Conseil d’État a décidé de geler les activités du Parti socialiste des travailleurs (PST). Rendue publique jeudi, cette décision est une réponse à une requête du ministère de l’Intérieur visant à sanctionner cette formation politique.
Contacté hier, le secrétaire général du PST assure ne pas avoir compris les motivations du Conseil d’État. “Nous savons juste que le Conseil d’État a décidé de geler les activités de notre parti et de mettre les scellés à nos locaux ‘temporairement’. Mais aucune échéance n’a été précisée”, a indiqué Mahmoud Rachidi. Ce dernier indique que les responsables du parti vont se rapprocher de la justice dès la semaine prochaine pour comprendre les motivations d’une telle décision. Selon des juristes, l’arrêt du Conseil d’État prendra quelques semaines avant d’être connu dans le détail.
Légalement, Mahmoud Rachidi rappelle que sa formation politique était irréprochable. “Le ministère de l’Intérieur nous avait enjoint de nous conformer à la loi en tenant un congrès. C’est ce que nous avons fait. Mais l’administration n’a pas voulu tenir compte de notre réunion”, déplore-t-il. Pour lui, “en réalité”, les raisons de cette décision du Conseil d’État “sont ailleurs”. “Cette décision est politique. C’est le signe de l’accentuation de la répression contre plusieurs partis politiques de l’opposition”, a-t-il dénoncé. Il a cité d’autres exemples de formations politiques qui subissent la pression des autorités. Parmi elles figure le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) dont le président est sous contrôle judiciaire.
Il a également cité l’Union pour le changement et le progrès (UCP) qui a gagné une première manche contre le ministère de l’Intérieur, puisque le Conseil d’État a trouvé que les raisons d’un gel des activités du parti de Zoubida Assoul n’étaient pas réunies. Mais il reste encore une autre requête sur le fond dans laquelle la haute juridiction administrative devra se prononcer sur une possible dissolution de ce parti. Malgré cette décision, Mahmoud Rachidi a assuré que son parti ne baisse pas les bras. “Nous sommes des militants de terrain, pas forcément d’un agrément”, a-t-il avancé tout en liant cette décision à l’activisme de son parti au sein du Pacte pour une alternative démocratique (PAD).
Pour lui, le pouvoir cible “les partis qui appellent à une transition démocratique”. Cette décision du Conseil d’État a fait réagir les partis politiques. Ainsi, le Parti des travailleurs (PT) a considéré cet arrêté du Conseil d’État de “précédent grave” et d’une “atteinte aux libertés démocratiques et au multipartisme”. Pour le RCD, qui exprime sa solidarité avec le PST, ce qui s’est passé “n’est autre qu’une remise en cause du pluralisme et de l’exercice politiques, des acquis chèrement arrachés”.
Ali Boukhlef