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Burkina Faso, deux manifestations interdites à Ouagadougou et une attaque contre les français.

Les rassemblements, l’un contre les violences et l’autre en soutien au Mali, n’ont pas été autorisés pour des « raisons de sécurité » a précisé la mairie de la capitale.

Deux manifestations prévues samedi 22 janvier au Burkina Faso, l’une en soutien au Mali, l’autre contre l’insécurité dans ce pays frappé par les violences djihadistes, ont été interdites jeudi par la mairie de Ouagadougou, où un précédent rassemblement interdit en novembre 2021 avait donné lieu à des violences.

La manifestation contre « l’incapacité » du pouvoir à empêcher les attaques djihadistes, à l’appel du mouvement de la société civile Sauvons le Burkina, a été interdite pour des « raisons de sécurité », indique dans un courrier le secrétaire général de la mairie de Ouagadougou, Christian Charles Rouamba.

Sauvons le Burkina avait été à l’origine, le 27 novembre 2021, d’une précédente manifestation, également interdite, qui avait fait une dizaine de blessés dans des heurts entre manifestants et forces de l’ordre.

Une autre manifestation en soutien au Mali visé par des sanctions renforcées de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a également été interdite pour des raisons de sécurité.

Plus de 2 000 morts depuis 2015

Deux des responsables de la Coalition des patriotes africains-Burkina Faso (Copa-BF) qui avait appelé à cette manifestation ont été placés en garde à vue jeudi, selon ce mouvement.

Un dispositif sécuritaire était en train de se mettre en place, jeudi à Ouagadougou, au cas où ces interdictions ne seraient pas respectées, et l’accès au réseau social Facebook est restreint depuis plusieurs jours, a constaté un journaliste de l’AFP.

« On vous avait informé (…) que, pour des raisons de sécurité et d’autres préoccupations d’intérêt national, le gouvernement est en droit d’opérer des régulations », a, sans plus de précisions, déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement, Alkassoum Maïga, au sujet de cette restriction d’accès à Facebook. « L’intérêt national doit être au-dessus de nos intérêts particuliers », a-t-il ajouté. Avant la manifestation de novembre, Internet mobile avait été coupé pendant plusieurs jours.

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés djihadistes, affiliés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l’est du pays. Parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires, elles ont fait depuis six ans plus de 2 000 morts et contraint 1,5 million de personnes à fuir leur foyer.

Une attaque inédite à l’engin explosif blesse quatre soldats français au Burkina Faso

L’événement intervient dans un contexte de renforcement de la coopération entre Paris et Ouagadougou pour lutter contre la menace djihadiste dans ce pays du Sahel.

Par Sophie Douce(Ouagadougou, correspondance) et Elise Vincent

Il s’agit de la première attaque du genre au Burkina Faso. Mardi 18 janvier, quatre soldats français ont été blessés, dont un grièvement, dans l’explosion d’un engin explosif improvisé (IED) à la sortie de l’aérodrome de Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso, près de la frontière malienne.

« Le véhicule tout-terrain a explosé sur un IED », a indiqué l’état-major des armées à l’AFP, précisant que le groupe était « en mission de reconnaissance ». Selon nos informations, les soldats étaient venus vérifier « l’état d’un dépôt logistique » appartenant à l’armée française, à la suite d’une attaque terroriste contre l’aérodrome le 13 janvier. Plusieurs bâtiments avaient été saccagés à la dynamite et un des conteneurs français ouvert par les assaillants. « Il ne renfermait que du ravitaillement et de la logistique, rien de sensible », assure une source française, sans préciser ce qui a été emporté par les djihadistes.

Selon une source proche du dossier, deux des blessés ont déjà été rapatriés en France, tandis que les deux autres devaient arriver à Paris mercredi soir. Ces blessés sont les premiers depuis la mort de deux membres du commando Hubert, Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, tués en mai 2019 dans le nord du Burkina Faso, lors d’une opération de libération de plusieurs otages, dont deux Français, enlevés au Bénin quelques jours plus tôt.

Renforcement de la coopération

Officiellement, l’état-major des armées a présenté les blessés comme étant des membres « d’une unité de “Barkhane” », déployée au Mali voisin depuis 2014. Le Burkina Faso héberge toutefois depuis longtemps la « Task Force Sabre », une unité de forces spéciales françaises basée dans la périphérie de Ouagadougou, la capitale, et qui intervient régulièrement en appui des soldats de « Barkhane ». Mais l’état-major ne communique jamais sur leurs actions. Selon nos informations, le dépôt logistique à l’aérodrome de Ouahigouya était utilisé par les deux forces.

L’attaque intervientdans un contexte plus large de renforcement de la coopération militaire française avec l’armée burkinabée, jusqu’ici relativement limitée, contrairement par exemple au Niger voisin. Le 13 décembre, quelque temps après le blocage, pendant près d’une semaine, d’un convoi logistique de « Barkhane » par des manifestants opposés à la présence française au Sahel, le président Roch Marc Christian Kaboré et l’ambassadeur de France au Burkina Faso avaient discuté de ce nouveau cadre destiné à assurer « plus d’efficacité de la réponse militaire face au terrorisme ».

Depuis six ans, les militaires burkinabés peinent à enrayer les attaques djihadistes qui ont fait plus de 2 000 morts dans le pays et forcé plus de 1,5 million de personnes à fuir leur foyer. « L’idée est d’aider les forces nationales à préparer et à monter les opérations, notamment en matière de renseignement, de planification, et en fournissant un appui aérien », confie une source française au Monde. Les contours de cette nouvelle coopération, qui s’inscrit dans la logique de réorganisation de l’opération « Barkhane », demeurent toutefois relativement flous et peu de communication a été faite sur le sujet.

L’étau djihadiste se resserre

Au Burkina Faso, où de plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer la politique française au Sahel depuis l’épisode inédit du blocage du convoi, plusieurs organisations ont lancé un appel à manifester samedi 22 janvier dans la capitale, « en soutien au peuple malien » contre les sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), visant la junte militaire au pouvoir.

Pour les autorités burkinabées, qui tentent de calmer la gronde des casernes et la colère populaire face à l’engrenage des violences, le pari d’une coopération renforcée peut sembler risqué. Le 11 janvier, une dizaine de militaires burkinabés et cinq civils ont été arrêtés et accusés de fomenter un coup d’Etat contre M. Kaboré.

Mais sur le terrain, l’étau djihadiste se resserre. Et l’attaque de l’aérodrome de Ouahigouya a encore aggravé l’angoisse des habitants et des humanitaires, qui ont de plus en plus de difficultés à accéder à la zone par la route, à cause de la menace des embuscades et des mines artisanales. « C’est un désastre. L’administration a fui, la population est livrée à elle-même, elle manque de tout et ne peut plus cultiver », souffle un maire de la région, sous couvert de l’anonymat, s’inquiétant d’un risque de « famine ».

Sophie Douce(Ouagadougou, correspondance) et Elise Vincent

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